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Dégressivité des allocations-chômage : les syndicats de cadres lancent une pétition

Alors qu’Édouard Philippe a confirmé vouloir « introduire une dégressivité » de l’indemnisation pour les plus hauts salaires lors de la deuxième déclaration de politique générale du gouvernement, deux syndicats de cadres lancent une pétition contre la réforme des allocations-chômage.

 
À la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre, l’Ugict CGT et le syndicat des cadres CFE-CGC, ont lancé mardi 11 juin une pétition commune sur Change.org, afin de s’opposer au projet de remise en cause de l’indemnisation des cadres.

Ce dossier, que le Premier ministre a abordé ce mercredi, devrait être dévoilé le 17 juin, dans le cadre de la présentation de la réforme de l’Unédic. Lors de son discours devant l’Assemblée nationale, Edouard Philippe a confirmé vouloir « introduire une dégressivité » de l’indemnisation pour les plus hauts salaires, dans un but de « justice sociale ». Il devrait s’agir, précisément, d’imposer une dégressivité des allocations pour les très hauts revenus (à l’exception des seniors) au-dessus d’un plancher d’indemnisation.

Selon le gouvernement, cette mesure, destinée à faire économiser de l’argent à l’Unédic, devrait permettre de « revoir un système qui permet d’obtenir des niveaux d’indemnisation pour les salaires élevés qui sont trois fois supérieurs à ce qui se passe chez nos voisins européens ». Mais cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron est loin de faire l’unanimité chez les économistes : interrogés par Courrier Cadres en octobre dernier, Éric Heyer, de l’OFCE, et Gilbert Cette, professeur d’économie à l’Université d’Aix-Marseille, estimaient ainsi tous deux que la dégressivité des allocations chômage n’auraient que peu d’efficacité sur le chômage, et serait injuste pour les cadres, qui « cotisent beaucoup plus qu’ils ne coûtent en indemnisations ».

« Concrètement, cela signifie que pour celles et ceux qui ne retrouveront pas immédiatement de travail, le montant des allocations chômage baissera et ne leur permettra plus de maintenir leur niveau de vie. Cadres ou non, cette situation nous concerne tous et toutes car une fois expérimentée, n’en doutons pas, la dégressivité sera étendue à tous les autres salariés au prétexte de l’équité », estiment de leur côté l’Ugict et la CFE-CGC dans leur pétition.

 

Des cadres « stigmatisés »

Selon les syndicats, le gouvernement « stigmatise » les cadres, en « prétendant que ces derniers sont des favorisés, et que le montant trop ‘généreux’ de leurs allocations chômage ne les incite pas » à chercher un travail. « Alors qu’on refuse de rétablir l’Impôt Sur la Fortune (ISF), la ficelle est un peu grosse. Mais c’est surtout complètement faux », notent-ils.

« Le gouvernement a déjà mis en place depuis janvier la suspension des allocations chômage après 2 refus d’une offre d’emploi, y compris si les emplois proposés étaient à un salaire bien inférieur à celui perçu antérieurement et très éloignés géographiquement. Donc la pression est déjà énorme et les mécanismes existent déjà pour forcer les personnes privées d’emploi à accepter n’importe quoi », indiquent l’Ugict et la CFE-CGC. Selon eux, Edouard Philippe « oublierait » aussi que les cadres, étant peu au chômage, touchent des cotisations qui représentent 42% des ressources du régime et des allocations qui comptent seulement pour 15 % des dépenses.

 

« L’enjeu, c’est la conception même du régime d’assurance chômage »

« La dégressivité et le plafonnement des allocations des cadres dégagera donc peu d’économies. Par contre, les chiffrages de l’Unédic démontrent que mettre à contribution les cadres dirigeants et instaurer des cotisations chômage sur la part des salaires supérieurs à 13 500 euros permettrait de dégager 700 millions d’euros de recettes supplémentaires et concernerait d’abord les grandes entreprises qui concentrent les plus hauts salaires. L’enjeu, c’est la conception même du régime d’assurance chômage et cela concerne l’ensemble des salariés », affirment les syndicats.

En plafonnant les allocations, « on passe d’un régime donnant droit au maintien du niveau de vie des salariés à un système de filet de sécurité minimum avec des indemnités plafonnées et conditionnées », explique la pétition. « Résultat : pour maintenir leur niveau de vie, celles et ceux qui en ont les moyens financiers seront renvoyés vers les assureurs. On passe ainsi de droits acquis par les cotisations et dus aux salariés à des aides sociales consenties au nom de la solidarité nationale et devant être ‘méritées’, donc conditionnées. Cadres, retraités ou fonctionnaires, les plus gros contributeurs seront aussi ceux qui bénéficieront le moins du système », déplorent l’Ugict et la CFE-CG. En conclusion de leur pétition, les syndicats de cadres affirment « refuser de servir de boucs émissaires, et de poissons pilotes pour déstructurer le régime ».

 
 

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