Après un pic en 2020, les craintes de discrimination sur le marché du travail et dans l’entreprise reculent avec la sortie de la crise du Covid-19.
La sortie de la crise du Covid-19 fait-elle baisser les craintes de discriminations ? Ces peurs n’ont jamais été aussi faibles en 10 ans, depuis que le Medef les évalue dans le cadre de son baromètre « sur la perception de l’égalité des chances en entreprise ».
Selon l’enquête réalisée par TNS Sofres pour le Medef en juin 2021, et dévoilée le 11 octobre à l’occasion de la “Semaine de l’entreprise responsable et inclusive” co-organisée avec l’AFMD, la crainte d’être potentiellement discriminé sur le marché du travail est en net recul, et passe de 56 % en 2020 (année du pic de la crise sanitaire) à 45 % en 2021.
“Ces chiffres montrent un apaisement cette année, après une anxiété généralisée en 2020. Cela nous enseigne que la crainte de discrimination est une crainte parmi les autres, et que c’est dans un climat d’hypersensibilité et d’hyper angoisse qu’elle remonte à la surface ; tout comme la crainte sur sa santé, ou celle de perdre son job”, observe Armelle Carminati, présidente du Comité entreprise inclusive du Medef.
La crainte de discrimination potentielle au sein de sa propre entreprise, sur son lieu de travail, est elle aussi en recul : elle est à 34 %, contre 27 % en 2020, soit une baisse de 7 points en un an. À noter que pour la deuxième année consécutive, cette crainte est partagée “de manière homogène”, aussi bien du côté des femmes que des hommes.
“Cela fait deux ans de suite qu’il n’y a plus de différence entre femmes et hommes, est-ce le signe que les entreprises ont vraiment pris le sujet a bras le corps ? Toujours est-il que ces résultats sont encourageants, car ils signifient que l’on se sent en sécurité dans son entreprise”, indique Armelle Carminati.
L’âge et le sexe, principaux sujets de préoccupation
Même si les craintes de discrimination sont moins importantes, les préoccupations des salariés interrogés restent, globalement, les mêmes qu’en 2020. L’âge reste la principale préoccupation de crainte de discrimination sur le marché du travail et au sein de sa propre entreprise, à 40 %. Vient ensuite l’apparence physique (26 %), le sexe (24 %), le niveau de diplôme (21 %), l’état de santé (13 %), l’origine sociale (13 %), et la couleur de peau (12 %). À noter qu’en fonction du sexe, les craintes ne sont pas les mêmes. Ainsi 40 % des femmes craignent de se faire discriminer en raison de leur sexe (contre 8 % pour les hommes), 29 % craignent de se faire discriminer en raison de leur apparence physique (vs 23 % pour les hommes), et 16 % en raison de leur origine sociale (vs 9 % pour les hommes).
“Mais si nos salariés ont une hantise lointaine qu’un jour l’âge pourrait leur coûter cher, ce n’est pas le sujet sur lequel ils exigent le plus d’égalité dans l’entreprise”, indique Armelle Carminati. Ainsi, ils jugent comme “chantier prioritaire en entreprise pour plus d’égalité des chances”, l’égalité femmes-hommes (47 %, – 8 points en un an), devant l’égalité salariale (46 %, – 11 points), l’âge (37 %, – 8 points), le handicap (33 %, – 6 points) et l’apparence physique (29 %, – 2 points).
“Même si son acuité se tasse un peu cette année (reflet probable des progrès mesurés par l’index d‘égalité salariale), l’égalité entre les femmes et les hommes est toujours en tête des sujets jugés prioritaires en entreprise pour plus d’égalité des chances, suivis avec plus de 10 points d’écart par l’âge et le handicap. Et ce qui est rassurant, c’est que c’est une exigence autant des femmes que des hommes”, note la présidente du Comité entreprise inclusive du Medef.
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Les salariés se sentent “de mieux en mieux” en entreprise
En parallèle, 80 % des salariés se disent satisfaits de leur entreprise, car ils trouvent qu’elle “représente bien” la diversité de la société (+ 9 points de progression en 5 ans). Au-delà, la confiance des salariés dans leur entreprise progresse : 77 % des salariés s’y sentent bien (+2 points en un an). En 10 ans, cette confiance a gagné 11 points. “Cette étude montre donc que d’un côté, les salariés restent exigeants, et qu’en face, les entreprises sont aussi au rendez-vous”, observe Armelle Carminati.
Selon l’étude du Medef, les organisations qui ont développé des postes ou des missions sur la diversité voient notamment chez leurs salariés “une moindre crainte” de discriminations potentielles. Parmi les actions mises en place pour favoriser la diversité et l’égalité des chances : des accords d’entreprise, des formations et des campagnes de sensibilisation / communication, l’adhésion à une charte ou un label, ou encore des partenariats avec des associations.
“Ce baromètre, qui a 10 ans, montre des progrès dans la perception des salariés de l’action de leur entreprise en matière d’inclusion et de diversité, et aussi dans l’importance qu’ils y attachent. Et en 10 ans, on mesure les progrès engrangés par le nombre croissant d’entreprises qui s’attellent de façon organisée et visible au sujet complexe mais pilotable de l’égalité des chances. C’est au plus près du terrain que le travail doit se poursuive, sans réserve et avec sérénité, au quotidien”, estime Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef.
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