Entreprise

Le “flex office” : la solution magique ?

Les nouvelles solutions d’aménagement d’espace de travail se multiplient : les box de réunion imprévue, le desk sharing, et plus globalement l’approche flex office, fleurissent dans les entreprises. Quels sont les leitmotivs et les bénéfices de ces changements ? Par Delphine Minchella, docteur en management stratégique, enseignant-chercheur à l’EM Normandie.

 

Une double révolution

Le travail en entreprise évolue et le profil du collaborateur idéal aussi ! Exit la quête de l’employé qui doit uniquement se contenter de faire ce qu’on lui demande et surtout rester bien à sa place. Il faut désormais des personnes créatives, qui anticipent et qui sortent du cadre, en un mot des intrapreneurs capables de bouger les lignes. Ce changement radical de paradigme appelle une révolution dans la façon d’envisager les espaces de travail. Mais la réflexion ne doit pas se cantonner à cette seule réalité. Elle doit également prendre en considération un autre phénomène tout aussi impactant : alors qu’ils sont de plus en plus désertés du fait notamment de la multiplication des réunions et du travail détaché en clientèle, les bureaux, fussent-ils en open space ou individuels, sont de plus en plus coûteux et leur entretien de plus en plus complexes (température, luminosité, qualité de l’air, etc.).

 

Des transformations spatiales

Dans les entreprises à la pointe en matière d’aménagement de bureaux, de nouveaux espaces émergent, tant pour se conformer aux besoins managériaux actuels que pour mieux maîtriser les coûts. Pour le premier aspect, on conçoit des environnements dédiés, qui tantôt favorisent la concentration, tantôt suscitent l’inspiration (on parle alors de salles de Design Thinking). D’autres petites pièces, conçues comme des bulles au design épuré, permettent de se rencontrer entre collègues – même spontanément – ou encore de s’isoler pour faire le vide. Puis, pour réduire ces mètres carrés trop coûteux, on adopte le desk sharing, principe selon lequel il est possible de s’installer à n’importe quel poste pourvu que celui-ci soit disponible pour la journée. Avec un tel système, il est aisé de réduire le nombre de bureaux nécessaires au personnel.

 

La nécessité de faire aussi évoluer la politique RH

Toutefois, toutes ces transformations spatiales ne suffisent pas : pour être efficaces elles doivent être jumelées avec une politique RH qui non seulement encourage le home office, du moins partiel, mais qui décloisonne également les horaires de bureau en permettant de venir travailler bien avant ou bien après neuf heures le matin, avec pour seuls impératifs que les heures soient faites et les missions accomplies. Or, en détachant petit à petit l’homme de son poste de travail fixe, ces dispositions le soustraient par-là même du regard – et donc de la surveillance – de son supérieur hiérarchique. Dès lors, ce dernier n’a plus d’autre choix que de lui faire confiance. Confiance quant à son sérieux, confiance quant à son implication lorsqu’il travaille chez lui ou quand il se retrouve seul au bureau à vingt-trois heures. Et même si les nouvelles technologies peuvent de prime abord paraître pouvoir se substituer à la surveillance visuelle (par l’entremise de discrets spywares), ne nous leurrons pas. Elles ne peuvent en aucun cas constituer une solution optimale : déjà Taylor au début du XXe siècle déplorait les stratégies ingénieuses que les ouvriers mettaient au point pour tromper la vigilance de leur contremaître en faisant semblant de travailler !

 

Repeindre les murs en pastel ne suffit pas

Alors oui, ces nouvelles solutions d’aménagement de l’espace sont très prometteuses mais il faut que l’entreprise joue pleinement le jeu avec une politique RH à la hauteur de ses ambitions, et la confiance doit être de mise. Investir dans un mobilier design et repeindre les murs en pastel sont loin d’être suffisants pour libérer la créativité et l’esprit d’initiative tant convoités!

 

L’auteure

 

Minchella.Delphine EMNormandieDelphine Minchella est docteur en management stratégique, enseignant-chercheur à l’EM Normandie et responsable du M2/MSc Cross-Cultural Marketing and Negotiation.

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