L’environnement concurrentiel contraint l’entreprise à repenser son organisation. Le manager doit devenir un leader flexible, visionnaire, capable d’insuffler l’esprit d’innovation dans son équipe. Analyse par Valérie Rocoplan, fondatrice de Talentis.
Pharmacie, presse écrite, beauté, grande distribution, transport… Aujourd’hui, aucun secteur industriel n’échappe à la nécessité de se réinventer. Les grands groupes ne peuvent plus compter sur la fidélité de leurs clients, sur des barrières à l’entrée, réglementaires ou économiques, pour protéger leur pré carré. Désormais, ils se voient challengés par de nouveaux acteurs, des start-up capables de conquérir en quelques années des parts de marché significatives, comme l’a fait Blablacar au détriment de la SNCF. La donne a changé : les clients ne sont plus captifs et les modèles explosent. Face à cette concurrence aussi soudaine qu’offensive, les dirigeants réinventent les business models pour retenir leurs clients et convaincre des prospects.
Pour se positionner au plus près des besoins de ses clients, l’entreprise repense sa structure. Avec pour objectif d’accélérer l’innovation. Cette réorganisation entraîne immanquablement un aplatissement de la hiérarchie. Cette dernière passe de sept ou huit niveaux, à deux ou trois. Le top et le middle management en sont considérablement impactés. Dès lors, pour le manager, l’important n’est plus le statut mais la compétence. Quel que soit le secteur d’activité, le fonctionnement en mode agile devient incontournable. Le job évolue et le manager change de posture. Face à son équipe, il doit se montrer leader. Il impulse les changements. Son discours doit être porteur de sens.
Susciter la motivation
Il doit aussi accepter d’être évalué par ses pairs. Certes, il est difficile d’admettre avec humilité qu’à quarante ans, on ne sait pas tout, qu’on va apprendre ensemble. Mais les changements qui traversent l’entreprise l’obligent à mettre en place une stratégie d’apprentissage. Le leader doit également accepter d’être évalué par son équipe. Une véritable révolution des mentalités ! Et c’est une bonne nouvelle car les feedbacks insufflent une culture de la parité, favorisent l’équité dans le groupe. Pour accompagner son équipe dans les changements, le leader doit aussi être sensible aux motivations, aux émotions de ses collaborateurs. Ce n’est que soudée et motivée que la team avance.
Aujourd’hui, les changements impliquent une réactivité et une capacité d’adaptation. On ne peut pas se réfugier derrière les process, comme tendaient/tendent à le faire certains managers. Ces derniers doivent désormais développer une compréhension fine de leur marché. Ils sont tenus de décrypter leur environnement, avoir une vision prospective grâce à leur capacité de détecter les signaux faibles qui demain bouleverseront leur métier.
Le manager, un visionnaire
La dernière édition du Forum économique mondial de Davos a publié un classement comparatif entre 2015 et 2020 des qualités requises pour diriger. Si la résolution de problèmes complexes est et sera la compétence clé des leaders, de nouvelles compétences seront demandées à horizon 2020, comme l’intelligence émotionnelle ou la flexibilité cognitive. En clair, utiliser ses émotions avec tact et faire preuve d’une intelligence des situations pour adapter son comportement vis-à-vis de son équipe et en fonction des circonstances. Accompagner le changement dans la durée exigera ainsi d’être plus que jamais flexible et visionnaire.