Tribune – Un enfant tombe plus de 2 000 fois avant de savoir marcher. Adulte, nous vivons des expériences d’échecs. On ne s’en rend plus compte, mais notre corps a magnifié l’art d’utiliser les déséquilibres pour avancer. Par Adrien Duvillard, expert Apm*, coach en intelligence émotionnelle (ancien champion de ski).
En 1997, lors d’une compétition de ski, et alors que je suis au sommet de ma carrière de sportif, je tape un mur à plus de 100 km/h pendant une descente. Un mur physique mais aussi et surtout un mur symbolique. Mes premières pensées après m’être réveillé du coma ont été “je ne l’ai pas vu venir, je n’ai pas eu de chance”. Pourtant des signes avant-coureurs existaient, mais je ne les voyais pas. Ou je ne voulais pas les voir.
Comment l’éclat de l’égo embrume la vie
La raison ? L’égo. Quand les lumières illusoires de l’égo brillent, elles éclairent un chemin trompeur qui ne mène nulle part, sauf dans les brumes de l’illusion engendrées par ce même égo. Ces lumières, puissantes, empêchent de voir la grande image de la vie. Elles fascinent comme les phares d’une voiture hypnotisent un animal au bord de la route… avant de l’écraser.
Trois mois plus tard. À la vue des images de mon accident, je prends conscience que le choc aurait dû me tuer. Mais je suis encore en vie. On m’a laissé une deuxième chance. Pourquoi ? Que dois-je comprendre ?
Grandir en conscience
Nous avons tous vécu, au moins une fois dans la vie, ce genre d’expérience. Nous avons tous été confrontés un jour ou l’autre à des situations qui interpellent notre conscience. Un instant, comme un spectateur qui observerait sa propre vie sur un écran de cinéma et qui serait en mesure de prendre toute la dimension de ce qui arrive, et non pas uniquement la conséquence visible. Comprendre et apprendre. Chaque expérience, vécue de prime abord comme un échec, une malchance, est en fait une opportunité pour apprendre et avancer en pleine conscience. “Mesures la richesse de ta vie non pas à la quiétude vécue mais aux difficultés rencontrées”.
Je devais être sacrément “bouché” pour que l’ouvre-boîte de ma conscience soit un mur ! Bien sûr, cette solution extrême n’est pas obligatoire, mais combien d’entre nous attendent que leur corps dise stop pour changer ? Mais la prise de conscience ne suffit pas, ce n’est que la première marche. La suite vous incombe. Pensez que cette expérience d’échec est juste un accident pour repartir comme avant. Une bataille perdue certes, mais pas la guerre ! Ou bien dites-vous que si vous avez vécu cette expérience c’est pour évoluer. Car dans toutes les guerres il n’y a jamais de vainqueur…C’est à vous de décider.
J’ai fait mon choix.
*Association Progrès du Management.
L’auteur
Adrien Duvillard est expert au sein de l’Association Progrès du Management (APM), coach en intelligence émotionnelle et ancien champion de ski.