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Le confinement semble avoir convaincu tout le monde. Dans une nouvelle étude, Deskeo constate que 73 % des salariés et 80 % des cadres et dirigeants perçoivent le télétravail comme une “tendance de fond”. Dans le même temps, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à envisager, après la pandémie de Covid-19, de passer au “sans bureau fixe”.
Après une étude publiée en avril dernier qui nous apprenait que 62 % des Français avaient pris goût au télétravail pendant le confinement, Deskeo, opérateur de bureaux flexibles, vient de dévoiler les résultats d’une nouvelle étude sur la perception du travail à distance par les salariés, mais aussi par les dirigeants et les managers (1).
Le télétravail, une “tendance de fond” pour les cadres
Désormais, en cette période de post-confinement, le télétravail semble avoir convaincu tout le monde. Ainsi, pour 81 % des Français, il s’agit d’une “tendance de fond” qui va s’intensifier à l’avenir. Une vision encore plus prononcée chez les managers (89 %) et les dirigeants (81 %) que chez les employés (74 %).
Pour la majorité des travailleurs et des cadres, le travail à distance permet de rester “autant productif” qu’au bureau, voire de l’être davantage. Les employés sont ainsi 31 % à ne constater “aucune différence” entre ce mode de travail et celui réalisé dans les locaux de leur entreprise, et 42 % à considérer que le teleworking les rend plus efficace. Du côté des managers et des dirigeants, 55 % trouvent leurs équipes “autant productives” et 24 % les considèrent “globalement plus productives”.
De 62 % en avril, les salariés sont passés à 73 % de convaincus par le télétravail souhaitant continuer à le pratiquer, jusqu’à deux jours par semaine. Dans le détail, 1 jour par semaine serait déjà suffisant pour 25 % des sondés, quand 48 % d’entre eux opteraient pour 2 jours hebdomadaires.
“Au total, nous avons mené 4 études sur le télétravail depuis le début du confinement. Avec du recul, nous constatons que les salariés ont pris goût à ce système, car il leur permet de passer moins de temps dans les transports, de gagner en autonomie et de mieux se concentrer pour travailler. Ils ont ainsi compris que par rapport aux open-space qui les perturbe bien souvent, le travail à distance leur permet d’être plus productifs”, nous explique Frank Zorn, co-fondateur de Deskeo.
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Organiser un “roulement cohérent”
“La généralisation du télétravail à temps partiel peut permettre d’optimiser (voire de réduire) les surfaces de travail, mais à certaines conditions. En effet, si tous les télétravailleurs sont absents du bureau le lundi et le vendredi, l’entreprise continuera de payer des locaux à moitié vides 40 % du temps. Pour éviter cela, la transition vers une organisation hybride entre travail présentiel et télétravail doit être préparée et encadrée, notamment en organisant un roulement cohérent au sein des équipes”, observe Deskeo dans son étude.
Côté décideurs, l’idée d’accorder deux jours de télétravail par semaine ne semble pas insurmontable, mais “à condition que les collaborateurs soient suffisamment autonomes pour gérer leurs tâches”, nous apprend l’étude. À ce sujet, les managers français semblent avoir confiance en leurs équipes : 89 % pensent que la majorité de leurs effectifs sont assez autonomes pour télétravailler régulièrement. Ils sont même 30 % à considérer que la totalité de leurs collaborateurs sont “suffisamment autonomes pour organiser leur planning comme ils le souhaitent.”
“Les employés pensaient au départ que leurs employeurs ne seraient pas favorables au télétravail, en raison d’un manque de confiance. Finalement, cette étude prouve qu’ils sont prêts à le développer, car le confinement leur a permis de constater que ce système fonctionne bien. Mais aussi que le bureau demeure important pour les interactions et les relations sociales, que l’on ne peut pas reproduire en visioconférence”, analyse Frank Zorn.
“Un changement de fond devrait se produire, avec un modèle hybride entre travail mobile et travail sur site”, estime encore le fondateur de Deskeo. Mais pour que ce système fonctionne, les managers devront selon lui apprendre à faire davantage confiance et à se centrer sur les objectifs. “Les entreprises devront aussi repenser la gestion des outils et du matériel fourni aux salariés, et revoir l’utilisation du bureau”, ajoute-t-il.
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Entre “flex-office” et “activity based office”
En avril dernier, le premier sondage de Deskeo montrait que 79 % des Français étaient “prêts à sacrifier leur poste de travail attitré” pour pouvoir faire plus de télétravail. Désormais, le “desk sharing”, ou “flex-office”, semble faire son chemin dans l’esprit des dirigeants : ils sont en effet 60 % à envisager de passer au “sans bureau fixe” pour optimiser leurs espaces. Dans le détail, 31 % ont répondu “oui, sérieusement”, et 29 % “oui, peut-être”.
“Le desk sharing permet de rationaliser les m2, mais attention à la sur-optimisation ! En effet, par expérience, la diminution de surface est rarement si importante lorsque l’on adopte une organisation sans bureaux fixes. D’abord parce qu’il faut prévoir un nombre de postes légèrement supérieur aux besoins identifiés pour se laisser une marge d’ajustement. Ensuite, parce que des espaces supplémentaires sont nécessaires pour qu’une telle organisation fonctionne : salles de réunion, espaces collaboratifs, zones silence, etc.”, indique Frank Zorn.
“Les bureaux seront sans doute réaménagés, et basés sur l’activité du moment : par exemple, la créativité et les interactions sociales. Plus que le flex-office, c’est l’activity based office (espace de travail par activité) qui devrait se développer considérablement après la crise, quand l’épidémie sera loin derrière nous. Un système sans bureaux fixes, mais avec des espaces supplémentaires, créés là où des m2 auront été gagnés”, observe ainsi le cofondateur de Deskeo.
“La décision de passer en flex-office ne doit donc pas être motivée exclusivement par des impératifs financiers. C’est avant tout une manière de proposer des espaces plus adaptés aux besoins des collaborateurs”, conclut-il.
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(1) Enquête réalisée auprès de 2 901 professionnels répartis sur l’ensemble du territoire français, effectuée en ligne, durant la période du 19 au 24 juin 2020. Profils des personnes interrogées : 38% d’employés, 34% de managers et 28% de dirigeants.