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JO de Paris : ces comportements de sportifs dont le monde du travail devrait s’inspirer

Du judoka Teddy Riner à la joueuse de tennis Iga Swiatek, en passant par la gymnaste Rebeca Andrade, de nombreux sportifs ont incarné des valeurs essentielles lors des Jeux olympiques de Paris 2024. Aussi, quels enseignements le monde du travail peut-il en tirer ? Courrier Cadres fait le point.

Alors que les Jeux olympiques de Paris 2024 se sont clôturés ce dimanche 11 août au Stade de France, de nombreux évènements ont marqué la compétition. Jusqu’à dépasser le cadre purement sportif pour toucher la société toute entière. À commencer par la sphère professionnelle dont les intérêts à s’en inspirer sont multiples : augmenter la performance individuelle tout en développant l’esprit d’équipe, accepter le droit à l’erreur/l’échec des salariés pour leur permettre de repartir de plus belle dans leur travail, etc.

1. Apprendre à se réconcilier

L’une des forces des Jeux olympiques, c’est de réunir des sportifs de différentes nations, y compris lorsqu’elles sont ennemies. Et certains athlètes se sont prêtés au jeu : comme les pongistes nord et sud-coréens. Après l’obtention de leurs médailles d’argent et de bronze mardi 30 juillet, ces derniers ont fait un selfie sur le podium olympique. En seulement quelques heures, ce cliché a fait le tour du monde. L’un d’eux a déclaré après cette finale ne pas « ressentir de rivalité particulière » à l’égard de ses adversaires.

Dans la même veine, les athlètes russes et biélorusses ont été autorisés par le Comité international olympique (CIO) à participer à cette compétition internationale à condition de concourir sous bannière neutre et de ne pas soutenir publiquement la guerre en Ukraine, tandis que la première escrimeuse ukrainienne médaillée Olha Kharlan a eu l’occasion de lancer devant les caméras : « Ukraine, je t’aime. C’est pour vous mes chers ! » Le 28 juillet enfin, le judoka israélien Baruch Smailov et le judoka marocain Abderrahmane Boushita ont accepté de s’affronter dans le respect des règles, contrairement au judoka algérien Messaoud Redouane qui a refusé de combattre le judoka israélien Tohar Bulbut le lendemain.

2. Adopter un esprit fair-play

Un bon état d’esprit, en cas de défaite comme de victoire, est attendu de la part des athlètes. Teddy Rinner en a été le parfait exemple après avoir battu deux fois son rival japonais Tatsuru Saito. Alors que le judoka français aurait pu le narguer, voire tout simplement l’ignorer, il a fait le choix de le réconforter sur les réseaux sociaux vendredi 9 août : « Cher Tatsuru Saito, je tiens à affirmer, après notre dernier match, que ta performance impressionnante force le respect de tes adversaires, mon respect. Ta détermination et ta combativité m’ont impressionné et m’ont poussé à me dépasser. Ce fut un honneur de te rencontrer sur le tatami. Les échecs sont partie intégrante de notre progression et nous apprennent souvent autant, sinon plus, que les victoires. Je suis convaincu que tu reviendras encore plus fort. Au plaisir de te revoir, mon ami ! »

D’autres exemples similaires ont marqué la compétition : comme la gymnaste brésilienne Rebeca Andrade saluée, lundi 5 août, par ses deux adversaires américaines, pourtant de superstars dans cette discipline, Simone Biles et Jordan Chiles. Alors que l’athlète adulée au Brésil montait sur la plus haute marche du podium pour récupérer sa médaille d’or pour l’épreuve au sol, les deux femmes se sont inclinées sur son passage afin de lui témoigner symboliquement leur respect et leur admiration. Ou encore, le coup d’œil fraternel des trois Français, Joris Daudet, Sylvain André et Romain Mahieu, une fois la ligne d’arrivée franchie, après une course insoutenable individuelle en BMX Racing, samedi 3 août.

3. Combattre les stéréotypes

Les stéréotypes dans le sport, comme en entreprise, sont légions. Cette compétition a pourtant balayé d’un revers de main bon nombre d’idées préconçues. Des femmes athlètes ont, par exemple, assumé publiquement leur maternité : l’escrimeuse égyptienne Nada Hafez ainsi que la tireuse à l’arc azerbaidjanaise Yaylagul Ramazanova ont concouru enceintes. Cette dernière a même plaisanté en disant qu’elle avait « senti (son) bébé bouger (lui) donner un coup de pied avant de tirer cette dernière flèche ».

La judokate française Clarisse Agbegnenou – très attendue depuis l’obtention de deux médailles d’or à Tokyo, puis de sa grossesse en 2022 – s’est jetée dans les bras de sa fille. Objectif ? Se consoler après avoir remporté « seulement » la médaille de bronze dans la catégorie des -63 kg. Ces exemples illustrent le chemin parcouru depuis les derniers Jeux. Dans l’enquête Sport de haut niveau et maternité, commandée par le ministère des Sports en 2021, près de 7 femmes athlètes (69 %) sur dix déclaraient en effet que concilier maternité et carrière sportive était une « véritable prise de risques » en haut niveau.

D’autres sportives ont, quant à elles, pris les devants en faisant leur demande en mariage à leur conjoint. Après avoir battu son propre record aux 3 000 mètres steeple mardi 6 août, la coureuse Alice Finot s’est agenouillée dans l’espoir d’épouser son compagnon avec qui elle partage sa vie depuis 9 ans : « Je m’étais dit que si je courais sous les 9 minutes, en sachant que 9 est mon chiffre porte-bonheur et que cela fait 9 ans qu’on est ensemble, alors je ferai ma demande. Je n’aime pas faire les choses comme tout le monde. Comme il ne l’avait pas encore fait, je me suis dit que c’était peut-être à moi de le faire », a-t-elle raconté.

Du côté des stéréotypes, il y a également ceux liés à l’âge. Félix Lebrun, âgé de 17 ans à peine, a ébloui le public en décrochant deux médailles de bronze, une en individuel d’abord, puis une en équipe quelques jours plus tard. Un doublé historique pour le tennis de table français. À l’inverse, la luxembourgeoise Ni Xia Lian (61 ans) et la chilienne Zhiying Zeng (58 ans), ont concouru aux Jeux de Paris 2024 en tant que doyennes. Cette première a remporté son premier tour en individuel en tennis de table, tandis que la deuxième a été battue en quatre manches en qualifications, mais ne ferme pas la porte à une participation aux Jeux de Los Angeles en 2028, si « (elle est) physiquement capable », a-t-elle précisé.

4. Laisser les émotions s’exprimer

Si dans dans le sport olympique, la performance est reine et l’acharnement féroce pour monter sur le podium, il semblerait que cette année encore des athlètes de toutes nationalités aient exprimé librement leurs émotions à l’issue des épreuves : le joueur de tennis serbe Novak Djokovic a éclaté en sanglot (de joie !) dans les bras de ses proches après avoir remporté l’or olympique, soit le dernier titre qui lui manquait dans sa carrière. Idem pour la Française Pauline Ferrand-Prévot qui a remporté sa première médaille d’or olympique en VTT cross-country, tandis que le nageur Florent Manaudou pleurait en montant sur le podium olympique pour la quatrième fois consécutive. Mais, ces larmes sont pour beaucoup d’autres sportifs des larmes de pression qui retombe ou de déception, comme ce fut le cas, par exemple, de la cavalière allemande Annika Schleu qui a échoué en raison d’un cheval incontrôlable.

5. Faire preuve de modestie

Enfin, l’une des dernières postures à retenir, même s’il y en aurait beaucoup à détailler, est celle de la polonaise Iga Swiatek. Si elle était la grande favorite du tournoi olympique féminin de tennis, elle a dû se contenter d’une médaille de bronze aux Jeux de Paris 2024. La plupart du temps, a-t-elle confié vendredi 2 août, elle relativise en se disant que « ce n’est que du sport, que du tennis. Mais là, c’est comme si on m’avait brisé le cœur ». Et la jeune femme de poursuivre dans une introspection émouvante où elle tire un enseignement : « Je me rends compte que j’ai encore beaucoup de travail pour mieux me connaître. Parce que je suis numéro un depuis longtemps, je me pensais à l’abri de tout. Ce tournoi m’a montré que ce n’était pas le cas. Je pense que ça va m’apporter un peu plus d’humilité, m’aider à devenir meilleure à l’avenir. »

La sphère sportive permet donc de faire bouger les lignes au sein de la société. Lors de cette édition olympique, il a également été question de santé mentale. La célèbre gymnaste américaine, Simone Biles, victime d’un effondrement psychique pendant les Jeux de Tokyo de 2021, en est l’un des porte-paroles.

Crédit photo : A. Ricardo

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