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Complément de retraite, il n’est pas trop tard !

Si le système de retraite complémentaire, rescapé de l’opération de sauvetage d’octobre 2015*, ne permettra plus aux retraités et futurs retraités de jouir d’une pension suffisante, le principe d’un complément de retraite par d’autres voies n’est plus une option. Encore faut-il s’y prendre à temps. Le point de vue de Didier Clareboudt, directeur Épargne-Retraite pour le Groupe Verspieren.

 

Longtemps synonymes de pensions de retraite confortable, l’Agirc et l’Arrco voyaient ces dernières années leurs trésoreries fondre comme neige au soleil. En 2014, l’Agirc affichait un résultat net global de -1,985 milliard d’euros, pour des réserves évaluées à 6,7 milliards. Sans changement de logiciel, les réserves étaient épuisées en 2018.

 

Un système à bout de souffle

La même année, l’Arrco affichait un résultat net global de -1,153 milliard d’euros pour des réserves évaluées à 55,7 milliards. Là aussi, l’épuisement des réserves était inéluctable, à échéance 2025. Or, ni l’un ni l’autre ne peuvent s’endetter. Le système était à bout de souffle. C’est pourquoi l’accord du 31 octobre a consisté à jouer de tous les leviers possibles pour reculer l’échéance le plus loin.

 

Des mesures lourdes de conséquences

La principale mesure, la plus commentée, a été la réduction de 10 % du montant des pensions versées, pendant les trois premières années d’une retraite prise au taux plein de la Sécurité sociale. Relativement indolore, cette mesure en masque d’autres, plus subtiles et lourdes de conséquences. Dès cette année, les pensions des actuels retraités souffrent d’une moindre revalorisation, laquelle se trouve par ailleurs retardée d’un mois. Parallèlement, les salariés voient le taux de rendement de leur cotisation baisser sensiblement (6 %), et leur salaire de référence augmenter davantage que la valeur de service du point,  autrement dit, à cotisation égale, ils cumulent moins de points. Sur une carrière de plusieurs décennies, au final, la perte sera lourde… On peut ajouter à cela l’augmentation du taux d’appel dès 2019, année de la fusion programmée des deux systèmes, ou encore une hausse de 0,56 point de la part salariale dans les cotisations. En tout, une dizaine de points viennent, par petites touches, grignoter le “capital retraite” des cadres actuellement en poste. Disons les choses plus clairement : un cadre partant aujourd’hui à la retraite, à taux plein, peut espérer percevoir 50 % de son salaire de référence. Demain, il n’en touchera que 40 %, au mieux… tous les calculs reposant sur les prévisions économiques du Conseil d’orientation des retraites (COR), traditionnellement optimiste.

 

Tout se joue dès 30 ans

Quelles alternatives s’offrent alors aux cadres en activité pour anticiper leur retraite ? Une première évidence est de s’assurer d’être alors pleinement propriétaire de son logement principal. Faire face à un crédit, ou à des loyers en tant que locataire, ne sera pas tenable. Sur la base d’un crédit immobilier contracté tôt, et étalé sur presque trois décennies, cela signifie accéder à la propriété dès 30 ans. Une autre piste, non exclusive de la première, consiste à mettre en place des mécanismes compensatoires afin d’équilibrer la perte de revenu. Les DRH ont alors un véritable rôle de pédagogie à jouer auprès des dirigeants  comme des salariés pour que soient souscrits dans l’entreprise des dispositifs de retraite collective. Si le salarié ne bénéficie pas d’une telle solution, il peut toujours contracter individuellement un PERP. Ce dispositif de retraite individuelle permet de se constituer une pension complémentaire tout en bénéficiant d’une déduction fiscale limitée à 10 % du revenu net imposable. L’épargne ainsi constituée, majorée des rendements financiers, permet de compenser la perte programmée du montant des pensions. Enfin, dans tous les cas et pour tenir compte de la situation particulière de chacun, il est recommandé de se tourner vers un expert pour établir un bilan de carrière et déterminer les meilleurs leviers à actionner pour s’assurer la meilleure retraite possible.

 

*L’accord national interprofessionnel signé le 30 octobre 2015 par les partenaires sociaux gestionnaires des régimes de retraite complémentaire Agirc et Arrco avait pour but d’assurer la­ pérennité de la retraite complémentaire.

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