Parmi les outils de management pour un leadership plus avisé, connaissez-vous la méthode DISC ? En se basant sur l’analyse comportementale et les caractéristiques des tempéraments de chacun, elle distingue les individus en 4 grands groupes de style, et permet au manager d’adapter son approche.
Si la méthode DISC, inventée par l’universitaire américain Walter Vernon Clarke, trouve son origine dans un ouvrage de 1928 (Emotions of normal people de William Moulton Marston et Carl Jung), elle n’en reste pas moins un levier de management au goût du jour. En bref, l’approche D.I.S.C distingue les personnes via un test comportemental et les associe à une couleur et une lettre : D pour dominant (rouge), I pour influent (jaune), S pour stable (vert) et C pour conforme (bleu). Les différents profils se résument à un disque à 4 quartiers, avec les qualités et caractéristiques reconnues pour chaque couleur. Beaucoup de personnes ont deux couleurs très marquées. Il est rare de n’avoir qu’une seule couleur qui ressort ou les quatre à part égale, il y a toute une palette de nuances. Ainsi, la méthode ne vise pas une classification stricte. Comme l’explique Sébastien Roelens, fondateur et dirigeant d’Amixys et de la marketplace Jumpl, adepte de longue date de la méthode DISC, « elle n’est pas là pour mettre les gens dans des cases. L’idée c’est de poser des mots pour comprendre l’attente de l’autre et pouvoir s’y adapter au mieux. J’avais 25 ans quand j’y ai été formé pour la première fois, et à 45 ans aujourd’hui je fonde toujours mon management sur cette approche« .
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Adaptation et productivité
De fait, le management par la couleur prend tout son sens dans l’adaptation de la communication managériale au profil des collaborateurs. Comme le précise Elodie Bancelin dans son livre Pourquoi on ne se comprend pas ? Mieux communiquer avec la méthode des 4 couleurs (Larousse) : « Face à une personnalité rouge, il faut aller droit au but, ce qui l’intéresse c’est le résultat, son maître mot l’efficacité, c’est quelqu’un qui a besoin d’autonomie. Un vert va être plus à l’écoute, il va poser davantage de questions, il va vouloir être utile au groupe et s’engager dans des débats constructifs. Un bleu peut paraître plus froid, plus protocolaire, lors d’une réunion par exemple il va s’en tenir à l’ordre du jour, mais il se distingue aussi par sa quête d’apprendre, il faut le nourrir intellectuellement. Un jaune sera, lui, plus dans le collaboratif, il a besoin de reconnaissance, de feedback pour être rassuré quant à sa place dans l’équipe. »
Une façon de cultiver la différence et de favoriser l’émulation collective. Bien sûr, les personnes ne sont jamais ou presque 100 % inscrites dans un des 4 grands types de profils, elles n’y sont pas figées mais s’adaptent aussi aux situations. Là encore, la méthode DISC permet d’y voir plus clair. « Un aspect intéressant de l’approche est ce qu’on appelle style adapté et style naturel, ajoute Sébastien Roelens, il s’agit d’observer dans quel contexte la personne aura tel ou tel comportement. Nous avons tous des styles naturels qu’on retrouve le soir en famille et puis des styles plus adaptés qu’on retrouve dans le milieu professionnel en fonction du contexte« .
Le chef d’entreprise l’affirme, « c’est un vrai outil de productivité et de convergence, parce que quand on comprend comment l’autre réfléchit, quels sont ses objectifs et ses attentes, on peut venir à lui avec ses codes. Si la personne est drivée par le résultat, on tournera son management et ses phrases vers le résultat, si elle est drivée par l’analyse, on doit commencer ses phrases par un socle analytique. Cela met les collaborateurs dans des positions plus confortables, c’est le manager qui s’adapte à eux et pas l’inverse« . À chaque profil ses forces et ses faiblesses, et ses besoins en management.
Accompagnateur du changement
Pour un manager, la méthode DISC peut également apporter une meilleure compréhension de lui-même, de ses propres compétences et lacunes. « Il y a des managers qui vont assumer complètement leur style et en jouer. J’ai fait le choix de contextualiser mon style de management. J’ai un style naturel conforme, plutôt rare pour un chef d’entreprise, mais au travail je suis rarement dans cette zone-là. Quand j’ai une réunion de pilotage avec mon staff, je suis dans un style plus dominant par exemple, pour être plus efficace et diriger par l’objectif. En revanche, quand je vais parler à 40 personnes pour les motiver, je vais être à l’opposé de mon style naturel et être plus influent en m’y préparant en amont. La méthode est aussi un outil d’amélioration personnelle, qui vous apprend à mieux connaître vos force et là où vous avez des lacunes« , témoigne Sébastien Roelens. De la même façon, le manager apprend à mieux identifier les points forts des collaborateurs, et là où les challenger pour les faire progresser.
Aussi, dans certains cas, l’adaptation du discours et le management agile permis par la méthode DISC facilitent l’engagement et la rétention. C’est le cas pour Sébastien Roelens, dont l’entreprise est en plein renouveau : « J’ai décidé de proposer un nouveau projet à mes salariés il y a un an, car nous allions droit dans le mur, cela imposait un pivot complet et un changement de métier. Pour leur annoncer j’ai décidé de revenir à mon style naturel, et cela a été très bien accueilli. La méthode crée de l’équilibre entre l’adaptation et le naturel, et c’est ce qui permet de prendre les bonnes décisions« .