Carrière

La Nouvelle-Zélande : Star montante du Pacifique

Isolée au sud du Pacifique, la Nouvelle-Zélande est quasiment passée entre les mailles du filet de la crise. Bien que le pays pratique une immigration choisie, de nombreux besoins se font sentir dans l’informatique et les télécommunications, ou encore dans le domaine de la construction1.

Si l’Australie continue largement d’attirer les Français, sa petite voisine flanquée au sud-est de ses côtes devient attractive pour les cadres. La Nouvelle-Zélande comptait 4,4  mil­lions d’habitants en juin 2012 pour un taux de chômage de 5,8  % (juin 2014). En termes de secteurs porteurs, l’agroalimentaire occupe une place primordiale et représente 50 % des exportations. L’activité repose sur trois piliers : les produits laitiers, les produits carnés et la viti­culture. Le tourisme se positionne en deuxième place. “En 2011, 2,6  mil­lions d’étrangers se sont pressés à la douane, un chiffre en hausse de 2 % par rapport à l’année précédente, explique le guide Travailler ou étudier en Nouvelle-Zélande*. Le secteur a au total généré près de 20 milliards de dollars néo-zélandais en 2011, soit 10 % du PIB tout en faisant vivre directement et indirectement 180 000 personnes.”
Aux yeux de Sébastien Pham, programme manager chez Vodafone et consultant en immi­gra­tion [voir encadré], le pays se démarque de la France et même de l’Europe par les nombreuses opportunités professionnelles qu’il propose. “Il y a un vrai déséquilibre entre l’offre et la demande”, commente-t-il. Le Guide des salaires 2015 de Robert Half souligne que les directeurs financiers du pays s’inquiètent de la perte de leurs meilleurs professionnels et 75 % des dirigeants ne parviennent pas à trouver les talents qu’ils recherchent.
En termes d’emploi cadre, par exemple, le secteur de l’informatique (développeur, chef de projet IT, business analyst) et des télécommunications se montre particulièrement en demande, de même que ceux de la santé ou des biotechnologies. “Le pays essaie aussi de surfer sur la vague du Seigneur des anneaux et de devenir un grand studio de cinéma, commente le consultant. Les animateurs 3D et graphistes sont très recherchés.” Le tremblement de terre qui a secoué l’île en 2011 a entraîné, de son côté, de fortes demandes en matière de construction.
Cela dit, le pays fait le pari d’une immigration choisie, fondée sur les diplômes, l’expérience professionnelle, l’âge et le niveau d’anglais, comme en Australie et au Canada. Pour obtenir un visa, il faut obtenir un nombre de points suffisants. Avoir une offre d’emploi avant de venir augmente le score. “Un développeur informatique qui aurait au moins une licence et trois années d’expérience professionnelle sera probablement éligible pour un visa de résident, qui permet de rester pour une durée indéterminée.”

Work to residence
Pour entrer par un visa de travail, il faut miser sur les métiers présents sur quatre listes établies par le ministère de l’Immigration**. Elles répartissent les postes qui offrent un accès à l’entrée dans le pays en fonction de la temporalité des besoins, que ce soit sur le long terme (Long Term Skill Shortage List, LTSSL) ou immédiat (Immediate Skill Shortage List, ISSL). Les secteurs qui reviennent souvent sur cette liste concernent la santé et le social, l’agriculture et la foresterie, ou encore le tourisme et les loisirs.
Une autre liste (Canterbury Skill Shortage List, CSSL) portent sur des emplois qui se sont créés à la suite du tremblement de terre, notamment dans la construction, le bâtiment et les transports. Un emploi qui correspond à cette liste des besoins sur le long terme, et qui requiert souvent des qualifications assez élevées, fait obtenir un visa dans la catégorie “Work to Residence”. Il permet de postuler pour le visa de résidence au bout de deux ans. En revanche, les deux autres listes (ISSL et CSSL) donnent seulement accès au visa de la catégorie “Essentiel Skill Work Visa”, qui n’ont qu’une durée limitée dans le temps, de l’ordre de trois à cinq ans.
En fonction des besoins du pays, les candidats aux profils recherchés sont particulièrement choyés. “Les employeurs font tout pour retenir leurs collaborateurs, confirme Sébastien Pham. Il est facile de progresser en interne, mais aussi de changer d’entreprise. Les travailleurs motivés se repèrent très vite et évoluent rapidement.” Et comme ce qui est rare est cher, cette demande se répercute sur les rémunérations. “En informatique, les salaires sont très élevés par rapport à ce que j’ai pu connaître en France”, poursuit-il. Robert Half souligne en effet que les entreprises ont recours à l’augmentation de salaire pour retenir leurs talents. Le rapport ajoute aussi que la flexibilité et l’autonomie sont des critères avancés pour séduire les candidats. Car pour les Kiwis, il n’y a pas que le travail, le temps post-bureau est sacré. “Ils se focalisent beaucoup sur leur qualité de vie, il est tout à fait possible de trouver un job très intéressant en ne travail­lant que de 9 heures à 17 heures, avance Sébastien Pham. Ils sont plus dans une perspective anglo-saxonne à ce sujet, moins dans un rapport sacrificiel au travail, comme chez nous. Chez Vodafone par exemple, nous recevons des e-mails nous rappelant qu’on peut travailler en télétravail. Le présentéisme n’est pas requis.”

* Travailler ou étudier en Nouvelle-Zélande, d’Odile Smadja, aux éditions Studyrama Pro, 2013.
** Disponible sur le site skillshortages.immigration.govt.nz.
 

Visa investisseur
Pour les entrepreneurs et investisseurs, il existe un visa spécial permettant d’entrer dans le pays. “Il s’adresse plutôt à des personnes moins jeunes, explique Sébastien Pham, programme manager chez Vodafone et consultant en immigration. “Les Néo-zélandais effectuent un investissement plutôt locatif, le pays cherche donc à faire entrer des capitaux. Mais ce visa reste quand même difficile à obtenir. Il faut investir entre deux et trois millions de dollars dans l’économie ou proposer un projet à haut potentiel, qui crée de l’emploi, qui soit innovant ou en rapport avec les listes de besoins du pays.”

 

Sébastien Pham
Le choix d’une belle qualité de vie

Arrivé il y a plus de 8 ans avec sa compagne en Nouvelle-Zélande, Sébastien Pham, a fait le grand saut à la suite d’une opportunité professionnelle. “J’avais déjà travaillé à l’étranger précédemment. J’étais programme manager chez les télécoms italiens. Alors que j’étais à une conférence à Londres, un Néo-zélandais de chez Vodafone m’a proposé de venir travailler sur l’Europe depuis son pays.” Alors que cette rencontre avait eu lieu en novembre 2006, Alcatel lui propose un poste à Doubaï. “Nous connaissions déjà les Émirats. Nous avons finalement opté pour la Nouvelle-Zélande pour la qualité de vie très différente qu’offrait le pays.”
Sur place, il s’est rendu compte qu’il y avait de vrais besoins de professionnels. Il s’est donc lancé en parallèle dans une activité d’accompagnement à l’immigration pour les candidats français, notamment pour obtenir des visas*.
Quant au pays lui-même, il reconnaît en apprécier le “way of life”. “La nature et les paysages sont très beaux, avec une grande variété de climats, et la possibilité d’y pratiquer plusieurs activités. On trouve les plages tropicales au nord, les stations de ski au sud. En plus, c’est un pays grand comme l’Italie mais avec une faible population. Même pendant les grandes vacances qui ont lieu à Noël, on peut se retrouver à quatre personnes sur une plage d’un kilomètre. Quant aux sorties, il y a une dizaine d’années, c’était moins sympa qu’aujourd’hui. Mais depuis la Coupe du monde de rugby 2011, la vie pour sortir s’est développée, il y a de plus en plus d’endroit où aller.”
Il souligne encore la possibilité de visiter l’Asie. “Il faut 30 heures pour rentrer en France. Même si de nombreux pays asiatiques sont à 10 heures de vol, on relativise la distance ! Et en tout cas, l’équivalent des vacances en Grèce ou en Afrique du Nord, ici, ce sont les îles Fidji et Tahiti…”

* www.nz-project.com.

1) Article publié dans le numéro de juin 2015 de Courrier Cadres.

 

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