Il n’est pas nécessaire d’être un génie scientifique pour devenir un entrepreneur à succès. Parfois, il suffit de miser sur des idées basiques, tellement évidentes qu’on se demande pourquoi personne n’y a pensé avant ! C’est avec cet état d’esprit plein de bon sens qu’Ingvar Kamprad a construit la réussite d’IKEA, le géant suédois du meuble en kit.
Il y a des gens qui, depuis toujours, ont dédié leur vie à la musique, au sport ou à la science. Et il y en a qui l’ont dédiée au commerce. C’est le cas d’Ingvar Kamprad, né en 1926, fils de modeste agriculteur, qui a grandi dans la campagne reculée de Suède. La certitude du jeune garçon est qu’il ne veut pas subir la même vie laborieuse que celle de ses parents. Alors, même si son père lui répète qu’il n’est qu’un bon à rien, Ingvar Kamprad travaille d’arrache-pied pour se sortir de sa condition, que ce soit dans la ferme familiale, à l’école, ou dans son petit commerce.
Une vie dédiée au commerce
Comme il n’y a pas d’épicerie dans son village, les paysans sont obligés de faire des kilomètres pour acheter ce dont ils ont besoin. Le jeune homme, encore écolier, passe son temps libre à développer un petit négoce en porte-à-porte, sur son vélo. Il commence par vendre au détail des allumettes qu’il achète en gros en ville, puis étend son activité à toutes sortes de produits. Alors qu’il n’a que 17 ans, son négoce informel devient officiel avec la création de son entreprise. L’idée est alors de développer la vente par correspondance, à l’aide d’un catalogue imprimé au lycée. Sur la cabane qui lui sert d’entrepôt, devant la ferme familiale, il peint le nom de son entreprise : son nom (Ingvar Kamprad), le lieu-dit (Elmtaryd) et la commune (Agunnaryd), dont les initiales donnent IKEA. À ses débuts, IKEA vend un peu de tout. Mais progressivement, le jeune entrepreneur s’aperçoit que les articles dont ses clients sont le plus friands, parce qu’ils peinent à en trouver, sont les meubles. Alors, progressivement, IKEA se spécialise dans le mobilier rustique mais bon marché à destination de paysans modestes, un créneau qui restera sa marque de fabrique. Il ne manque plus que quelques innovations pour transformer la petite PME du fin fond de la Suède en un géant mondial…
A écouter : Le podcast « Entrepreneur de légende » sur Ingvar Kamprad
Gillis Lundgren fut un des premiers salariés d’IKEA. Un beau jour de 1956, il devait livrer une table fine et légère, mais pourvue de longs pieds. La place que prenait l’objet et sa fragilité l’ont conduit à dévisser les pieds pour faciliter le transport, il ne prendrait que quelques minutes au livreur pour assembler les pieds chez le client. Sans même le savoir, Gillis Lundgren venait d’inventer le meuble en kit ! Spontanément, Ingvar Kamprad comprend tout l’intérêt qu’il peut tirer de la livraison de meubles démontés, alors que le transport représente un poste de coût conséquent. Mieux : il se rend vite compte que les clients ne rechignent pas à assembler eux-mêmes leur achat. En montant leur meuble, ils se l’approprient, ils ont un peu l’impression de jouer aux Lego. Un client que l’on fait travailler gratuitement pour réduire ses coûts, un entrepreneur peut-il rêver mieux ?
De nombreuses innovations
La plus grande innovation d’IKEA est certes le meuble en kit, que tous les fabricants ont depuis adopté à tel point qu’on en oublie qu’à une époque tous les meubles s’achetaient assemblés, mais ce n’est pas la seule. Dès la construction de son premier magasin dans les années 1950, Ingvar Kamprad pense le lieu, de taille encore modeste, comme un espace où l’on vient passer un bon moment et pas seulement effectuer un achat. Il construit d’ailleurs un hôtel juste à côté pour les clients qui voudraient s’attarder jusqu’au soir. Et, en 1965, quand il ouvre son premier grand magasin à Stockholm, similaire à ceux que nous connaissons aujourd’hui, il le pense comme un parcours que suivrait le client dans les différentes pièces de sa maison plutôt que comme un banal espace de vente, en ne prenant son achat qu’à la fin pour ne pas avoir les bras encombrés. Avec, naturellement, un restaurant pour profiter de sa visite.
Ces petites innovations qui font toute la différence entre une grande surface ordinaire et un magasin IKEA, complétées par tous les noms suédois imprononçables, ont forgé la réussite mondiale de l’entreprise. Jusqu’à faire d’Ingvar Kamprad la quatrième fortune mondiale en 2007, lui qui n’avait qu’un objectif étant enfant : devenir riche !
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