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Le TGV redessine la carte des séminaires

Cet article est issu du dossier "Le tourisme d’affaires tutoie les sommets"

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À moins d’une heure trente de train de Paris, les villes régionales investissent massivement pour attirer les événements professionnels. Elles mettent en avant un accès facilité, une offre diversifiée et des prix plus abordables.

Les prix parisiens flambent, les salles de réunion doivent se réserver des mois à l’avance ou affichent complets ? Et si vous en profitiez pour aller voir ailleurs… Avec le TGV, il est facile pour les entreprises franciliennes de s’évader. Mieux, même en ajoutant le transport, il revient parfois moins cher d’organiser un séminaire dans les grandes métropoles régionales plutôt que dans la capitale tant les prix des hôtels et lieux événementiels y sont plus abordables. Avec, en bonus, le bonheur du dépaysement. 

À Lille (une heure de train), le quartier Euralille est le point de chute des entreprises, avec le centre de congrès et le Zénith gérés par Lille Grand Palais, mais aussi plusieurs hôtels à l’instar de Barrière (142 chambres, un théâtre et un casino). Ces dernières années, la ville a accueilli une ribambelle de nouvelles adresses trendy comme Mama Shelter, Moxy et Okko, faisant souffler un vent nouveau. Dans cette ville au patrimoine flamboyant, les agences (Génération Voyages, FXM Events, Lille Connect…) organisent des balades urbaines autour de la Grand Place, à pied ou à vélo, avec pour point d’orgue le Palais de la Bourse de style Renaissance flamande. Il ouvre ses salons « Grand Siècle » à des dîners stylés et un nouvel auditorium (305 pl.) permet même de joindre l’utile à l’agréable. Mais, pour goûter à la chaleur des Chtis, le must est encore de privatiser des estaminets dans le cœur historique. Les groupes y partagent une cuisine locale (carbonade flamande ou waterzoï) autour de jeux traditionnels. Ambiance assurée ! Le restaurant NŪ propose quant à lui une expérience plus branchée. Perché sur le toit d’un immeuble, il promet une vue à 360°. Cette capacité à faire du neuf avec du vieux essaime partout dans la métropole. À Roubaix, la piscine Art déco a été transformée en musée dès 2001, baptisé… La Piscine ! Il a encore poussé les murs en 2018 avec de nouveaux espaces, pour des réunions, cocktails et dîners décalés. Et, à Tourcoing, une ancienne usine textile – La Chaufferie – a été reconvertie en lieu atypique, avec une magistrale chaufferie trônant au milieu de la salle (350 pl.), un espace VIP aménagé dans les cuves à charbon et un rooftop.

Il faut compter 1 h 30 en TGV pour rejoindre Nancy. Dix ans après l’inauguration du Centre de congrès Prouvé, aménagé dans l’ancien tri postal (deux auditoriums de 850 et 300 places, 13 salles de réunion, halls d’exposition…), la ville s’est imposée comme une destination de choix pour le tourisme d’affaires. En charge de la gestion de l’équipement et du Parc Expo, Destination Nancy met en avant sa forte démarche RSE. Depuis 2018, l’organisme est certifié ISO 20121, la norme de référence en matière d’événementiel responsable. Et, depuis 2022, la ville arbore le label « Destination Innovante Durable » qui valorise ses efforts en matière de développement durable (tri des déchets, restauration responsable, sobriété énergétique…). À la recherche de lieux inspirants, les entreprises apprécient le riche patrimoine mêlant la place Stanislas classée à l’Unesco et les édifices Art nouveau, dont Nancy est le berceau. Les grands salons de l’Hôtel de ville, le palais du gouvernement ou l’Opéra national de Lorraine accueillent réunions et réceptions (jusqu’à 200 pers.). Plus insolites, les anciens abattoirs abritent désormais l’Octroi-Nancy dédié aux expérimentations créatives et dont la grande halle accueille des événements. Ce patrimoine brille encore plus fort avec la Villa Majorelle récemment restaurée. Icône de l’Art nouveau, elle ne se privatise pas, mais des visites exclusives y sont organisées. Alors que Nancy Thermal (en plein centre-ville), inauguré en 2023, accueille les congressistes après le travail dans ses espaces aqualudiques et wellness.

Pas de TGV pour rejoindre Orléans, mais 1 h 10 de voyage en train classique. C’est la promesse de rejoindre les rives de la Loire sans stress. Avec le CO’Met, le nouveau site géré par Orléans Events (filiale de GL Events) combinant une Arena, un parc des expositions et un palais des congrès, la capitale du Centre-Val de Loire ambitionne de devenir une destination majeure de tourisme d’affaires. Porte d’entrée de la Sologne, elle met en avant un centre historique rénové et libéré des voitures et compte sur son dynamique tissu économique boosté par plusieurs pôles de compétitivité (énergies nouvelles, Cosmetic Valley avec pour fer de lance Dior) pour séduire. Côté hôtellerie, Accor règne en maître avec notamment le nouveau Novotel Centre Gare aménagé dans un ancien cinéma (72 chambres, salle pour 30 pers.) ou le Novotel Chemins de Sologne Demeures de Campagne caché dans un vaste parc au sud de la ville (121 chambres, 14 salles jusqu’à 180 pers.) pour les entreprises en mal de chlorophylle. Plus largement, la nature sert d’écrin aux réunions professionnelles. Spécialisé en horticulture, le campus La Mouillère ouvre ses salles de classe aux séminaires. De son côté, caché dans un parc de 20 hectares, le Domaine de la Fontaine a ajouté une serre à son orangerie pour mieux accueillir les entreprises. Après le travail, navigation sur la Loire et team building en canoé-kayak, sortie naturaliste dans les forêts de Sologne et survol en montgolfière contribuent à fédérer un groupe, loin de l’ambiance stressée de Paris.

Travailler dans un parc de loisirs…

Si le grand public adore les parcs de loisirs, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à y organiser des événements. En un même lieu, elles trouvent des salles de réunion pour réfléchir, des hôtels pour se détendre, des lieux et activités pour s’amuser. Tout est possible : une réunion s’achevant par un accès libre au parc, un congrès de plusieurs milliers de participants, des teams buildings ou des soirées au milieu des attractions, et même une privatisation partielle ou totale. Disneyland Paris a montré la voie avec ses équipements XXL. Les autres grands parcs lui ont emboîté le pas. Engagés dans de vastes plans de développement, le Parc Astérix (à quelques kilomètres de Roissy) et le Futuroscope (Poitiers) ont ouvert des centres de convention intégrés et de nouveaux hôtels thématisés. Même stratégie offensive au Puy du Fou (Vendée) qui a inauguré en 2020 le Théâtre Molière (un palais des congrès équipé d’un amphithéâtre de 500 places). Les parcs animaliers ne sont pas en reste. Le ZooParc de Beauval (Loir-et-Cher) dispose de trois hôtels et plusieurs salles de réunion… pour phosphorer avec les pandas !

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