Carrière

Emploi cadre : les secteurs qui recrutent pendant la crise

Avec le Covid-19, même les cadres ont vu les offres d’emploi s’évaporer. Mais les recrutements reprennent. Voici les secteurs qui recherchent le plus de cadres à l’heure actuelle.

Le Covid-19 a chamboulé le marché du travail, et même les cadres ont été impactés. En février dernier, selon une enquête de l’Apec, les entreprises prévoyaient de recruter 300 000 cadres en 2020. “Mais avec la crise, il est clair que nous n’atteindrons pas ce niveau”, estime Sébastien Thernisien, responsable du pôle “modélisation et valorisation des données” de l’association.

 

L’emploi cadre en berne dans tous les secteurs

Sébastien Thernisien reste prudent : “difficile de dire s’il y aura un effet de rattrapage au second semestre”. Mais en se penchant sur les offres publiées sur le site de l’Apec, il peut tout de même dresser la liste des secteurs plus ou moins touchés par la crise. Après une chute des offres pendant le confinement, l’association observe un “frémissement” depuis juin. “Nous enregistrons une diminution des offres, sur le premier semestre 2020, par rapport à celui de l’année précédente, de 34 %. Tous les secteurs sont concernés, mais avec des niveaux différents”, note-t-il.

Le secteur du commerce (inter-entreprises) et de la distribution a connu la chute la plus importante (-40 %). Celui de l’industrie a aussi enregistré une baisse drastique (-34 %), en particulier les sous-secteurs de l’industrie mécanique – métallurgie (-42 %) et des équipements électriques / électroniques (-48 %). L’agroalimentaire et les industries chimiques ont vécu au contraire les baisses les moins brutales, avec une contraction de -30 % des offres publiées.

“Le secteur des services, le plus important pour l’emploi cadre, a rencontré un phénomène similaire”, indique Sébastien Thernisien. Il a chuté de – 35 % au premier semestre. Mais alors que les transports et logistique, ainsi que l’hôtellerie-restauration-loisirs ont vu leurs offres chuter de 37 %, le sous-secteur des banques / assurance et l’immobilier “ont été moins touchés”, avec une baisse des offres de -28 %. À noter que trois “moteurs” de l’emploi cadre, les activités informatiques (-38 %), l’ingénierie et R&D (-35 %) et le conseil-gestion (-35 %) ont aussi baissé d’une façon importante.

 

Le tertiaire et l’industrie recrutent toujours

Si l’on analyse les 68 000 offres d’emploi cadre diffusées sur le site de l’Apec en juillet, l’on constate en outre que les services prédominent toujours (81 %), suivis par l’industrie (7 %).

Dans le tertiaire, les cabinets de conseil-gestion (22 % des offres), les services aux entreprises (15 %), les activités informatiques (11 %) et l’ingénierie – R&D (10 %) sont en tête. Viennent ensuite les banques et assurance (6 %) et les activités juridiques (4 %). À noter que la santé et l’action sociale (2 %) a connu une diminution moindre de ses offres pendant le premier semestre (- 12 %), “car il est en première ligne face à la pandémie”, indique Sébastien Thernisien.

L’industrie est le deuxième secteur a avoir posté le plus d’offres (7 %) en juillet, surtout dans la mécanique-métallurgie (2 %).

 

Banques, assurances, immobilier, énergies : des secteurs résistants

Du côté de Robert Walters, les secteurs qui recrutent pendant la crise varient, mais pas les métiers. Pour rappel, en janvier dernier, le cabinet de recrutement prévoyait une année faste pour les cadres. En particulier sur certaines fonctions “en tension” : le juridique, l’IT & Digital, la finance et les RH.

Le cabinet constate une reprise des recrutements de directeurs financiers, RSE, juridiques et cybersécurité. “Les besoins de compétences pointues sont toujours là, en raison de la judiciarisation de l’économie, de la loi Pacte et de la digitalisation”, indique Coralie Rachet, directrice générale de Robert Walters France. Selon elle, les secteurs qui recrutent le plus de cadres actuellement sont : la santé / services à la personne, la banque / assurance et l’immobilier dans les services ; l’agro-alimentaire et les énergies renouvelables dans l’industrie.

Le monde de la santé “continue plus que jamais de recruter des directeurs de qualité ou des cadres de direction, avec de gros volumes”, indique Coralie Rachet. La banque commerciale et l’assurance sont aussi des secteurs où les cadres peuvent rester optimistes : “dans un contexte incertain, ils jouent un rôle essentiel dans le maintien de l’économie”, note-t-elle. De son côté, l’immobilier “connaît un bel effet de rebond, avec un gros volume de recrutements”, constate Coralie Rachet. Des postes de commerciaux et de directeurs de projets sont notamment recherchés.

 

“On aura toujours besoin de cadres”

Outre ces secteurs qui “résistent”, celui des énergies renouvelables “a été renforcé pendant la pandémie. Et il reste porteur”, indique Coralie Rachet. Selon elle, le cadre réglementaire en matière de RSE, mais aussi “l’utilité sociale et environnementale des entreprises re-questionnée”, ainsi qu’une “volonté politique de ré-industrialiser la France avec des énergies propres” profiteront à ce domaine, qui demeurera en quête de cadres.

“Les deux mois qui viennent seront une période charnière ; soit on continuera à croître jusqu’à dépasser les niveaux d’avant crise ; soit les indicateurs risquent de chuter face à la crainte d’une seconde vague. Mais la réalité, est que l’on aura toujours besoin de cadres. Des personnes aux compétences poussées et capables de résilience”, conclut Coralie Rachet.

 

 

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