Entreprise

Le télétravail intensif isole les cadres

Alors que les salariés l’appellent de leurs vœux, le télétravail ne rend pas forcément plus heureux. Selon la Dares, ceux qui le pratiquent régulièrement, en majorité des cadres, se sentent ainsi isolés, travaillent plus que les autres, et ont deux fois plus de chance de tomber en dépression.

 

“Le télétravail bénéficie d’une bonne image auprès des salariés, car il permet de réduire les temps de trajets et la fatigue associée. Mais les télétravailleurs intensifs (2 jours ou plus par semaine) travaillent plus que les autres ; en moyenne 35 minutes de plus par semaine, le soir ou le samedi. Le risque, pour eux, est une désynchronisation des horaires par rapport au reste de l’équipe”constate Amélie Mauroux, adjointe au chef du département “Conditions de travail et santé” à la Dares, qui vient de publier une étude sur le travail à distance des cadres.

 

Isolement et insécurité économique

Selon le rapport de l’institut statistique du ministère du Travail, les cadres (souvent dans l’informatique ou la télécommunication) représentent 60 % des télétravailleurs réguliers. Parmi eux, 11 % ont fait du télétravail au moins une fois par semaine en 2017, contre 3 % de l’ensemble des salariés. Ils sont “plus fréquemment” basés en île-de-France, ou dans des aires urbaines denses, où les temps de trajet domicile-travail sont longs.

À satisfaction égale avec leurs collègues, outre le fait de travailler plus, parfois jusqu’à 50 heures par semaine, ils font aussi état d’un sentiment d’isolement.

“Ils déclarent manquer plus souvent d’aide de la part de leurs supérieurs hiérarchiques ou de leurs collègues, ainsi que d’informations claires et précises”, explique Amélie Mauroux.

Enfin, les cadres “évoluent dans un environnement professionnel plus instable, ce qui peut accroître le sentiment d’insécurité économique”, indique la Dares.

Ainsi, 1 télétravailleur “intensif” sur 5 travaille dans un établissement qui a connu un plan de licenciement au cours des 12 derniers mois.

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Télétravail ne rime pas avec bonne santé

Selon l’étude, les télétravailleurs intensifs “se déclarent aussi en moins bonne santé” et présentent des risques dépressifs 2 fois plus importants que les non‑télétravailleurs.

“Il n’est toutefois pas possible de savoir si cet état de santé dégradé préexistait à la mise en place du télétravail et aurait pu motiver cette pratique ou, à l’inverse, si le télétravail aurait pu jouer un rôle sur l’état de santé de ces travailleurs”, observe la Dares.

“Tout compte fait, les télétravailleurs ne sont ni plus ni moins satisfaits de leur travail que leurs collègues. Ils ne semblent pas bénéficier d’une meilleure conciliation vie professionnelle – vie privée. Au final, les avantages du télétravail semblent contrebalancés par une moins bonne santé et des conditions de travail plus défavorables”, conclut Amélie Mauroux.

 

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