Depuis mars 2020, tout a été totalement bouleversé. Nombreux sont les organismes de formation à s’être adaptés en bouleversant leurs habitudes, en passant la plupart des sessions en distanciel et ont par la suite proposé des formules hybrides mêlant distanciel et présentiel. Dans ce contexte, comment appréhender les choses en 2021 ? Quelles seront les grandes tendances en matière de formation pour les cadres, autant au niveau du contenu que des modalités d’enseignement ?
« Il n’y aura pas de retour à la société antérieure”, tranche David Garbous, directeur du MSC communication et marketing responsable, ISC Paris. “Nous avons été contraints d’organiser des formations à distance et cela va durer. Il faut aujourd’hui être capable de le dépasser et s’en amuser », ajoute-t-il. Selon cet expert, en matière de formation, savoir travailler en distanciel va devenir fondamental et les professionnels de la formation devront être capables d’être innovants en distanciel. Et notamment de trouver des leviers d’interaction pour rendre les choses ludiques.
Dans ce contexte, le groupe IGS a proposé, pendant le premier confinement, des formations en digital learning accompagnées d’un coach professionnel et expert dans son domaine. Ce type de dispositif permet de créer un équilibre par rapport à une formation en full distanciel.IGS propose aussi des formules en blended learning avec des classes virtuelles qui permettent de documenter les sessions en présentiel à partir d’une plate-forme de vidéos. Une tendance qui est également amenée à se poursuivre et à se développer cette année. « Plus que jamais, les formules sont à adapter en fonction du contexte et des populations à former », expose Gilles Pouligny directeur général adjoint en charge de la Formation Continue et des Partenariats chez groupe IGS.
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Adaptative learning
En parallèle de ce mouvement et selon le livre blanc publié par Empowill, l’heure est à l’adaptative learning. « Le contact, les échanges et la dynamique de groupe, voilà ce que les cadres recherchent dans leur parcours de formation », estime le cabinet de consulting en ressources humaines. Un constat qui permettrait d’expliquer le succès limité du e-learning souvent jugé impersonnel. Pour autant dans un contexte où pour des raisons sanitaires le présentiel, s’il n’est pas amené à disparaître, ne sera pas non plus développé en priorité cette année, l’adaptative learning, qui implique à l’apprenant des modules qui s’adaptent en temps réel à son niveau et son profil pourrait être la bonne alternative. Pour mettre en place ce type de démarche, Empowill conseille en premier lieu d’identifier les objectifs individuels de chaque apprenant, de paramétrer son outil de formation en tenant compte des objectifs et des hypothèses prédéfinis et aussi d’être capable de faire évoluer la formation en permanence. Il est donc important d’observer ses évolutions, de rester agile afin notamment d’adapter les formations futures.
Parmi les autres tendances digitales que l’on observera très probablement cette année dans un contexte dans lequel les entreprises auront encore du mal à favoriser le distanciel, figure également la réalité augmentée. Un système qui permet de superposer du virtuel sur un environnement visible et qui permet aux collaborateurs de découvrir notamment de nouvelles procédures dans des conditions réelles. Une technologie qui se développe notamment beaucoup ces dernières années pour les cadres dans le secteur du marketing. De la même manière, la réalité augmentée qui enrichit le réel avec des éléments virtuels fera également sans doute partie des formations mises en place cette année dans les entreprises. Selon le cabinet Hays, « la mise en place de cet outil en interne et la simulation de situations complexes permettent l’apprentissage de nouvelles compétences. »
L’intelligence artificielle occupera également une place de choix dans les formations cette année notamment par le biais de technologies qui consistent à développer un algorithme intelligent intégré aux outils de formations afin d’analyser le comportement de la personne formée et ainsi d’adapter les modules. Selon Hays, en récoltant des données cette technologie permet de connaître les besoins du collaborateur, ses lacunes et ses points forts et encore une fois de mettre en place la formation la plus personnalisée possible. « En proposant des informations utiles et plus pertinentes au salarié, il est ainsi possible d’utiliser l’ancrage mémoriel, une technique visant à mémoriser durablement l’information désirée. »
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Finances, marketing, management…
Au niveau des contenus, les demandes de formation professionnelle les plus importantes pour les cadres cette année se situeront sans nul doute sur les thématiques d’engagement et de RSE. Dans ce contexte, « il y a un déficit flagrant d’offres dans les écoles sur ces sujets, remarque David Garbous. Il n’y a pas vraiment d’offres formatées sur ce créneau. » Ce spécialiste observe également beaucoup de questionnements et de remises en cause du côté des entreprises, et que dans ce contexte, deux fonctions sont particulièrement challengées à savoir la finance et le marketing et ce, sur les leviers de la RSE et de l’engagement. « Les départements finances des entreprises sont sous la pression des fonds d’investissement qui considèrent que les entreprises doivent être capables de s’engager en matière de RSE, avec une attente forte d’intégrer ces éléments dans les ratios financiers, assure David Garbous. Il va y avoir de la demande en matière de formation à ce niveau là. » Il souligne également que les professionnels du marketing connaissent de profondes mutations de leurs métiers toujours liées à la RSE et que ce mouvement donnera lieu à de nouveaux besoins en matière de formation. « Les marketers doivent désormais intégrer ce regard sociétal sur leur métier, se former et adapter de nouveaux réflexes ».
Selon Gilles Pouligny, les managers seront inévitablement au centre des demandes de formation cette année. « Les entreprises ont tiré les enseignements en 2008 par rapport aux cadres et au management intermédiaire, explique-t-il. Ce sont des maillons essentiels pour recréer du collectif. » Dans ce contexte, le groupe IGS est d’ores et déjà très sollicité sur le management autour de la création du collectif.
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Se former via les podcasts
Depuis le début de la pandémie, les entreprises ont été nombreuses à utiliser l’audio pour poursuivre leurs plans de formation. Et il y a fort à parier que ce mouvement se poursuivra cette année. Une accélération qui n’est pas passée inaperçue aux yeux de Pierre Denis, fondateur de Tootak, institut de formation par l’audio et notamment le podcast. « Notre activité consiste à créer des contenus de podcasts, explique-t-il. Les demandes ont été importantes sur les thématiques de la RSE et du management. » Parmi les thématiques dernièrement traitées, comment aider les managers à animer les équipes entre présentiel et distanciel ou encore du contenu sur la gestion du stress ou sur les bonnes pratiques en matière de micro-sieste.
Tootak propose aux entreprises des contenus sur-mesure. « Nous avons fait le pari que 100 % des entreprises vont digitaliser leurs contenus en matière de formation et que 20 % se fera par l’audio. » En 2020, 130 podcasts ont été créés pour des marques aussi diverses que Kellogs, Ferrero ou encore Chanel.
Tootak met à disposition de ses clients une application mobile avec un espace réservé aux collaborateurs qui peuvent retrouver les podcasts disponibles et faire de l’auto-formation. D’après les retours clients, Tootak constate que le contenu est utilisé en onboarding, en animation d’équipe mais aussi en formation permanente.