Peu de temps après sa prise de fonction en tant que Premier ministre, Gabriel Attal avait indiqué ne pas dormir « plus de quatre heures par nuit », voire « enchaîner plusieurs nuits sans sommeil », quitte à dormir davantage le week-end. Dès 2020, Emmanuel Macron tenait des propos similaires. Le paysage politique semble valoriser une quête incessante à la performance et ce, au détriment du sommeil. Une tendance similaire en entreprise, selon Christophe Nguyen, président du cabinet de qualité de vie au travail Empreinte Humaine. Cependant, « épuisement n’est pas synonyme de performance, alerte-t-il. Au contraire. Nous devons collectivement arrêter de glorifier les dirigeants disponibles en permanence, qui se déconnectent tard de leurs écrans, et dorment peu. Nous devons également cesser de les considérer comme des êtres hors normes qui devraient se sacrifier. Cet ancien modèle de travail valorisant le sur-engagement et le dévouement sans limite pour une entreprise n’est pas le bon, car il n’est pas durable. »
Capacités neurologiques affectées
Les conséquences délétères sur la santé sont, en effet, nombreuses. Voire dramatiques dans certains cas. Dans une étude d’octobre 2022, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) indiquait que le manque de sommeil pouvait avoir de lourdes répercussions sur les capacités neurologiques de l’individu, comme la perte de mémoire ou la baisse de la vigilance. L’institut américain National Institutes of Health (NIH) a présenté en mai 2020 des résultats allant dans ce sens : sous l’effet de manque de sommeil, « les personnes habituellement réfléchies et prudentes deviennent plus impulsives et enclines à prendre des risques », peut-on lire. Cette altération du comportement, et cette perte de lucidité, ne permet plus aux individus, de surcroît aux dirigeants, de prendre de bonnes décisions. A noter que dormir davantage le week-end ne compense pas la totalité des heures de sommeil perdues en semaine. Une sieste d’une trentaine de minutes entre 13 et 15 heures est préférable pour récupérer.
Outre l’impact négatif sur le cerveau, une mauvaise quantité (et qualité) de sommeil peut entraîner, toujours selon l’Inserm, des accidents cardiaques, une prise de poids, du diabète, des symptômes dépressifs, de l’irritabilité, une baisse de l’efficacité du système immunitaire, ou encore de l’hypertension. Aussi, pour se prémunir de ces problèmes de santé, le dirigeant Christophe Nguyen suggère à ses homologues de montrer l’exemple, d’accorder de l’importance à leur vie sociale, de prendre du temps pour exercer des activités sportives : « Ce sont des comportements protecteurs que les managers doivent adopter pour rassurer leurs équipes et permettre à tout le monde d’être reposé, et donc performant. »
Si le besoin de sommeil est propre à chaque personne, l’organisme français de recherches scientifiques préconisait de dormir entre 7 à 8 heures de sommeil par nuit afin d’optimiser ses chances de rester en bonne santé. « Le sommeil est la forme la plus aboutie du repos. Il permet à l’organisme de récupérer sur le plan physique et mental », précise-t-il. Alors… « Dormez bien, Monsieur Attal« , plaide Les Echos.