Ce mardi, les salariés d’EDF ont fait grève pour obtenir des hausses de salaires, tandis que la direction a rappelé un « contexte d’endettement élevé » de près de 65 milliards d’euros, au moment où des investissements sont nécessaires pour relancer le nucléaire. Cette mobilisation, qui s’ajoute aux autres contestations sociales qui agitent la France cette semaine, illustre les conséquences d’un mauvais dialogue social où les deux parties, en raison d’intérêts divergents, ne trouvent pas de terrain d’entente.
C’est pourquoi, il est important d’instaurer un dialogue social solide avant qu’une crise éclate, souligne Fabien Guimbretière, secrétaire général à la CFDT. Cela repose sur la « volonté des différentes parties de le faire vivre ». Si certains employeurs se contentent de remplir les exigences réglementaires, fixées par le Code du travail, « cela n’ouvre pas pour autant les discussions » regrette-t-il. Il s’agit alors, selon lui, d’établir un échange régulier entre les différents acteurs du monde du travail pour créer un climat de « confiance, d’engagement et de sens des responsabilités que tout le monde s’engage à respecter ».
En conséquence, lorsque des sujets majeurs seront débattus, un dialogue de qualité préalable permettra de surmonter « les désaccords, qui font parti du dialogue », insiste-t-il, et ainsi de trouver un point d’équilibre pour mettre facilement en œuvre les décisions prises et les faire accepter collectivement.
Instaurer un rapport de force
Au regard des tensions économiques et environnementales croissantes en France, les crises pourraient se multiplier en entreprise. Or, d’après Fabien Guimbretière, depuis les ordonnances Macron de 2017, le dialogue social serait moins fluide. Il appelle à redéployer des moyens humains et financiers : « Nous avons besoin de plus d’élus, de plus de temps, et de moins de sujets à traiter simultanément, car actuellement nous en bâclons certains. Il est important qu’il y ait une volonté patronale de ne pas dire « non » à toutes les suggestions faites et essentiel que les employés fassent de nouvelles propositions si besoin, car cela contraint l’interlocuteur à répondre. Tout réside dans l’instauration d’un rapport de force ».
Si l’absence de dialogue social persiste, l’employeur s’expose à une non-acceptation totale par les salariés des décisions prises, et donc des congés maladie en cascade ou encore des vagues de départs importantes. Cette situation délétère va fortement impacter le développement économique des entreprises sur le long terme. « Pendant la crise du Covid-19, des entreprises spécialisées dans l’agroalimentaire ont dû assurer la continuité de l’activité, en dépit des risques sanitaires encourus, se souvient-il. Celles qui ont su faire face avaient mis en place un bon dialogue social avant que la crise éclate. La confiance était suffisamment solide pour qu’une réorganisation rapide sans résistance soit possible. Actuellement, « en ce qui concerne les agriculteurs, ce n’est pas tout à fait la même chose, car ce sont des concertations avec le gouvernement, mais la mécanique de fond est la même », termine-t-il.