Justifier de 5 ans d’études après le Bac n’est plus un ticket d’entrée direct vers un emploi. Souvent par manque d’expérience, les jeunes diplômés peuvent être quelque peu mis de côté. Les graduate program permettent à ces derniers d’acquérir des connaissances supplémentaires sur le terrain.
Dans un contexte où l’employabilité des jeunes diplômés est plus que jamais remise en question, les graduate program (GP) apparaissent comme de véritables accélérateurs de carrière. D’après une étude du NewGen Talent de l’Edhec, l’intérêt des jeunes diplômés pour les graduate program est de plus en plus grand. Sur 10 participants, 8 d’entre eux sont convaincus que leur graduate program représente un accélérateur de carrière. “Outil de marque employeur ou réel levier d’accélération de carrières, ces programmes suscitent dans tous les cas un grand intérêt de la part de la nouvelle génération de talents dont ils satisfont les besoins d’apprentissage, de diversité d’expériences et de développement”, confirme Manuelle Malot, directrice Edhec NewGen Talent Center – fondatrice du site graduate-programmes.com.
Le plus souvent destinés aux jeunes diplômés, ces programmes, conçus par les entreprises pour attirer les jeunes talents, peuvent durer d’un à cinq ans. L’objectif pour les candidats est d’occuper différentes fonctions au sein de la même société. “Par le biais des rotations de postes offerts aux jeunes diplômés, les graduate programmes accélèrent leur compréhension de l’entreprise et de ses réalités”, remarque Manuelle Malot. Cela lui permet aussi de mieux connaître les différents aspects ou contraintes d’un métier. “C’est la véritable force du programme, le fait de pouvoir se nourrir d’expériences totalement diverses, explique Lucile, ancienne recrue d’un graduate program. “Cela m’a permis de comprendre les enjeux auxquels l’entreprise fait face, de disposer de réelles responsabilités sur des projets clefs mais aussi de vivre le quotidien des opérationnels”. Si certains de ces programmes sont très généralistes pour que les candidats puissent trouver véritablement le secteur dans lequel ils veulent s’épanouir, d’autres sont pointus. Marketing, ressources humaines, ingénierie ou encore finance, le cursus peut s’adresser à tous types de filières ou de métiers.
Compétences et motivations
Fréquemment, les candidats se voient offrir un poste à responsabilités au sein de l’entreprise à l’issue de la formation. Orange, BNP Paribas, L’Oréal, ou encore Carrefour, tous ces grands groupes ont un point en commun : ils ont tous franchi le pas en proposant aux jeunes diplômés d’intégrer leurs sociétés de cette manière-là. Une certaine sélection a lieu sous forme de session de recrutement. Généralement embauchés l’année d’obtention de leur diplôme et dans les deux années qui suivent, les candidats doivent réunir plusieurs critères. Si certaines entreprises exigent des formations dites prestigieuses, ce n’est pas le cas pour toutes. Certaines apportent davantage d’attention aux compétences et aux motivations qu’à la formation suivie. L’accent est également mis sur ce qu’on appelle les “soft skills”, c’est-à-dire les qualités humaines.
L’autonomie, la créativité et l’adaptabilité sont fortement appréciées. L’expérience professionnelle, qu’elle ait été acquise lors de précédents stages, d’un premier emploi ou en tant que jeune entrepreneur, est un point à ne pas négliger. En général, entre 10 à 60 nouvelles recrues sont accueillies tous les ans ce qui explique la forte sélection. Le candidat est également jugé sur sa mobilité et sa flexibilité. Il est essentiel de pouvoir bouger rapidement. Ce critère implique irrémédiablement une maîtrise des langues étrangères. Les candidats doivent faire preuve d’une grande capacité de travail. En effet, dans ce type de programmes la quête d’excellence est omniprésente. Cela peut représenter une source de stress supplémentaire pour les jeunes diplômés.
“Il faut donc être constamment dans une logique d’amélioration, ne pas compter ses heures”, explique la jeune femme. Cependant, une difficulté reste présente, celle de postuler à l’international. Un aspect négatif de ces programmes réside dans le fait que les contrats sont souvent réservés aux entreprises de taille importante. Au total, ce sont près de 630 sociétés qui proposent des graduate program à l’international. Certains jeunes diplômés peuvent être davantage attirés par l’entrepreneuriat ou les jeunes start-up. Cependant, encore une fois ce type de programme est uniquement dispensé dans de grands groupes car cela représente des coûts supplémentaires. En effet, la rémunération est un point à ne pas négliger. Les candidats touchent un salaire souvent supérieur de 1 à 10% à ceux des jeunes diplômés classiques.
Un rythme soutenu
Intégrer un programme de la sorte constitue de multiples atouts. Dans un premier temps, en occupant différents postes au sein d’une même entreprise, cela permet de tâtonner et de changer d’avis sans danger. Généralement, les jeunes recrues sont accompagnées par une personne minimum. Cela peut être un conseiller, un mentor, un RH ou encore une ancienne recrue. Ce soutien et ce suivi permettent au “graduate” d’être conseillé si besoin. Coaching, séminaires d’intégration, entretiens personnalisés, tout est réfléchi afin que le suivi soit le mieux réalisé. “Une formation spécifique à la fonction que l’on va exercer nous est dispensée. Il y a aussi fréquemment des rencontres organisées avec les dirigeants de l’entreprise”, précise-t-elle. Parce que oui, l’aspect humain est un critère non négligeable dans ce cursus. Tout un pan de l’expérience est dédié au développement personnel des candidats, le but étant de les faire grandir et mûrir.
Au terme de ce type de programmes, une véritable solidarité naît entre les participants. Ils sont le plus souvent répartis en petits groupes ce qui a tendance à créer une ambiance de promotion étudiante. “C’est une école après l’école”, plaisante l’ancienne recrue. Cela permet de se constituer un réseau professionnel. En effet, le plus souvent les personnes ayant suivi un graduate program restent en contact et se réunissent lors de séminaires.