En pleine réforme des retraites, la question de l’emploi des seniors et de l’évolution de ces profils dans l’entreprise est un enjeu pour tous les employeurs. Entre valorisation de leur expérience, préparation à la retraite et dispositifs ciblés, de plus en plus d’entreprises s’emparent de la question.
En France, seuls 56 % des personnes âgées de 55 à 64 ans occupent un emploi contre 60,5 % en moyenne dans l’UE, selon Eurostat. Un état de fait qui trouve un écho important, à l’heure où le relèvement du taux d’emploi des seniors est considéré par le gouvernement comme une « condition de réussite » de sa réforme des retraites. Et c’est dans l’entreprise que se cristallisent ces enjeux, qu’il s’agisse de recrutement de profils en fin de carrière ou de maintien dans l’emploi et en interne des 55 ans et plus. Si les initiatives se multiplient, les principaux concernés restent sceptiques : selon l’étude The New Human Age de ManpowerGroup, seuls 38 % des 55-64 ans pensent que leurs managers sont impliqués dans leur développement de carrière. Tout de même, 62 % des salariés de cette tranche d’âge estiment que leur manager reconnaît leurs compétences, bien qu’ils ne soient que 43 % à penser que leur employeur encourage les formations.
Parmi les entreprises qui œuvrent pour valoriser les profils seniors, Fujitsu, La Poste, le groupe O2 ou encore le groupe Apicil, spécialiste de la protection sociale et des actions de santé, prévoyance et épargne, qui se distingue par plusieurs initiatives. Avec 18 % de collaborateurs âgés de 55 ans et plus, sur ses quelque 2 000 employés hors Luxembourg et une moyenne d’âge de 44 ans, le groupe se mobilise. « Nous intégrons cette question des seniors sous l’angle intergénérationnel, avec l’ambition que chaque personne puisse vivre de façon équitable son parcours professionnel », affirme Sofiene Chaabani, responsable du domaine RH d’Apicil.
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Valorisation et transmission
Au sein d’Apicil, les profils expérimentés sont sollicités pour accompagner les jeunes et les primo-arrivants, sur du tutorat ou en tant que maîtres d’apprentissage selon les cas. Valorisation des seniors et insertion des jeunes, deux enjeux liés à bien des égards. « Il y a la notion de transmission et celle de cohabitation, souvent on oppose les générations entre elles, explique le responsable RH, et les stéréotypes liés à l’âge sont encore plus prononcés parmi sa propre génération. L’enjeu c’est de nous assurer que tous les âges sont capables de bien travailler ensemble ». Pour sensibiliser chacune et chacun à ces enjeux, le groupe anime aussi des ateliers sur le travail des seniors ainsi que des forums emploi spécifiques pour ces profils, de façon à proposer des actions de formation à la mobilité interne et des missions temporaires sur des projets spécifiques.
Un accompagnement également entretenu par ADP, spécialiste des solutions RH, qui présente une moyenne d’âge de 47 ans et emploie 400 salariés de plus de 55 ans et 100 de plus de 60 ans. « Nous accompagnons nos salariés pour leur fin de carrière en proposant notamment un stage de préparation pour aborder les questions liées à la transmission et à la santé, un bilan de prévention psycho-médicosocial, ainsi qu’un entretien individuel avec des conseillers retraite spécialisés. Le tout 100 % pris en charge par l’entreprise sur le temps de travail », résume Élodie Gourmellet, DRH d’ADP en France et en Suisse.
Préparation à la retraite
L’accompagnement des seniors dans leur parcours implique donc l’anticipation de leur fin de carrière. Le groupe Apicil permet ainsi le passage à temps partiel, et prend à charge la différence pour conserver une cotisation à temps plein. De la même façon, l’entreprise propose des congés de fin de carrière, pour lesquels le compte épargne temps (CET), abondé à 30 % par l’employeur, peut être mobilisé. « Les stages ciblés que l’on propose abordent l’après, pour lever les craintes liées au passage à la retraite, notamment financières. Il s’agit d’amorcer les trajectoires de départ tout en maintenant l’activité de nos profils seniors », complète Sofiene Chaabani.
Même son de cloche du côté d’ADP, avec un maintien des cotisations retraites salariales-patronales pour les plus de 55 ans souhaitant travailler à 80 ou 90 %. » Les seniors dont le départ en retraite est prévu dans l’année ont la possibilité d’obtenir jusqu’à 6 jours d’absence rémunérés par an pour s’investir dans une association d’intérêt général », ajoute la DRH.
Si l’accompagnement pour l’après carrière est un engagement fort pour Apicil, son responsable du domaine RH n’en oublie pas pour autant l’intégration des seniors : « Nous somme soucieux de nos seniors en interne mais cela ne nous empêche pas d’également recruter ce genre de profils. L’an passé nous en avons accueilli une dizaine sur différentes domaines, et leur expertise est un apport fort ».
Découvrez le replay de notre webinar : Et si on changeait de regard sur les seniors au travail ?
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