C’est sans doute l’un des enjeux les plus présents dans l’esprit des RH et managers de cette année 2023. Si les entreprises travaillent de plus en plus sur la fidélisation des salariés en mettant en place plus de flexibilité et des augmentations de salaires, elles négligent parfois l’aspect “engagement” de leurs collaborateurs. Car oui, il y a bien une différence entre “fidélisation” et “engagement”, même si les deux sont liés…
A l’heure actuelle, la quête de sens est devenue une priorité pour les salariés, source d’épanouissement personnel et professionnel. De fait, l’entreprise doit désormais répondre à ce besoin grandissant tout en laissant place à la créativité, le tout sans perte d’autonomie. A travers la démocratisation du travail à distance, les avantages tels que le baby-foot, ou autres gadgets ne font plus sensation et se voient même moqués par les talents. Ainsi, il est temps de permettre aux salariés de s’impliquer activement dans des projets internes et de devenir acteurs de leur entreprise.
Le désengagement des salariés français
Une étude menée par Gallup* dans 150 pays du monde révèle que seuls 15% des salariés se considèrent engagés. En France, le chiffre est encore plus bas, puisque seulement 6% des collaborateurs sont engagés dans leur entreprise. Ainsi, 1 salarié sur 4 se considère d’ailleurs totalement désengagé. L’impact direct de ce désengagement est inévitablement le coût associé. Toujours d’après Gallup, ce désintérêt a coûté 7,8 milliards de dollars à l’économie mondiale l’année dernière.
L’une des solutions de cette baisse d’engagement semble résider dans l’apprentissage et la formation continue. En effet 94 % des employés affirment qu’ils auraient envie de rester plus longtemps dans une entreprise si cette dernière investit dans le développement de leur carrière (Source : Rapport 2018 de LinkedIn sur l’apprentissage et le développement au travail) D’ailleurs, Le HR Research Institute mentionne le mentorat et l’accompagnement parmi les cinq actions idéales pour améliorer l’expérience des employés et encourager leur implication.
Rendre les salariés acteurs
Les entreprises ont donc la responsabilité de repenser leur approche des relations humaines, en favorisant l’innovation, la connaissance et la prise de conscience. Néanmoins, si l’on veut aller plus loin et se différencier, ce qui semble intéresser de façon grandissante les salariés, est la possibilité d’être réellement acteur dans leur entreprise incluant le partage et maintien des valeurs en interne. C’est alors que réaliser dans l’entreprise des projets pensés et créés par les collaborateurs eux-mêmes, semble être un moyen très prometteur d’engager réellement les équipes.
L’engagement de ces derniers se manifeste lorsque la majorité d’entre eux bénéficient de la liberté et de la responsabilité de choisir les actions qu’ils considèrent les plus adaptées à la vision commune de l’entreprise. Cet engagement provient de la responsabilité assumée par le collaborateur, qui est étroitement liée à sa capacité à prendre des décisions. Si c’est le manager qui dicte les actions à entreprendre, la responsabilité incombe alors au manager, et l’engagement de l’employé, désormais simple exécutant, disparaît.
L’engagement des collaborateurs peut être ainsi stimulé si l’organisation parvient à satisfaire trois besoins essentiels de l’individu :
1. La nécessité d’une équité fondamentale, qui inclut l’équilibre entre les genres et entre les niveaux hiérarchiques. Cette équité est cruciale pour établir une confiance mutuelle en la capacité intellectuelle de chacun.
2. Le désir d’indépendance, qui concerne la capacité à prendre des décisions et à diriger soi-même. Il ne suffit pas d’étendre les libertés sous surveillance, mais plutôt de s’assurer de ne pas entraver l’initiative et le potentiel des employés.
3. L’aspiration à s’épanouir et à se réaliser, tant au sein de l’entreprise que dans d’autres aspects de la vie.
Et, bonne nouvelle, nous avons la chance en France d’avoir quelques belles initiatives qui vont dans ce sens. C’est le cas de Teamstarter. Le principe est simple : l’entreprise alloue un budget à chaque collaborateur, par exemple 50 euros par mois. Les employés peuvent alors proposer des projets, en détaillant leur budget et en racontant l’histoire derrière l’initiative. Une fois le projet publié, tous les collaborateurs peuvent contribuer financièrement à sa réalisation, grâce au budget qui leur a été alloué. En termes de typologie de projets, la plateforme accueille des initiatives très diverses, allant de la culture d’entreprise à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), en passant par des projets caritatifs et d’innovation.
La créativité des entreprises et des collaborateurs est la seule limite. Une fois qu’un projet atteint 100% de son financement, il peut être réalisé sans processus hiérarchique, en utilisant l’intelligence collective et une approche ascendante (bottom-up). Quand on sait que 73% des salariés français se disent déçus de ne pas disposer d’un moyen de s’engager dans leur entreprise, avec cette solution, l’entreprise leur offre un moyen concret et rapide de le faire.
En conclusion, l’engagement des collaborateurs est un enjeu crucial pour les entreprises qui souhaitent prospérer dans un monde en constante évolution. Pour y parvenir, il est essentiel de répondre aux besoins fondamentaux des salariés, en favorisant l’équité, l’autonomie et l’épanouissement personnel. Les organisations doivent également repenser leur approche des relations humaines et encourager des initiatives telles que le mentorat et l’accompagnement. En adoptant une vision plus humaine et en laissant place à la créativité, aux émotions et à la prise de conscience, les entreprises pourront non seulement susciter un engagement durable de leurs collaborateurs, mais également contribuer à leur épanouissement tant professionnel que personnel.
A lire aussi : « L’IA ne vise pas à remplacer l’humain, mais plutôt à lui faciliter la tâche »
*Source : State of the Global Workplace : 2022 Report Gallup