« L’excès de contrôle étouffe le désir des gens. Et s’il n’y a plus de désir, c’est la dépression. » Voilà comment Delphine résume son cumul d’activités. Delphine est psychologue clinicienne. A la fois en libéral à Bordeaux et au sein d’un service de protection de l’enfance à Massy, en région parisienne. Elle est ce que l’on appelle une « slasheuse ». En 2022, ils sont 6 millions de slashers à avoir intégré une seconde activité à leur vie professionnelle selon Culture RH. Au début, Delphine ne voulait être que salariée à temps plein. Elle envisageait le libéral plus tard dans sa carrière. Mais cette double activité s’est imposée à elle. Delphine ne trouvait pas un job salarié à temps plein, mais seulement des temps partiels. Lors de son entretien d’embauche, son futur employeur francilien n’a pas eu peur de lui proposer un mi-temps alors qu’elle habitait Bordeaux. Delphine lui avait été recommandée par l’une de ses collègues avec laquelle elle avait déjà travaillé. Qui plus est, depuis le Covid, les réunions d’équipe du lundi ont lieu une semaine sur trois en distanciel. Il lui a juste demandé de s’engager sur du moyen terme.
Cette double activité permet à Delphine d’améliorer sa pratique. L’exercice en libéral nourrit l’exercice salarié et vice versa. C’est, par exemple, le cas pour les techniques d’entretien. Delphine n’a pas le même positionnement face à un patient en libéral que face à une famille en protection de l’enfance. Le danger pour un psychologue est de finir par se laisser enfermer dans ses propres croyances lorsque les consultations finissent par trop se ressembler. Sachant que les patients sont très sensibles à l’état psychique du praticien, cette gymnastique entre ses deux environnements de travail est un énorme bénéfice pour Delphine et ses patients. Elle lui permet de moins souffrir en prenant du recul sur les situations et lui apporte plus de souplesse et donc moins de rigidité dans son positionnement face à ses patients.
Cette double activité n’est pas un sujet de préoccupation pour son employeur qui a vraisemblablement conscience que la multiplication des expériences est gage de qualité pour les familles qu’ils suivent. Il prend en charge la moitié de ses billets de train Bordeaux/Paris.
Aujourd’hui, Delphine n’a aucune envie d’être salariée à temps plein. Le libéral lui offre une liberté qu’elle ne trouverait pas en étant salariée. Elle est libre d’aménager ses horaires et aussi de choisir de travailler ou non avec tel ou tel patient. Delphine n’a aucune envie non plus d’exercer son activité à 100% en libéral parce que faire partie d’une équipe est plus riche et plus sécurisant pour elle.
Les conditions du succès :
> Etre au clair sur l’organisation du travail de l’équipe
> Accepter que le salarié partage sa semaine de travail avec un autre employeur d’autant que 37% de la génération Z préfèrent le temps partiel pour l’occuper sur une autre activité selon le « 2020 Global Talent Trends report » de LinkedIn
> Prendre en charge les frais de déplacement lorsque les 2 activités ne sont pas exercées dans la même région
Cette pratique est puissante car :
> Elle permet au salarié de développer sa pratique et ainsi d’apporter un service de meilleure qualité aux clients de l’entreprise
> Elle permet au salarié de se sentir en sécurité psychologique car il peut parler librement à son employeur de son autre activité
> Elle permet au salarié de trouver du sens à son travail
> Elle permet au salarié de se sentir considéré par son employeur parce que ce dernier accorde de la valeur à son autre activité professionnelle