Déconnexion digitale été
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Et si déconnecter complètement pendant l’été n’était pas toujours la solution ?

Depuis 2017, le droit à la déconnexion est entré dans le Code du travail. Mais dans les faits, cela ne convient pas à tout le monde. Par conscience professionnelle ou par envie, 80 % des dirigeants continuent de travailler pendant leurs congés. Et reconnaissent certains bénéfices. Explications et bonnes astuces de Loic Frissard, fondateur de Digitiz, et de Célina Buttin, fondatrice de La Tribu Kafékouche.

Chaque année, entre mi-juillet et mi-août, la plupart des actifs français désertent les entreprises pour regagner leur lieu de vacances. La législation stipule que les managers et leurs équipes n’ont pas le droit de travailler pendant leurs congés. Ils peuvent donc refuser toutes sollicitations professionnelles pendant cette période. Dans les faits, en revanche, cette déconnexion n’est pas si facile ! Une étude finlandaise, publiée en 2022, a en effet démontré qu’il faudrait 8 jours en moyenne pour déconnecter complètement de ses préoccupations professionnelles, tandis que déconnecter plus de trois semaines rendrait le retour au travail plus compliqué. C’est pourquoi, certains font le choix de ne pas complètement débrancher.

Vacances hybrides

C’est notamment le cas, d’après l’étude* Flashs réalisée pour Digitiz, des dirigeants, des entrepreneurs et des indépendants. Car « leur déconnexion peuvent avoir de plus grandes répercussions sur l’activité et donc sur les recettes à la fin de l’année. Ils redoutent de rater une urgence », décrypte Loïc Frissard, fondateur de Digitiz. En cela, « ils portent une responsabilité que les salariés n’ont pas forcément. »

Conséquence ? Une majorité d’entre eux (85 %) emporte leur ordinateur quand ils partent en vacances « juste au cas où », tandis que 80 % ne déconnectent pas. Pour certains, rester connectés est un moyen de se rassurer ainsi que d’anticiper une surcharge de travail potentielle à la rentrée. « Je ne m’arrête jamais complètement de travailler pendant les vacances, y compris l’été », témoigne Célina Buttin, fondatrice de La Tribu Kafékouche. « J’y prends du plaisir et je préfère parfois avancer sur mon site internet plutôt que lire. »

Cependant, poursuit-elle, « je me concentre sur des tâches non urgentes laissées de côté le restant de l’année. Cela me permet de m’organiser comme je le souhaite, de travailler de manière flexible, sans aucune pression. Certains jours je travaille quelques heures, d’autres je ne travaille pas pour passer du temps avec ma famille. Je ne réponds pas aux mails, car ils génèrent des réponses et des demandes parfois pressantes. Globalement, l’activité se calme naturellement. Tout le monde est en vacances. »

1. Anticiper ou décaler à la rentrée

L’idéal, selon elle, est d’anticiper son départ afin de ne pas à avoir à travailler (ou presque pas!) pendant ses congés, et ainsi partir l’esprit tranquille. « Afin de ne pas être dans la précipitation la dernière semaine, le départ en vacances s’anticipe 2-3 semaines à l’avance », affirme Célina Buttin. Il suffit de dresser en amont une liste de tâches à réaliser. Et si « boucler un dossier est irréalisable avant un départ », ajoute-t-elle, il faut « l’accepter, se réorganiser et le repousser, dans la mesure du possible, à la rentrée. »

2. Déléguer grâce à une relation de confiance

La sérénité de ce départ en congés dépend également des personnes de confiance qui continueront à faire tourner l’activité. Si celles-ci sont autonomes et responsables, le dirigeant peut déléguer en confiance de nombreuses tâches avant son départ et n’être sollicité par ses équipes qu’en cas d’urgence.

3. Désactiver les notifications

Si les outils numériques et les réseaux professionnels nous suivent, même en vacances, il est recommandé de les laisser de côté a minima, voire de désactiver les notifications très intrusives. Résultat ? Chacun est libre du moment de la journée où il souhaite consulter ses mails et autres sollicitations professionnelles. « Réaliser ces petites tâches permettent parfois de ne pas être submergé lors de la reprise », affirme-t-elle.

Dans le cas où l’on ne désire pas répondre aux mails, il suffit de programmer un message automatique stipulant son indisponibilité pendant une durée déterminée, ainsi que les contacts de collègues joignables en cas d’urgence. Autre réflexe judicieux ? Ajouter dans le message d’absence un jour supplémentaire, afin de reprendre dans de bonnes conditions, en prenant du temps pour se concentrer sur les priorités.

4. Organiser des activités personnelles

Dans le but de déconnecter, il est indispensable de créer de nouvelles habitudes. Au lieu de traiter ses mails le matin, il peut être intéressant de consacrer du temps à une activité physique ou à un jeu avec ses enfants. Au fil des jours, les préoccupations professionnelles seront de moins en moins présentes dans l’esprit des travailleurs. A noter que ces temps de respiration ont des bienfaits professionnels, car ils constituent un regain d’énergie et augmentent la créativité. Lors de la reprise, le salarié sera ainsi plus enclin à résoudre des conflits, débloquer des situations, ou encore trouver des idées à développer.

5. Relativiser son rapport au travail

Pour conclure, la question n’est donc pas de déconnecter complètement ou non, c’est plutôt d’avoir un rapport équilibré et personnalisé au travail. C’est d’avoir la capacité de « le mettre à sa juste place », souligne la dirigeante, tant qu’il n’affecte pas négativement la santé mentale ou l’entourage proche.

Si, d’après Célina Buttin, l’exemplarité liée à la déconnexion digitale fait partie des responsabilités du dirigeant à l’égard de ses équipes, cet enjeu reste un choix éminemment personnel. Il dépend de nombreux facteurs, dont la personnalité, les ressources, les envies, ou encore l’organisation de travail.

*Etude menée auprès de 1200 d’entreprises et indépendants par l’organisme de statistiques FLASHS pour la plateforme de ressources numériques Digitiz.fr, et publiée en juillet 2024.

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