Tribune. Connaissez-vous ces collaborateurs consciencieux qui listent scrupuleusement les tâches à accomplir ? Les voyez-vous tendus, prêts à écluser l’eau du bateau qui prend l’eau ? Sentez-vous, en fin de journée, combien cet effort permanent sur des multiples opérations, toujours commencées, toujours interrompues, les épuisent ? Nous les avons tous rencontrés. Nous vivons avec eux, nous travaillons avec eux, nous dormons avec eux. Il ne s’agit que de nous ! Par Jean Grimaldi d’Esdra.
Un patron de start-up, rencontré récemment, s’affronte à une surchauffe des membres de l‘équipe. Lancer, réagir, répondre, corriger, innover, progresser … Les actions sont multiples, nécessaires, évidentes pour tenir la mer et les objectifs… mais certains s’épuisent. Trop de choses, trop de sujets, trop vite, sans pause, jamais. Il faut bien être au rendez-vous des résultats. Il ne s’agit pas de dire : certains sont plus faibles, ont moins de résistance. Pour répondre aux besoins des clients, il faut parfois ralentir, approfondir, consolider.
Devant le rythme effréné, ce patron constate que le burn-out n’est pas qu’une expression. C’est une drôle de réalité pour un “doux” mélange de motifs professionnels et personnels. Le moteur est grillé, la voiture s’arrête. Vidée, la personne ne peut plus avancer. On veut la vitesse ? On ne peut l’imposer pour tout à tous, toujours. Il faut panacher : Fast and Focus. Ainsi la vitesse est modérée par la concentration de l’effort. Vite mais sur un objectif limité. On passera ensuite à autre chose.
Ce n’est pas la seule manière d’éviter les burn-out, mais cela a le mérite de montrer la vertu du pouvoir de notre attention. Le focus est un point sur lequel nous allons concentrer notre attention et nos efforts pour un résultat réaliste.
1- Nous voulons toujours être efficaces
Nous recherchons l’efficacité et nous nous épuisons dans cette quête. Quel paradoxe que l’efficacité ! Nous pensons l’atteindre par des outils très sophistiqués, par des processus complexes, par le recours aux gens les plus doués. La bonne image du Focus, c’est la loupe, le soleil et le brin d’herbe. Concentrer quelques instants le rayon de soleil sur un brin d’herbe fera prendre feu à cette herbe, qui simplement caressée par le rayon aurait tiédie, sans plus.
2- Or pour être efficace, il faut s’économiser
Nous atteignons une efficacité durable, reproductible par un effort d’attention très personnel qui se mobilise par vagues. Il revient systématiquement sur un même objet, sur un même but. On connaît l’image : des litres d’eau versés sur une pierre n’ont pratiquement aucun effet; une goutte d’eau tombant constamment sur un même point finira, sur la longue durée, par créer une cavité. Rapidité ? Efficacité ?
3- Le focus est le moyen universel pour devenir excellent
C’est l’effet conjugué de l’attention, de la répétition, de la persévérance, de la consolidation de micro-progrès. C’est la fable du Lièvre et de la tortue… Cela est valable pour tout domaine. Le sportif, avec obsession, améliore son temps en travaillant quelques gestes, sans fin. L’homme de méthodes affine les deux ou trois outils qui lui donnent l’avance sur tous. Il ne faut pas innover sans cesse, il faut améliorer, maîtriser l’existant, capitaliser.
Réaliser des objectifs business, réussir une activité, n’est-ce pas limiter son champ d’action ? Moins de produits mais plus d’attention client.
Apprendre une matière, une langue, une technique ? Ceux qui s’y consacrent un petit moment chaque jour deviendront bons, excellents, spécialistes.
Réussir, c’est concentrer son effort. Focus pour l’essentiel, c’est le secret des hommes limités qui vont loin.
Jean Grimaldi d’Esdra est directeur associé de Formadi et directeur pédagogique à l’Edhec Executive Education.
Sites à visiter : www.jean-grimaldidesdra.com