Après l’Espagne, c’est au tour du Royaume-Uni de lancer une expérimentation à grande échelle de la semaine de quatre jours (payée cinq) en entreprise. La pratique séduit de plus en plus.
Depuis le mercredi 8 juin 2022 et jusqu’en décembre de la même année, 3 300 employés issus de 70 entreprises britanniques feront l’expérience de la fameuse semaine de quatre jours, sans perte de salaire à la clé. Le très libéral Royaume-Uni laisse donc sa chance à cette nouvelle organisation du travail, dans le cadre d’une vaste étude menée par des universitaires de Cambridge, Oxford et du Boston College, sous l’impulsion de 4 Day Week Global, une organisation à but non lucratif qui plaide pour la généralisation de la pratique. L’expérimentation, qui couvre des secteurs variés (services financiers, restauration, conseil, industrie pharmaceutique…), doit permettre de mesurer l’évolution de la productivité et le bien-être des salariés participants. Grâce notamment à une organisation du travail repensée, qui laisse plus de place à l’efficacité et moins de temps aux réunions.
Et le Royaume-Uni ne fait pas exception. Travailler moins pour vivre mieux et produire autant, l’idée fait son chemin. En Europe, c’est l’Islande qui a mené dès 2015, et jusqu’en 2019, la plus vaste expérimentation du genre. Le dispositif y a depuis été généralisé. Autre pays pionnier : la Suède, qui s’essaie à la journée de six heures depuis 2015. Un exemple qu’a suivi l’Espagne, où 200 entreprises volontaires testent depuis le début de l’année un temps de travail hebdomadaire de 32 heures, au lieu des 40 heures habituelles.
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Une nouvelle solution d’attractivité ?
La multiplication des expérimentations s’accompagne le plus souvent de retombées positives. Tant sur le plan écologique, l’initiative permettant d’économiser des trajets entre le domicile et le lieu de travail lorsqu’il ne s’agit pas de télétravail, qu’en matière d’efficacité. En France, les quelque 400 entreprises qui ont déjà franchis le cap constatent des hausses de productivité de leurs salariés. A l’instar du groupe LDLC, spécialiste du matériel informatique, dont le président Laurent de la Clergerie a fait passer les 1 000 employés à la semaine de quatre jours.
Travailleurs moins stressés et moins fatigués, réduction de la fréquence des arrêts maladie, meilleur alliage entre temps de travail et vie privée, les arguments des défenseurs de la pratique s’affinent. Et les employeurs qui s’y risquent se dotent au passage d’un argument d’attractivité supplémentaire sur le marché de l’emploi, à l’heure où les difficultés de recrutement frappent la plupart des secteurs d’activité. Selon le rapport « People at work 2022 : l’étude Workforce View », publié par ADP en mai 2022, 64 % des salariés français souhaiteraient ainsi bénéficier d’une plus grande flexibilité dans leurs horaires de travail (soit 4 points de plus qu’en 2019). Avec, donc, la possibilité de les condenser sur une semaine de quatre jours. Pour autant, les initiatives françaises en la matière restent d’ordre privé et le sujet peine à s’imposer dans le débat public. Mais il est bien sur la table.