On estime qu’environ 1 employé sur 4 souffre d’hyperstress, c’est-à-dire d’un stress chronique qui affecte la santé physique et mentale (1). Comment réduire le stress dans nos journées de travail ? Découvrez les regards croisés de 5 personnalités présentes lors de l’événement « Better at stress » organisé par la start-up moka.care.
Camille Lacourt, quintuple champion du monde de natation : « Se fixer des objectifs concrets et accumuler le positif »
« Pour réduire le stress en vue d’une compétition, je ne me fixais qu’un seul objectif : me donner à 100 % ! Je ne me disais pas que je voulais être le meilleur du monde, cela aurait été trop effrayant ! Même si au final je l’ai été. Le stress est quelque chose de positif, il montre que l’échéance est importante pour nous, que ça nous fait vibrer. Pour moi, deux éléments sont clés pour le canaliser : la préparation (avoir travaillé suffisamment en amont), ce qui permet de se sentir solide et confiant, mais aussi des exercices de visualisation le jour J. Ils me permettaient de gérer l’excitation : quand j’avais une boule au ventre, j’imaginais par exemple une tornade qui, en tourbillonnant, enlevait le négatif et m’apportait de l’énergie. Cela marche aussi avec une petite roue ! A chacun de trouver l’image qui lui parle le plus. Pour d’autres ce sera la musique. Tout cela aide à être serein au quotidien, même dans les bouchons ! Il est aussi clé de se fixer des objectifs concrets qui apportent de la satisfaction, notamment lors des entraînements. Cela permet d’accumuler du positif. Comme les enfants, nous avons besoin de récompenses pour avancer ! Au lieu de vous blâmer à la fin d’une journée de travail parce que vous n’avez pas fait ceci ou cela, que vous auriez pu faire plus, soyez honnête avec vous-même, félicitez-vous pour le travail accompli et n’hésitez pas à réajuster vos objectifs. L’idée n’est pas de vous chercher des excuses, mais d’avoir un état d’esprit positif et réaliste. Enfin, dans les quelques minutes précédant le grand saut, je marchais toujours droit, avec une certaine arrogance. C’était comme une armure, je dégageais de la confiance et mes adversaires le ressentaient. Je le voyais sur leurs visages. »
Arnaud Serrats, ancien négociateur du GIGN : « Dédramatiser les enjeux »
« Nous sommes inégaux face au stress. Certains y sont très résistants, d’autres pas. Et puis la même personne saura peut-être très bien faire face au stress dans sa vie professionnelle, mais pas dans sa vie personnelle, ou inversement ! Il faut rappeler que le stress est à l’origine un mécanisme de survie face à un événement extérieur. Aujourd’hui, nous sommes peu confrontés à des questions de vie ou de mort. Il est donc nécessaire (et utile !) de dédramatiser les enjeux. Mon tips pour réduire un stress qui paralyse pour soi ou pour les autres ? (Se) poser des questions ouvertes. Au lieu de demander « Comment allez-vous ? », les pompiers demandent ainsi « Sur une échelle de 1 à 10, où vous situez-vous ? ». Cela oblige à être rationnel, à ne pas se laisser happer par les émotions, et évite la réponse mécanique : oui ou non. »
Céline Lazorthes, co-CEO de Résilience : « Être soi, avec ses vulnérabilités »
« Dans l’aventure Leetchi, le stress est venu en cours de route avec la notoriété. J’ai entrepris seule, juste après mes études, sans associé et devoir assurer une image publique me tétanisait. J’ai appris que l’important c’est d’être soi, avec ses vulnérabilités. Et cette transparence suscite aussi la confiance des collaborateurs en interne, encore aujourd’hui dans ma nouvelle entreprise. »
Jérémy Clédat, CEO de Welcome to the Jungle : « On est plus créatif quand on a des contraintes »
« Le stress a ceci de bon qu’il oblige à prendre des décisions. Je trouve que l’on est plus créatif quand on a des contraintes, une deadline serrée. Si vous n’avez pas de date, si vous avez beaucoup de temps, la créativité baisse, ce n’est pas stimulant. »
Marie Robert, philosophe et autrice : « Le règne de l’immédiateté »
« On assiste à une accélération permanente du temps dans notre société, tout va plus vite, dans toutes les sphères de notre vie. On le ressent tous dans nos journées. En matière de communication par exemple, c’est le règne de l’immédiateté. Cela peut en effet être positif et nous aider à choisir, à prendre des décisions. Mais cela peut aussi nous pétrifier tellement il y a de choses à faire, au gré des notifications. On ne sait plus par où commencer ! Ce qu’il nous manque ? Être en résonnance, comme l’a montré le philosophe et sociologue Hartmut Rosa. Cette résonnance peut être horizontale : un café avec des collègues que l’on apprécie, on dialogue vraiment, il se passe quelque chose. Elle peut aussi être verticale : on se promène en forêt ou au bord de l’océan, on vibre avec l’environnement qui nous entoure. Enfin, elle peut être en diagonale : on apprend un nouveau geste, une technique, on utilise nos mains pour fabriquer, jouer avec la matière. On se relie à des gestes ancestraux (faire du pain, etc.). Quand cette résonnance arrive, c’est beau. Alors j’ai une question à vous poser : est-ce que vous vous laissez la possibilité de vivre ces moments de résonnance dans votre vie ? Ils vous aideront à réduire le stress mais aussi à revoir votre rapport au temps. Au travail, il est nécessaire de rétablir des moments de pause, des moments de réflexion, de passer du temps ensemble. Ces espaces, formels ou informels, servent une performance durable, ils permettent de ne pas être uniquement dans le faire, de renforcer les liens, de se connaître. Autorisez-vous à prendre ce temps. »
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(1) Selon l’Observatoire de la santé psychologique au travail de Stimulus et l’OMS.