La journée nationale de l’hypersensibilité a lieu chaque année le 13 janvier. Le philosophe et fondateur de l’École occidentale de méditation Fabrice Midal est lui-même hypersensible et a écrit, en 2021, deux ouvrages à ce sujet : « Suis-je hypersensible ? Enquête sur un pouvoir méconnu » et « Suis-je hypersensible ? Le cahier pratique : 40 situations – 40 solutions ». Il décrypte cet état, ses atouts et la manière de l’appréhender en entreprise.
Quelle est la définition de l’hypersensibilité ?
Etre hypersensible, c’est être particulièrement sensible, c’est-à-dire percevoir de manière plus aiguë ce qui se passe autour de soi. Il y a six critères à prendre en compte pour savoir si l’on est hypersensible :
– le fait de percevoir de manière plus développée que la normale les sons, les odeurs et/ou le goût. En fonction des hypersensibles, tous les sens ne sont pas si développés : en général, il y en a un qui est perçu avec une intensité plus grande ;
– l’empathie : la capacité à ressentir ce que les autres éprouvent, à saisir l’angoisse de l’autre ;
– la perception des choses avec une grande intensité : les émotions sont décuplées, comme sur des montagnes russes. Mais tous les hypersensibles n’ont pas toutes leurs émotions très développées ;
– la créativité : la capacité à inventer des chemins auxquels les autres ne pensent pas. Mais certains hypersensibles n’ont pas développé ni cultivé ce don car ils se sont bridés ;
– le fait d’être mal à l’aise avec le jeu social : les luttes de pouvoir les heurtent car ils ont un souci d’authenticité et de sincérité ;
– l’esprit en « pop corn », avec des pensées qui surgissent dans tous les sens.
Aujourd’hui, même si le mot est employé un peu à tort et à travers, des études en biologie et des analyses en neurosciences ainsi que sur la compréhension de l’évolution permettent de considérer l’hypersensibilité comme un trait qui marque 15 à 20 % de la population. Dans l’histoire de l’évolution, il est montré que toute société a besoin des hypersensibles. Ainsi, en cas de danger, ce sont les premiers à percevoir les signaux faibles. Et ils sont aussi ceux qui font des découvertes. On comprend, à présent, mieux leur rôle.
À lire aussi : Comment aider ses salariés à contrer le syndrome de l’imposteur
Pourquoi les hypersensibles sont-ils précieux en entreprise ?
Ils sont souvent perçus comme sortant du cadre et cela peut créer des tensions avec les managers et/ou les autres collaborateurs. Car ils ont tendance à ne pas tout à fait effectuer ce qui leur est demandé. Ou, par exemple dans une réunion, si un hypersensible sent que l’équipe va dans la mauvaise direction, il peut faire preuve de résistance, ce qui peut passer pour une forme de rejet… Leur extra-lucidité, liée à leur intuition, peut faire peur. Mais cela permet de faire bouger les lignes, d’inventer de nouveaux concepts. Donc c’est très important d’avoir des hypersensibles dans une équipe pour éviter la routine. Dans beaucoup de métiers, les plus compétents sont les hypersensibles : des grands chefs cuisiniers ou d’entreprises aux designers.
« Le problème n’est pas l’hypersensibilité, mais le regard social porté sur elle »
Comment les hypersensibles peuvent-ils survivre dans le monde du travail ?
C’est très difficile car ils se sentent décalés. Le premier conseil, c’est de reconnaître que l’on est hypersensible et de ne pas se sentir anormal. Le découvrir est une révélation, un soulagement. Mais, d’un autre côté, l’hypersensibilité ne doit pas être imposée aux autres, il faut la travailler. L’idée est de contrebalancer le fait de vivre intensément les situations par la création de liens authentiques et sincères. L’empathie est un atout ! Et il est nécessaire d’être patient, bienveillant et pédagogue vis-à-vis de ses collègues.
Quelle posture adopter pour manager des hypersensibles ?
Il faut avant tout les identifier, afin de comprendre qu’il ne s’agit ni d’une personne capricieuse ni de quelqu’un qui fait exprès de compliquer les choses ou de faire preuve de mauvaise volonté. En réalité, ce sont des personnes qui sont très motivées car elles prennent à cœur ce qu’elles font et sont touchées de manière profonde. Pour autant, elles ne sont pas fragiles ! Elles peuvent être vulnérables si elles se sentent coupables et si elles n’acceptent pas leur hypersensibilité. Le problème n’est pas l’hypersensibilité, mais le regard social porté sur elle.
À lire aussi : Comment manager les salariés introvertis