En 2020, la crise du Covid a stoppé les hausses de salaires des cadres, et fragilisé la rémunération des plus jeunes, selon le dernier baromètre de l’Apec. Ceux qui ont changé d’entreprise ont en revanche “pu tirer leur épingle du jeu”.
Au global, la rémunération des cadres en 2020 est restée stable. Mais celle de ceux qui sont restés dans leur entreprise “a stagné”, nous apprend le dernier “Baromètre de la rémunération des cadres” de l’Apec. (1) Ainsi, selon l’association, “les augmentations se sont faites plus rares”.
Concrètement, la rémunération brute annuelle médiane des cadres s’élève à 50 000 euros (fixe + variable), “un montant stable depuis 2018.” Mais les cadres n’ayant pas changé de poste en 2020 ont été “moins fréquemment augmentés par rapport aux années précédentes (35 % versus 45 % en 2019)”, indique l’étude. Les cadres ayant changé de poste sans changer d’entreprise ont, eux aussi, été moins souvent augmentés en 2020 (52 %, contre 67 % en 2019).
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Des augmentations rares, quel que soit l’âge des cadres
Globalement, la part des cadres augmentés a baissé par rapport aux années précédentes : 38 % contre 48 % en 2019. La rémunération médiane annuelle (fixe + variable) des moins de 30 ans (jeunes cadres et jeunes diplômés) a diminué de 1 000 euros par rapport à 2019. Et 28 % des cadres ont même connu une baisse de revenus liée à une période de chômage partiel.
“En 2020, les augmentations de salaire se sont faites plus rares, quel que soit l’âge des cadres”, constate l’Apec. Pire : pour les jeunes cadres, la situation a été difficile. “Si pour l’ensemble des cadres, la rémunération est restée stable en 2020, ce n’est pas le cas de celle des jeunes cadres. Les moins de 30 ans sont en effet la seule classe d’âge dont la rémunération globale (fixe + variable) a baissé, passant de 40 000 à 39 000 euros”, peut-on lire dans l’étude.
La crise a notamment ralenti la progression salariale des jeunes cadres : La part des moins de 30 ans augmentés en 2020 a fortement chuté par rapport à 2019 (48 %, -14 points en un an), et la rémunération à l’embauche des jeunes diplômés sur des postes cadres a elle aussi baissé (–1 000 euros en brut), “contribuant à ce ralentissement.”
“L’impact de la crise sur les augmentations de salaire pourrait se répercuter sur le long terme : les dernières crises économiques de 2008 et de 2012 ont en effet ralenti les évolutions salariales des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur durant les dix premières années passées sur le marché du travail”, analyse l’Apec.
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Les changements d’entreprise ont “souvent débouché” sur des augmentations
Si la rémunération annuelle brute médiane est restée stable, c’est parce que sa partie variable a été maintenue malgré la crise, et parce que certains cadres ont changé d’entreprise.
“En 2020, seuls 38 % des cadres ont bénéficié d’une augmentation, soit 10 points de moins qu’en 2019. Mais, parce que les rémunérations variables n’ont pas baissé autant qu’attendu, et grâce aux mobilités externes qui s’accompagnent de progressions salariales, la rémunération médiane des cadres est restée stable l’an dernier”, observe ainsi Gilles Gateau, directeur général de l’Apec.
Ainsi, ce sont les cadres qui ont changé d’entreprise qui “ont pu tirer leur épingle du jeu malgré la crise”, indique l’étude. 66 % de ceux qui ont changé d’organisation, sans période de chômage, ont bénéficié d’une augmentation (contre 37 % pour ceux restés dans leur entreprise). “Un taux proche de celui de 2019 (-3 pts)”, précise l’Apec.
“Face à un contexte économique incertain, les cadres ont été moins nombreux à changer directement d’entreprise en 2020, mais cette prise de risque a souvent payé. Bien connue des cadres, cette stratégie du changement d’entreprise pour faire évoluer sa rémunération leur permet généralement de bénéficier d’augmentations salariales conséquentes. L’année 2020 ne déroge pas à la règle”, poursuit l’association.
En moyenne, les cadres qui ont changé d’entreprise et qui ont été augmentés ont vu leur rémunération (fixe + variable) évoluer de + 13 %. Rapportée au montant médian de la rémunération, l’augmentation annuelle obtenue s’élève à 6 500 euros bruts.
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Au-delà de 2021, les cadres ont “confiance dans leur évolution” professionnelle
“En 2021, les cadres ont ajusté leurs attentes en matière d’augmentation salariale, mais ils restent confiants pour la suite”, explique l’Apec. 43 % comptent demander une augmentation en 2021 (- 7 points en un an), mais 67 % sont ainsi “confiants quant à leur évolution professionnelle à moyen terme.”
“Après une année 2020 hors norme, et même si les augmentations ont été moins fréquentes qu’en 2019, 62 % des cadres demeurent satisfaits de leur rémunération. Cette opinion est partagée par toutes les classes d’âge, malgré une baisse de la satisfaction des plus jeunes, reflet des difficultés qu’ils ont connues en 2020 et de l’importance de l’évolution salariale pour eux. Les cadres recommencent à envisager le futur plus sereinement : après une frilosité de la mobilité professionnelle en 2020, ils sont de plus en plus nombreux à envisager un changement d’entreprise dans les 12 prochains mois et notamment les moins de 30 ans”, indique l’étude.
“Un grand flou entoure néanmoins la fin de la crise et son impact économique futur, ce qui laisse perdurer des interrogations quant aux évolutions salariales des cadres dans les prochaines années”, conclut toutefois l’Apec.
(1) L’étude de l’Apec s’appuie sur une enquête annuelle menée auprès de 13 800 cadres du secteur privé, datée de mars 2021. Un “redressement des résultats” de cette enquête a été réalisé à partir de la Déclaration Sociale Nominative (Insee), par âge, sexe, taille d’entreprise, secteur et région et de l’enquête Panorama des mobilités (Apec) pour les taux de mobilité des cadres.