semaine travail différenciée
Entreprise

La semaine de travail « différenciée » est-elle vraiment avantageuse pour les parents divorcés ?

Le gouvernement a évoqué, dimanche 17 mars, une piste visant à moduler le temps de travail pour les salariés à la fois parents et divorcés. Elle pourrait prendre la forme d'une semaine de 4 jours lorsque ces derniers ont leurs enfants à charge. Mais cela ne va-t-il pas entraîner une surcharge de travail les autres jours ? Courrier Cadres fait le point avec Céline Attias, dirigeante d'HoliWork.

Le gouvernement multiplie les mesures en faveur du « travailler-mieux ». Ce dimanche 17 mars, une annonce a été faite dans le sens d’un bon équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle : l’instauration de la semaine de travail « différenciée » pour les salariés à la fois parents et divorcés. Autrement dit, une semaine de 4 jours de 33 heures lorsqu’ils ont leurs enfants à charge, et une semaine de 5 jours de 37 heures le reste du temps. Mais, est-ce vraiment avantageux pour ces salariés ?

Selon Céline Attias, fondatrice de HoliWork, cette annonce arrive à point nommé en France. D’une part, car « nous vivons actuellement une période hautement anxiogène, en raison de différentes crises, écologique, économique, sociale, ou encore géopolitique. Cela engendre beaucoup de pression sur les salariés qui deviennent moins résistants aux difficultés. Ils ont besoin de temps de respiration ». D’autre part, ajoute-t-elle, parce que « l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle est devenu non négociable pour beaucoup, notamment depuis le Covid-19. Les salariés ne veulent plus consacrer tout leur temps à la sphère professionnelle, mais investir également les autres sphères importantes de la vie, que sont les sphères familiale, sociale, amoureuse et personnelle, en s’octroyant du temps pour eux. »

Management personnalisé

Cette mesure pourrait donc répondre à ces nouvelles attentes professionnelles, notamment en termes « d’autonomie et de flexibilité dans la manière d’organiser son temps de travail, précise la dirigeante. Les parents divorcés pourront, par exemple, se libérer le mercredi après-midi pour passer du temps avec leurs enfants, les amener à leurs activités culturelles ou sportives, faire les courses… Ils n’auront pas la frustration et le stress d’être contraints à travailler, alors que leurs enfants n’ont pas école. Ils pourront aussi décider de commencer plus tard le matin, ou de finir plus tôt le soir s’ils doivent assister à des réunions avec les professeurs ou les amener à des visites médicales. Les possibilités sont nombreuses ! »

Cependant, il s’agira pour ces salariés-parents divorcés de bien s’organiser : « Ils vont devoir adapter leur façon de travailler : en anticipant de nombreuses tâches en fonction des échéances à respecter, en optimisant leur temps de travail et donc en supprimant au maximum les tâches inutiles ou chronophages. Car, il ne faudrait pas qu’ils se retrouvent avec une surcharge de travail les semaines où ils n’ont pas leurs enfants, ou encore que le travail qu’ils n’ont pas réalisé se répercute sur leurs collègues sans enfant. »

Plus largement, cette mesure va avoir des répercussions sur l’ensemble des équipes, et notamment les strates managériales. « Le manager va devoir adopter des approches plus personnalisées en fonction des contraintes familiales de chaque salarié, mais aussi mettre en place des modes de travail collaboratifs, pour que les projets puissent avancer même si les salariés ne sont pas présents au même moment. Des temps communs en entreprise devront être définis pour continuer à organiser certaines réunions incontournables. Enfin, le manager devra accorder une grande confiance à ses équipes », note-t-elle.

Soutenir les mamans solos

Cette mesure a aussi pour vocation de soutenir les mères célibataires ne bénéficiant pas de la garde alternée. Bien souvent, peu soutenues par leur ex-conjoint, ces dernières occupent un emploi à temps partiel pour s’occuper de leurs bambins. Elles se retrouvent alors dans une précarité économique néfaste pour l’ensemble du foyer. « En théorie, cette mesure est très positive pour les familles monoparentales, affirme la dirigeante. Cependant, dans les faits, il ne faudrait pas qu’elle stigmatise encore plus les femmes sur le marché du travail, en les privant d’opportunités professionnelles ou de possibilités d’évolution, sous prétexte qu’elles auront recours à cette semaine de 4 jours pour s’occuper de leurs enfants. Encore aujourd’hui, ce sont majoritairement les femmes qui assument cette tâche. »

Céline Attias estime que cette « piste est très intéressante, car elle est susceptible d’être source de motivation pour les collaborateurs, mais elle mérite cependant d’être affinée, et pourquoi pas, généralisée ». De nombreuses précisions doivent, en effet, être apportées par l’exécutif lors d’un séminaire gouvernemental consacré au travail le 27 mars prochain. A terme, « le but, c’est que la semaine de quatre jours s’adresse à tout le monde », a indiqué cette semaine le cabinet de Gabriel Attal auprès du Figaro. Du côté des entreprises, presque 7 dirigeants et managers sur 10 (67 %) se disent favorables à cette mesure, d’après l‘étude de l’agence Flashs et de l’hébergeur Hostinger. Toutefois, plus de la moitié (58 %) se montre septique quant à la possibilité effective de la mettre en œuvre au sein de leur organisation.

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