Courrier cadres a interrogé Henri de La Roque, directeur général de Fyte, pour savoir comment son cabinet de recrutement avait perçu cette première semaine de confinement économique.
Quel regard portez-vous sur ces débuts de gestion de crise en matière RH ?
Il est encore trop tôt pour vous répondre. Mais deux mondes sont aujourd’hui en opposition. Les entreprises très digitalisées qui maintiendront leur recrutement et pour lesquelles la rencontre physique avec le candidat n’est pas indispensable. Et les autres… Un développeur Python [langage de programmation open source] est d’ores et déjà capable de travailler de chez lui. C’est évident. Ce n’est pas cela qui m’inquiète mais bien plus toute l’activité retail à l’arrêt. Ce que je peux vous dire également, c’est que nos clients avaient, la semaine dernière des problématiques RH exclusivement articulées autour du chômage technique, du temps partiel et de la gestion de crise. Depuis ce matin, nous pouvons recommencer à leur parler recrutement. De même, tous les candidats qui ont reçu une proposition d’embauche sont maintenus à leur poste. La grande inconnue reste leur future date d’intégration dans l’entreprise.
A LIRE AUSSI : Coronavirus : le confinement, “une opportunité pour un recrutement qualitatif”
Comment votre activité de chasseur de tête s’organise-t-elle dans cette parenthèse professionnelle ?
Nous avons, chacun étant confiné chez soi, beaucoup plus de temps à accorder aux candidats, eux aussi bien calfeutrés dans leur maison. Ils ont également, de leurs côtés, plus de temps pour nous parler ou pour évoquer leur carrière. Nous sommes résolument dans une démarche plus qualitative. Les candidats sont chez eux sans problématique de confidentialité. Sans contrainte d’open space. Ils ont largement le temps de réaliser nos tests techniques ou de personnalité. C’est une période qui nous permet également de nous concentrer sur le ‘sourcing’ des futurs candidats. Si le marché était jusque-là dans une tendance ‘booming’, il s’est effectivement mis entre parenthèse. Nous pouvons nous recontacter dans une semaine pour réactualiser ces informations. D’ici là, les lignes auront encore bougé !
A LIRE AUSSI : Coronavirus : “pendant la crise, les RH restent sur le pont”
Il semblerait que le travail temporaire risque de souffrir de cette période ?
Le travail temporaire souffre énormément du confinement, confirmé par Prism’emploi, la fédération patronale de l’intérim, qui évoque une très forte répercussion de la crise sanitaire du coronavirus sur le secteur. En effet, les entreprises utilisatrices se doivent d’adapter les mêmes règles à leurs collaborateurs qu’à leurs personnels intérimaires. Accueillir un collaborateur pour une mission de travail temporaire de courte durée en télétravail est très compliqué sans compter son étape de formation. On parle pour les mois à venir de moins 60 % d’activité.