Management

Le défi de l’anachorèse pour les managers

Tribune. Observateur à l’œil aiguisé de la transformation des organisations, François Perotto, senior-consultant Kreno Consulting, se penche sur la nécessité pour les managers de réaliser un pas de côté afin de “penser” le monde.

Une chronique d’un moine bénédictin parue dans la revue Études de décembre 2017* m’a particulièrement interpellé. Il semble tout d’abord utile à ce stade de rappeler ce qu’est l’anachorèse. La racine grecque du mot anachorète signifie “qui s’est retiré du monde”. Un anachorète est d’abord un ermite qui s’est retiré du monde, mais seul.

 

Équilibre intérieur

L’anachorèse créatrice que présente François Cassingena-Trévedy se caractérise par le fait de “penser” le monde. Celui-ci ne prenant forme de monde que lorsqu’on le regarde à distance et par cette distance c’est une autre manière de le prendre dans ses mains pour l’arrondir et lui donner forme.
En quoi l’anachorèse peut-elle être utile, voire nécessaire pour les managers ? Tout d’abord, elle peut leur apporter un nouvel équilibre intérieur et aussi, aider leurs équipes à mieux s’inscrire dans la transformation à initier ou à accompagner. L’une des caractéristiques du temps que nous vivons est notamment la profusion et le foisonnement d’informations et de bruit dont nous sommes bombardés en permanence ; nous sommes en hyperactivité, hyper-sollicités et hyper-connectés. Cela a pour conséquence de nous faire sans cesse passer d’une action à une autre (ou d’une décision à une autre) sur le mode du pilotage automatique, sans prendre le temps nécessaire à une bonne respiration intellectuelle. Une conséquence ultime peut en être l’épuisement professionnel (burn-out) ou les autres maux psychiques contemporains.
Ce besoin de prise de recul et de hauteur se traduit bien dans le phénomène récent de la remise au goût du jour de la méditation ou d’autres formes du retour à soi ; ce temps nécessaire d’introspection et de synchronisation avec soi.
Ces moments que nous pouvons consacrer à ces pauses de respiration et d’oxygénation intellectuelles, nous amènent à prendre du recul et de la hauteur, à voir les choses sous un angle différent. Cela participe grandement du renouvellement de notre vision du monde et par-là même à lui donner une nouvelle forme.

 

Sérénité et équilibre

Grâce à cette anachorèse, le manager va pouvoir davantage initier et accompagner la transformation nécessaire pour lui et pour ses équipes. Outre la vision renouvelée et régénérée qu’il va ainsi leur proposer, il aura aussi cette capacité à leur apporter sérénité et équilibre. De la sorte, il pourra axer d’une part, son management sur la performance individuelle et collective et, d’autre part, son leadership, sur l’épanouissement de chacun de ses collaborateurs.
Bien entendu, le plus difficile reste à faire pour chacun d’entre nous, afin de se donner ce temps d’hygiène et de respiration intellectuelles pour “penser” le monde par cette prise de distance. Cependant, comme nous arrivons à planifier certains moments spécifiques dans nos agendas, nous devrions arriver à intégrer celui-ci, qui deviendra ainsi un des éléments essentiels de notre hygiène de vie globale… et de notre pratique managériale !

*L’anachorèse créatrice, François Cassingena-Trévedy

 

Qui est l’auteur ?

François Perotto est senior-consultant Kreno Consulting (www.kreno-consulting.fr)

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