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La bataille des métropoles régionales

Cet article est issu du dossier "Le tourisme d’affaires tutoie les sommets"

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La crise du Covid oubliée, les grandes villes reprennent leur course en avant pour attirer les événements professionnels, avec des équipements hybrides et modulables adaptés à tous les types de manifestations.

Après trois années impactées par le Covid, les palais des congrès et parcs des expositions français ont définitivement tourné la page de la crise et affichent d’excellentes performantes en 2023, au point de retrouver pour beaucoup d’entre eux les niveaux de 2019. C’est notamment le cas dans les grandes métropoles régionales, qui bataillent pour attirer les entreprises hexagonales, mais également les manifestations internationales. Associée à sa voisine Saint-Étienne, Lyon pointe ainsi à la seconde place des villes françaises de congrès, derrière Paris, selon le classement ICCA (International Congress and Convention Association), et à la 30e au niveau mondial. Attention : l’organisme ne comptabilise que les grands congrès mondiaux et conventions internationales, soit une part non négligeable du tourisme d’affaires dans les grandes villes, mais qui ne reflète pas la totalité de l’activité, également portée par les séminaires et les incentives.

Au global, la capitale des Gaules a accueilli 210 événements en 2023, dont 28 % de congrès associatifs, réunions et conventions de plus de 1 000 personnes ; soit une progression de 4,5 % par rapport à 2022. « L’activité de la filière évènementielle a été particulièrement dynamique l’année dernière. Tous les segments ont bénéficié de la vitalité du secteur : salons, réunions d’entreprise, évènements associatifs », se félicite Only Lyon Tourisme et Congrès qui peut s’appuyer sur des équipements majeurs comme le Centre de congrès (2 768 places), la Halle Tony Garnier ou Eurexpo Lyon. De son côté, Saint-Étienne a bénéficié de la transformation de son parc des expositions et palais des congrès rouverts en 2021 (rénovation des halls, création de salles de réunion, modernisation de l’amphithéâtre…).

Plus au sud, Marseille-Aix-en-Provence conforte sa troisième place sur le podium français (71e au niveau international, quand elle ne pointait qu’à la 142e place il y a dix ans). « Marseille a pour ambition de désaisonnaliser la fréquentation et le tourisme d’affaires constitue un atout en ce sens », confirme Laurent Lhardit, président délégué de l’office de tourisme, des loisirs et des congrès. La métropole a changé de dimension depuis 2013 et son titre de capitale européenne de la culture. L’accueil des épreuves de voile des Jeux olympiques a encore démontré sa capacité à gérer de grands événements ; un point important car « la concurrence pour les congrès de plusieurs milliers de participants est internationale », ajoute le directeur général Maxime Tissot, qui met en avant plusieurs équipements majeurs dont le World Trade Center, le Palais du Pharo et le Palais des Congrès Chanot. Pour autant, il rappelle que l’activité est largement portée par des opérations de taille plus modeste avec une moyenne de 100 à 120 participants, et des entreprises qui plébiscitent les lieux plus intimes ou récemment ouverts comme le Pavillon Monticelli (ancien consulat d’Angleterre) ou la Citadelle qui domine le vieux port. Fermée depuis 350 ans, elle est accessible au public depuis quelques semaines.

Le marché est reparti

Cette belle dynamique est commune à toutes les grandes villes. « Après trois années marquées par le Covid et des présomptions de « ce ne sera plus jamais comme avant », le marché des congrès, salons et grands évènements semble bel et bien reparti pour renouer avec son niveau d’avant Covid. Plus de la moitié des structures interrogées ont observé une hausse d’activité en 2023 et pour plus de quatre sur dix, la hausse se poursuit en 2024″, note le cabinet Coach Omnium dans son récent « Panorama 2024 sur les centres de congrès et parcs des expositions français ». Si de nombreux projets avaient été lancés avant la crise sanitaire et ont ouvert ces dernières années, beaucoup de villes poursuivent ou accélèrent leurs investissements pour répondre notamment aux nouveaux enjeux durables, avec des équipements hybrides. Les centres de congrès deviennent multifonctionnels pour optimiser leur remplissage, ajoutent des salles de sous-commissions pour attirer les conventions plus petites et les séminaires. De leur côté, si la pièce maîtresse des parcs des expositions demeure leurs halls, ils abritent également de plus en plus souvent des salles de réunions, auditoriums et espaces modulables pour accueillir différents types de réception ou congrès.

À Toulouse (4e ville française au classement ICCA), le MEETT a ouvert ses portes en septembre 2020, à proximité de l’aéroport. Il combine un hall de 40 000 m2 modulable, un centre de congrès abritant une salle plénière avec tribune rétractable (744 à 3 364 places) et divers espaces pour les réunions et réceptions. Même stratégie à Bordeaux (5e) avec l’inauguration en 2019 du Palais 2 l’Atlantique au sein du parc des expositions. Avec ses multiples salles et son espace modulable, il peut accueillir jusqu’à 6 000 personnes. De quoi afficher d’excellents résultats en 2023 : la ville a accueilli un total de 3 860 événements professionnels (+17 % vs 2019), représentant 608 500 journées congrès et 177 millions d’euros de retombées économiques (+21 %). 61 % des participants sont venus dans le cadre d’événements d’entreprise, 39 % pour des congrès et salons. « Cette croissance a été possible grâce aux opérations reportées en 2023 et à la dynamique des infrastructures pour l’accueil d’événements de grandes envergure », se félicite l’office de tourisme et des congrès de Bordeaux Métropole.

Une course aux équipements

Plus au nord, Strasbourg n’est pas en reste (7e rang français) avec son nouveau parc des expositions inauguré en 2022, pour un coût de 120 millions d’euros. Le bâtiment de 25 000 m2 vise à positionner la métropole comme une destination de référence pour l’organisation d’événements nationaux et internationaux. Il se combine avec le Palais de la Musique et des Congrès voisin, équipé de trois auditoriums (1 900 pour le plus vaste) et désigné « meilleur centre de congrès de France » en 2023 lors des World MICE Awards. L’an dernier, les deux sites ont accueilli 250 manifestations (congrès, conventions, salons, spectacles…) qui ont attiré 600 000 personnes. Même dynamique pour Lille (8e) dont les deux équipements majeurs – Lille Grand Palais et Zénith – ont réalisé une année record, avec 298 événements et 80 millions d’euros de retombées économiques. « La saison juillet 2021 à juin 2022 a été intense en raison des nombreuses reprogrammations d’événements annulés pendant la crise sanitaire. Et 2022-2023 a affiché le retour des rendez-vous internationaux », se félicite le directeur général Philippe Blond. Citons enfin Nantes (9e), Nancy (10e) et surtout Nice (6e en 2023) pour clore le top dix français. La capitale de la Côte d’Azur est partiellement sur pause cette année. Elle vient de démolir son historique Palais Acropolis, situé en cœur de ville, jugé inadapté aux enjeux de demain. Après de nombreuses tergiversations, un nouvel équipement verra le jour sur le quai de son port. Il promet 10 000 m2 d’espaces, dont un auditorium de 1 500 places, avec une ouverture annoncée en juin 2025 pour la Conférence des Nations unies sur l’Océan. Toujours sur les rives de la Méditerranée, Montpellier (sortie du top dix, mais qui était 7e en 2022) n’entend pas se faire distancier. Par-delà son Palais des Congrès Le Corum, qui demeure une valeur sûre pour attirer les grands événements avec ses trois auditoriums (2 000 places pour le plus vaste), la ville a entrepris l’extension de son parc des expositions. Dans cette folle course aux équipements, quelques métropoles manquaient à l’appel, comme Orléans qui voyait d’un mauvais œil sa « rivale » Tours – l’autre grande ville du Centre-Val de Loire – attirer les entreprises avec son palais de congrès (3 auditoriums, dont l’un de 1 970 places) aux lignes modernes imaginé par Jean Nouvel, et ouvert dès 1993. Trente ans plus tard, Orléans dispose enfin d’un équipement digne de ce nom avec le Co’Met inauguré en 2023. Clairement ancré dans le XXIe siècle, il réunit trois structures : un palais des congrès avec un auditorium de 1 000 places, un parc des expositions de 15 000 m2 et une Arena dédiée aux événements sportifs et culturels, qui peut aussi accueillir des conventions et congrès (jusqu’à 10 000 places). Pour cet équipement, la métropole a cassé sa tirelire : 160 millions d’euros. L’avenir dira si elle a eu raison !  

Médaille d’or pour Paris

Malmenée par le Covid qui l’avait vu chuter à la troisième place internationale du classement ICCA en 2022, Paris a retrouvé son leadership en 2023, devant Singapour et Lisbonne. La capitale a accueilli 156 congrès répondant aux critères de l’organisme l’an dernier. « Nous sommes ravis de ce résultat, mais avant tout fiers de constater que nos efforts pour accompagner les congrès sur nos filières d’excellence portent leurs fruits », précise Corinne Menegaux, directrice de Paris je t’aime (l’office de tourisme et des congrès). Plus largement, Paris a accueilli 800 congrès l’an dernier, contre 714 en 2022, qui ont réuni environ un million de congressistes. Pour les recevoir, l’Île-de-France dispose de nombreux sites, dont ceux gérés par GL Events (Palais Brongniart, Maison de la Mutualité, Paris Event Center de la porte de la Villette…) ou VIParis, la filiale évènementielle de la CCI de Paris-Île-de-France et du groupe Unibail-Rodamco-Westfield. Elle chapeaute une douzaine de sites franciliens majeurs (Palais des Congrès, Paris Expo Porte de Versailles…), dont le tout nouveau CNIT Forest avec 10 000 m² d’espaces et deux amphithéâtres (1 175 et 740 places). 

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