Une étude de Malakoff Humanis décrypte l’impact de la crise du coronavirus sur la santé des salariés. Fragilités accentuées, risques psychosociaux multipliés : le constat n’est guère positif. Pour autant, les salariés saluent la mobilisation des entreprises et attendent d’elles qu’elles “intègrent durablement” la prévention et la santé dans leurs stratégies.
Alors que les partenaires sociaux finalisent des concertations sur la réforme du système de santé au travail, prévue pour fin 2020, le Comptoir de la nouvelle entreprise de Malakoff Humanis a publié ce mardi 13 octobre une étude portant sur l’impact de la crise du Covid-19 sur la santé des salariés.
Premier constat : 12 % des salariés indiquent que leur santé s’est dégradée depuis le début du confinement, et 45 % déclarent se sentir “plus fatigués physiquement” et psychologiquement qu’avant la crise.
Un travail plus intense et un isolement plus fort
L’étude nous apprend que l’intensité du travail, l’insécurité de la situation professionnelle et la mauvaise qualité des rapports sociaux, “trois grands facteurs de risques psycho-sociaux”, se sont dégradés depuis le début de la crise du coronavirus.
“33 % des salariés estiment que leur travail est plus intense depuis mars, 22 % ont subi une surcharge de travail, 23 % pensent qu’il empiète davantage sur leur vie personnelle, 14 % déclarent subir plus de tensions au travail, et 20 % disent avoir plus peur de perdre leur emploi qu’avant”, explique Malakoff Humanis.
Selon le groupe de protection sociale, ces risques psycho-sociaux “pourraient croître” dans les mois qui viennent.
A noter que l’isolement professionnel a été “ressenti plus fortement” pendant la crise par 18 % des salariés. Un sentiment qui concerne davantage ceux qui se sont retrouvés en télétravail à 100 %, les personnes qui ont alterné chômage partiel et télétravail, les salariés des grandes entreprises, et ceux qui ont gardé leurs enfants “la plus grande partie du temps”.
Au-delà des pressions liées au rythme de travail, la crise a pu être une période difficile pour certains sur le plan personnel et familial. 33% des salariés estiment ainsi que leur entourage a été “une source d’inquiétude ou de stress plus forte qu’avant la crise, et plus particulièrement les aidants et les salariés malades“. À noter que 16 % des répondants ont rencontré “une situation financière plus compliquée”, notamment les salariés ayant vécu une période de chômage partiel.
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Des managers impliqués, mais pas assez à l’écoute
85 % des salariés estiment que leur entreprise a mis en œuvre les mesures nécessaires à la protection de leur santé depuis le début de la crise. À savoir des gestes barrières, des procédures de distanciation, la mise à disposition d’équipements de protection (gel, masque), ou encore la désinfection des espaces. Ils sont aussi 83 % à considérer que leur organisation a “pris les mesures adéquates pour assurer la continuité de l’activité de l’entreprise”, notamment via le télétravail.
En revanche, seuls 43 % estiment que leur entreprise les a “accompagnés psychologiquement”, avec des dispositifs d’écoute / de parole, et des services de soutien. Concernant les managers, si 60 % des salariés considèrent qu’ils ont cherché à maintenir l’esprit d’équipe, et si 56 % indiquent qu’ils ont “adapté leurs pratiques”, ils sont aussi 57 % à regretter un manque d’écoute de leur part, et un nombre insuffisant de “nouveaux rituels” (réunions en visioconférence, individuelles ou collectives) qui auraient permis de rompre l’isolement.
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De nouvelles aspirations
“La crise a généré des attentes fortes et mis en évidence des enjeux toujours plus importants pour les entreprises autour de la prévention santé, de l’engagement, et de l’accompagnement des salariés les plus fragilisés”, indique Malakoff Humanis.
Ainsi, 86 % des salariés attendent de leur entreprise qu’elle “intègre durablement la prévention et la santé dans sa stratégie”. Mais seuls 53 % “pensent qu’elle le fera.”
Ils sont notamment plus de 85 % à souhaiter un “renfort de la place de l’humain” dans l’entreprise (qualité des conditions de travail et d’emploi, climat social), mais là encore, “moins de la moitié pense que cela se réalisera.”
“Enfin, une grande majorité des salariés aspirent à une évolution des modes de travail au sein de leur entreprise : davantage de travail collaboratif et participatif (79 %), davantage de souplesse et de flexibilité dans la gestion du temps de travail (83 %), et plébiscite un management basé sur la confiance (85 %)”, conclut l’étude.