Le nombre SO 2O121 ne signifie pas grand-chose pour les profanes. Mais, pour les professionnels, c’est un précieux sésame. Lancée à l’occasion des Jeux olympiques de Londres en 2012, cette norme internationale, propre au secteur du tourisme d’affaires, propose une sorte de mode d’emploi pour organiser un événement durable et responsable à travers une démarche continue passant par des recommandations et pistes d’amélioration. Elle était à l’époque précurseur. Douze ans plus tard, et même si elle n’est pas la seule, elle s’est imposée comme une référence. Selon l’Union française des métiers de l’événement (Unimev), 712 établissements arboraient la certification ISO 20121 dans le monde en 2023, dont 487 en France. Dans l’Hexagone, quatre palais des congrès et parcs des expositions sur dix seraient labellisés ou en phase de l’être. Une remise à niveau de la norme était toutefois nécessaire. D’abord, parce les attentes et pratiques des citoyens et des entreprises en matière de développement durable ont changé. Ensuite, pour répondre aux nouvelles exigences environnementales, notamment de l’Europe qui s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2040, et de la France qui ambitionne de devenir la première destination du tourisme durable en 2030. C’est chose faite avec une nouvelle version – copilotée par la France et l’Unimev – qui a été lancée à l’occasion des JO de Paris, avec l’ambition qu’elle gagne encore en légitimité et s’impose à tous les acteurs de la filière, du palais des congrès au traiteur. Pour aider chaque professionnel à franchir le pas, quels que soient sa taille et son secteur d’activité, le cabinet Green Evénements distille ses conseils sur la mise en place d’une démarche RSE.
Par-delà la norme ISO 20121, d’autres certifications se généralisent depuis quelques années dans le secteur du tourisme d’affaires, comme le label Destination Innovante Durable. Initié par l’organisme France Congrès et Événements, soutenu par l’Ademe et délivré par Bureau Veritas Certification, il reconnaît l’engagement d’une collectivité pour un tourisme et des manifestations écoresponsables. Son référentiel englobe 26 actions opérationnelles, de la gouvernance transparente à la sécurité, de la mise en valeur du patrimoine à la lutte contre le gaspillage, avec l’objectif de mieux accueillir les visiteurs, tout en respectant l’environnement, la culture locale et les habitants. Rennes, Deauville, Biarritz, Bordeaux, Marseille, La Baule, Nancy, Metz, Nantes, Cannes, Tours, Troyes, Angers, la Métropole de Lille et La Rochelle sont aujourd’hui labellisées et d’autres villes rejoindront prochainement le réseau.
Des clients plus exigeants
Avec ou sans norme, impossible aujourd’hui pour les collectivités comme les professionnels de ne pas avoir une vraie démarche sociale et environnementale. Car, si le tourisme d’affaires n’a pas plus d’obligations que les autres industries, il a une responsabilité particulière du fait de certains facteurs propres à son métier, comme le transport ou l’aspect éphémère d’une opération… Par ailleurs, le congrès et le séminaire constituent des moments de cristallisation de l’attention, où les participants sont plus réceptifs. Ce sont des moments propices pour remettre en question les usages, réfléchir à comment les optimiser. Il y a d’autant plus urgence que les clients (entreprises, associations…) sont de plus en plus nombreux à intégrer des paramètres RSE dans leurs appels d’offres. Les acteurs de l’événementiel qui ne s’engagent pas sur ce chemin prennent le risque d’être exclus du marché…
Les parcs des expositions et palais des congrès tracent la voie. Depuis déjà plusieurs années, ils investissent massivement en interne, avec des équipements HQE (haute qualité environnementale) pour les dernières réalisations sorties de terre et d’importants travaux de mise à niveau pour les autres : utilisation de matériaux biosourcés pour les extensions, mise en place de solutions pour limiter les dépenses énergétiques (installation d’éclairage LED, contrôle de l’usage du chauffage et de la climatisation, réducteur de débit d’eau…). La démarche va beaucoup plus loin pour de nombreuses structures, à travers la sélection de sous-traitants – par exemple les traiteurs ou les concepteurs de stands – qui ont, eux même, une approche durable, l’approvisionnement en circuit court pour la restauration ou encore la lutte contre le gaspillage alimentaire à travers la distribution des surplus à des associations.
Parmi les nombreux acteurs fortement engagés, la Cité des Congrès de Nantes figure en pointe depuis vingt ans en accompagnant les entreprises dans l’organisation d’événements plus responsables. Elle s’appuie sur dix engagements, comme l’encouragement aux mobilités douces pour rejoindre le site ou une attention particulière à la réduction des déchets liés à un événement. Cet engagement fort lui vaut d’être l’unique palais des congrès français (parmi une trentaine au monde) à avoir obtenu l’AIPC (Association internationale des palais des congrès) Quality Standards, niveau « Or ». Autre acteur fortement impliqué, Lille Grand Palais se démarque par une électricité 100 % décarbonée, des partenariats solidaires ou encore une charte de la diversité.
Face à des clients de plus en plus sensibles au bilan carbone d’un événement, le défi des palais des congrès et parcs des expositions est également de pouvoir mesurer leur empreinte et in fine de la réduire. La démarche est complexe, car des dizaines d’acteurs peuvent intervenir, du transport à la restauration. En avril dernier, Choose Paris Region (l’office de tourisme de l’Île-de-France) et l’Unimev ont dévoilé un nouvel outil baptisé Cleo Carbone, développé avec la plateforme spécialisée Kabaun. Destiné à tous les professionnels de l’événementiel (le gestionnaire d’équipements GL Events, Destination Nancy ou le Centre international de congrès de Deauville l’ont déjà adopté), il est proposé à un prix variable, selon le chiffre d’affaires de chacun, et devrait contribuer à rendre les acteurs de la filière toujours plus vertueux.