Carrière

Le secret ancestral des Coréens qui va doper votre intelligence émotionnelle

Le "Nunchi" est au cœur des relations coréennes tant ce précepte en améliore la qualité. Il consiste à regarder et à écouter attentivement les autres pour décoder ce qu'ils pensent (vraiment!). L'une des deux autrices de 'Nunchi. Connectez-vous aux autres' (Eyrolles), Déborah Romain-Delacour, nous explique comment maîtriser cet art relationnel afin d'adopter les bonnes postures en toutes circonstances.

« Parler moins, écouter plus ». Ce principe coréen, inspiré de la sagesse de Confucius, régule les interactions sociales dans ce pays d’Asie du nord depuis près de 5 000 ans. Si les enfants s’en imprègnent très tôt, tout adulte peut en faire l’apprentissage sur le tard. Proche de l’empathie, cette perception subtile consiste à deviner les dispositions intérieures réelles de ses interlocuteurs (pensées, émotions, sentiments) et saisir les enjeux d’une situation (objectifs cachés, intérêts personnels, injonctions externes). Dans son ouvrage, Nunchi. Connectez-vous aux autres (Eyrolles), publié en avril 2024, la psychologue du travail Déborah Romain-Delacour explique comment le développer, et quels résultats obtenir.

1. Privilégier la neutralité

Lorsqu’on entre dans une pièce, avant même d’observer son environnement, il s’agit de se débarrasser d’idées préconçues et autres attentes que l’on peut avoir en tête. Objectif ? Ne pas biaiser les premiers ressentis d’une situation ou les premières impressions d’une personne. Cette posture d’esprit permet d’appréhender un contexte de manière neutre et ainsi d’optimiser ses chances d’en faire une interprétation juste. « Les stéréotypes permettent aux êtres humains de décoder facilement et rapidement le monde. Ils facilitent leurs prises de décisions, mais sont parfois erronés, voire discriminatoires. L’idée est de faire son auto-analyse pour comprendre pourquoi nous jugeons certaines personnes, et ainsi adopter des schémas de pensées plus neutres, d’utiliser davantage son intuition que son mental », explique l’autrice.

2. Observer patiemment

Ensuite, lors de la phase d’observation, il s’agit de « regarder patiemment l’autre dans toutes ses dimensions, ainsi que le contexte dans lequel la relation s’inscrit », développe la psychologue du travail. Et pour cela : le silence est d’or. Car l’observateur obtient davantage de réponses à ses questions en écoutant plutôt qu’en parlant. Ce retrait choisi permet d’analyser le langage non verbal : « Il faut être attentif à la posture, les mimiques, les vêtements d’un individu. Cette observation doit être régulière, car on peut s’apercevoir d’un changement de comportement dans le temps. Personne ne peut tout contrôler. Des traits de personnalité et des émotions finissent par transparaître », poursuit l’autrice. Ce processus d’observation doit se faire de manière discrète. Des regards trop insistants pourraient être mal perçus. Avec subtilité, cette posture créera un sentiment de calme et de stabilité auprès des autres.

À noter que, pour parvenir à la plus fine des analyses dans un monde ultra-connecté, il est important de savoir par moment : mettre son téléphone dans sa poche et relever la tête. Sinon, la capacité à observer est mise à mal pour deux raisons simultanées : les échanges virtuels ne permettent pas de scruter le langage non verbal de son interlocuteur et empêche d’être attentif à ce qu’il se passe autour de soi.

3. Communiquer habilement

Une fois la situation analysée, grâce à la vue et l’ouïe, alors la personne nunchique pourra utiliser le troisième sens qu’est la parole pour échanger avec son entourage. Voire émettre un avis. Le temps accordé à l’observation lui permettra de communiquer et d’agir de manière judicieuse : avec la bonne approche, le bon ton, les bons mots, la bonne réaction en fonction des uns et des autres. « Il suffit parfois de respecter des règles de base comme ne pas couper la parole de son interlocuteur, ne pas lui donner de conseils afin qu’il trouve les solutions par lui-même, ne pas interpréter ses propos, répartir équitablement la parole entre plusieurs membres d’un groupe », précise Déborah Romain-Delacour. Si cette compréhension de l’autre n’est pas parfaite, le fait de lui apporter de la considération évitera de potentiels conflits.

4. Entretenir des relations qualitatives

Cet outil relationnel peut être utilisé au travail ou dans la sphère privée. Dans une démarche purement altruiste (valoriser autrui, ne pas le blesser) ou de manière plus stratégique pour cerner la personnalité d’un collègue ou d’un patron afin d’en obtenir les faveurs. Dans les deux cas, la posture nunchique aura une influence positive sur les relations interpersonnelles. Des liens plus authentiques, enrichissants et durables en découleront. Car « si tout le monde cherche à détecter les besoins de l’autre, alors, c’est un collectif tout entier qui se porte bien », note l’autrice. À l’inverse, il permet de percer à jour les mauvaises intentions et attitudes trompeuses d’une personne, et ainsi de s’en éloigner. Au moins temporairement. Car, en cas de faux départs ou de guerre froide avec un individu, l’observation permanente permettra de réévaluer le jugement porté à son égard. Au travail, c’est le terreau d’un environnement harmonieux.

5. Renforcer l’estime de soi

À titre personnel, la contemplation active des autres renforce la propre estime de soi. « Nous ne pouvons pas nous sentir bien dans notre peau, si nous ne sommes pas bien avec les autres. Les relations positives que nous entretenons avec notre entourage nous renvoient une image positive. Plus il y a de personnes qui appliquent ce précepte, mieux c’est. Imaginez à l’échelle de tout un pays. » C’est pourquoi, les parents coréens estiment que le « Nunchi » est aussi important que d’apprendre à leurs enfants à traverser la route.

Ajouter un commentaire

Votre adresse IP ne sera pas collectée Vous pouvez renseigner votre prénom ou votre pseudo si vous êtes un humain. (Votre commentaire sera soumis à une modération)