Avec son faible taux de chômage et ses rémunérations élevées, le pays offre de réelles opportunités professionnelles. Attention néanmoins à la barrière de la langue et aux méthodes de travail danoises qui goûtent peu notre tempérament latin !
Si la qualité de vie au Danemark n’est plus à prouver, cette dernière peut s’expliquer par la bonne santé financière du pays. En 2017, le royaume comptait 5,9 % de chômage et anticipait de le réduire à 5,6 % pour l’année en cours. Dans ses dernières prévisions, le FMI a estimé que le pays devrait atteindre les 1,8 % de croissance pour l’année 2018. Si le PIB par habitant permet au Danemark de se classer au 21e rang mondial, il reste, entre guillemets, le parent pauvre des pays nordiques, la Norvège et la Suède se classant respectivement à la 5e et 17e places (pour mémoire, la France atteint quant à elle, le 25e rang). Cette bonne santé financière attire donc de plus en plus. Ils étaient un peu plus de 67 000 en 2017 – parmi lesquels une majorité de Roumains, Polonais, Américains, Allemands et Indiens – à tenter leur chance dans ce pays qui présente, il est vrai, de nombreux avantages. Et tout d’abord, le niveau des rémunérations. En effet, les derniers chiffres de l’OCDE en la matière positionnaient le Danemark au 5e rang mondial. Le salaire mensuel moyen était, en 2012, de 5 652 dollars contre 3 797 dollars pour la France. Cette dernière occupant la 16e place du classement.
Il faut dire par ailleurs, qu’en matière de création d’entreprise, le pays, libéral, encourage cette pratique. “Créer son entreprise au Danemark est très facile et très rapide, vous pouvez aussi vous faire accompagner gratuitement par des organismes publics et vous faire conseiller par des avocats francophones. La création d’une entreprise et notamment l’ouverture d’un compte bancaire pour votre entreprise peuvent toutefois se compliquer si vous avez des fonds en provenance de tiers résidant en dehors du Danemark. Dans ce cas, les procédures sont assez lourdes mais si vous souhaitez créer votre entreprise avec vos propres capitaux, elles sont simples et rapides”, précise Samuel Vaillant-Jørgensen, directeur de la Chambre de commerce franco-danoise.
Pour s’insérer dans la vie professionnelle locale, les spécialistes du pays s’accordent à dire que la langue demeure un atout majeur. En effet, “parler danois est l’un des critères qui peut faire la différence dans la recherche d’emploi. Si vous parlez danois, il n’y a quasiment pas de chômage, mais pour les autres le marché du travail est plus compliqué même si aucun chiffre officiel n’existe. Comme tous les cadres supérieurs danois maîtrisent parfaitement l’anglais, les expatriés sont en concurrence ici avec 100 % des cadres. De plus, même si dans les grands groupes internationaux la langue de travail reste encore l’anglais, le fait de parler danois restera toujours un avantage”, poursuit Samuel Vaillant-Jørgensen. Pour vous aider, le gouvernement danois propose des cours de langue gratuits aux nouveaux arrivants.
La pause déjeuner vite expédiée !
Une fois l’emploi trouvé, les candidats à l’expatriation devront enfin s’acclimater à la façon de travailler danoise. Quelques règles non négociables devront être rapidement intégrées par les latins que nous sommes. “Un danois attendra une réponse à un mail envoyé dans les 24h. Et si, par hasard, on ne peut y répondre, il faut en avertir la personne concernée en lui indiquant qu’on reviendra vers elle rapidement. Les salariés français expatriés doivent apprendre à être réactifs sur ce sujet. Il en va de même pour la ponctualité. Ici, les réunions commencent à l’heure dite. C’est quasiment un crime de lèse majesté que d’avoir cinq minutes de retard”, explique Elisabeth Halvorsen, nordic general manager pour le laboratoire pharmaceutique français Pierre Fabre.
Les Danois privilégient l’efficacité au travail dans le temps imparti. Ces derniers commencent leur journée très tôt, vers 7/7h30 pour finir également relativement tôt, 16h/16h30. Et s’adonner ensuite à leurs loisirs. Le déjeuner est ainsi vite expédié.
Très peu de pauses-café à la machine qui sont synonymes de pertes de temps pour la plupart des Danois. De même, les concepts de “flat organization”, sans niveau de séparation arc-boutée entre les employés et l’exécutif, demeurent prédominants contrairement aux entreprises pyramidales françaises. “Je pense qu’on a beaucoup de choses à apprendre des Scandinaves dans leur façon de travailler. Ici, aucune décision n’est prise sans que les employés ne soient consultés. On ne vous demande pas en tant que CEO de prendre des décisions quant à la gestion du travail et des activités, parce que vos employés ne vous auront pas attendus pour les prendre eux-mêmes. Ce qu’on vous demande, c’est de créer les conditions optimales pour que vos employés puissent faire leur travail et le faire bien. Vous devrez avant tout savoir mobiliser et organiser”, analyse Virginie Morlet, consultante en affaires publiques à la Confédération des entreprises danoises (DI).
Une hiérarchie moins pyramidale
Et cette dernière de poursuivre : “Le vrai choc de cultures est là, dans la vie professionnelle. Le Danemark est un petit pays et son modèle repose sur des politiques de concertation et de consensus. C’est selon mon expérience ce qui peut s’avérer le plus ardu à comprendre et à intégrer pour un cadre français. Il faudra accepter qu’une décision prise n’est peut-être pas la meilleure en matière de productivité ou de rentabilité, mais c’est la meilleure solution parce qu’elle est prise et reconnue par tous les employés”.
La culture danoise au travail est très différente, on le voit, de la culture latine. Vous êtes ici dans un pays qui compte une majorité de protestants luthériens (80 % de la population). Rigueur et austérité donc. L’absence de hiérarchie pourra s’avérer déroutante et demandera de grandes capacités d’écoute, de patience et de diplomatie de la part d’un manager fraîchement arrivé sur le sol danois. Autre caractéristique qui a toute son importance, la parole donnée est au Danemark un principe de base.
Ce qui est dit et promis oralement, dans le cadre du travail, a quasi valeur contractuelle. Les Danois respectent donc leurs engagements. Si l’expatriation vous tente, de nombreuses formations interculturelles existent qui peuvent permettre aux nouveaux expatriés de gagner du temps dans leur intégration pour améliorer leur performance. Un dernier obstacle restera à surmonter! L’hiver pourra vous sembler interminable mais en cas de légère déprime, sachez qu’il n’y a que deux heures d’avion entre Copenhague et Paris !