Depuis le début de l’année 2023, l’inflation a atteint des taux inédits : elle oscille entre entre 7,0 % au premier trimestre et une projection de 4,5 % pour le quatrième trimestre. Ce contexte met à rude épreuve les ménages français : selon un sondage OpinionWay pour May, 49% des salariés avouent avoir du mal à s’en sortir financièrement et 89% souhaitent que leur entreprise les soutienne. Bonne nouvelle, il existe un panel de leviers pour valoriser leur pouvoir d’achat. Lesquels activer et comment ? Décryptage.
Prérequis : une communication claire sur la rémunération
« Le salaire fixe n’est qu’une composante de la rémunération, il existe pléthore d’éléments qu’il est possible et nécessaire de valoriser auprès des collaborateurs », souligne Julien Niquet, cofondateur et président d’Epsor, une start-up qui vise à rendre l’épargne salariale plus accessible. En effet, la première étape pour soutenir ses salariés est de faire connaître toutes les composantes de leur rémunération : « Chacun doit comprendre ce que fait l’entreprise tout au long de son expérience collaborateur. » Dans cette optique, selon lui, les RH et managers doivent endosser le rôle d’ambassadeurs de la politique salariale. En travaillant la transparence, en filigrane, les équipes disposent de plus de visibilité sur les primes existantes, l’intéressement ou participation, les avantages sociaux…
Titres-restaurant : l’avantage chouchou des Français
82% des salariés jugent les avantages sociaux distribués par les entreprises comme essentiels pour soutenir le pouvoir d’achat (selon le même sondage OpinionWay susmentionné). Et en tête de liste caracole le titre-restaurant ! Or, seuls 43% d’entre eux déclarent en percevoir aujourd’hui. Ce qui offre une certaine marge de manœuvre aux employeurs. Autre levier d’action : augmenter la valeur du titre. En effet, le montant journalier idéal serait de 15€, alors qu’en moyenne il est de 5 € par jour. « L’usage étant quotidien, il y a un effet direct pour les salariés en termes de valeur marchande », explique Julien Niquet. À noter que le titre-restaurant peut être utilisé pour faire ses courses avec un plafond quotidien à hauteur de 25 euros jusqu’à fin 2024. Dès 2025, les produits non consommables en supermarché ne seront plus pris en compte : pâtes, viandes et poissons frais, œufs, farine, riz…
Accès au crédit immobilier : un vrai plus face à la hausse des taux
Iroko, fintech basée à Paris, a mis en place un dispositif pour aider ses 60 collaborateurs à obtenir un crédit pour leur résidence principale. L’entreprise subventionne leurs prêts immobiliers en payant une partie du taux d’emprunt, en prenant 1% à sa charge (jusqu’à 200 000 euros d’emprunt). Une opération rendue possible par le partenariat avec la SOFIAP, qui conçoit des prêts subventionnés avec les entreprises. « Notre raison d’être est de rendre l’épargne accessible : dans cette logique, il était naturel d’en faire profiter nos équipes en facilitant les démarches d’accès à leur résidence principale », souligne Charles Duclert cofondateur de la startup. Ce dispositif, opérationnel depuis trois mois, a déjà permis à un collaborateur (et trois en cours) de devenir primo accédant.
Mutuelle : une meilleure prise en charge
Depuis 2016, tous les employeurs du secteur privé ont l’obligation de fournir une mutuelle de santé collective à leurs salariés, et participer au moins à hauteur de 50 % du prix des cotisations. Or, certains soins de santé, et notamment les frais dentaires et d’optique, peuvent peser lourd dans leur budget. L’entreprise a tout intérêt à choisir une bonne mutuelle et/ou à prendre une part plus grande dans le financement. « C’est une partie peu visible de la rémunération, or elle est primordiale. Ma recommandation est de remettre en question les prestataires pour essayer d’augmenter la couverture des salariés car, encore une fois, ça génère un effet direct sur leur pouvoir d’achat », explique Julien Niquet.
Acompte ou salaire à la demande : l’ère de la flexibilisation a sonné ?
L’une des solutions possibles aux problèmes de trésorerie des salariés est l’acompte sur salaire. Un droit qui est d’ailleurs inscrit dans le Code du travail. Tous les salariés qui perçoivent mensuellement une rémunération ont la possibilité d’en bénéficier, qu’ils soient en CDI ou en CDD, à temps partiel ou à temps complet. Ces derniers doivent patienter le 15 du mois en cours pour solliciter cet acompte. Déjà pratiquée dans l’intérim, ce type de versement se développe avec l’arrivée de nouveaux acteurs tech tels que Stairwage ou Rosaly qui bousculent la mensualisation. En effet, ces deux solutions permettent aux salariés de recevoir instantanément, au fil du mois, une partie du salaire déjà gagné. Ces pratiques ouvrent la voie du « salaire à la demande » déjà bien ancré dans la gestion RH outre-Atlantique (États-Unis, Canada, etc.).