Encore balbutiant voici quelques années, le marché société des deux-roues se structure et prend de l’ampleur. Décryptage d’une montée en puissance.
En matière de transports individuels, la voiture occupe toujours une place centrale dans le budget des entreprises. Néanmoins, face à l’engorgement des centres urbains, le deux-roues commence à gagner ses galons. Un développement logique dans notre pays qui reste, et de loin, le premier marché européen des scooters et motos de 50 cm3 et plus avec 141 123 unités écoulées en 2015. La rapidité de ce type de véhicule, qui permet de se jouer des embouteillages et des interdictions qui frappent l’automobile, séduit de plus en plus. “Il y a une demande croissante de mobilité de la part des entreprises. Les difficultés de stationnement et de circulation grandissantes dans les grandes villes les poussent à se tourner vers le deux-roues”, explique Nathanaëlle Heinrich, directrice des ventes de BMW Motorrad France.
Sur les pas de la voiture de société
Pour les entreprises, les deux-roues offrent des avantages financiers évidents par rapport aux voitures. Sur le plan fiscal, ils ne sont en effet pas soumis à la TVS, au malus écologique ou encore au plafonnement de l’amortissement déductible. Ils sont également plus économes en carburant grâce à leur masse réduite. Nul besoin d’expliquer au gestionnaire de flotte le coût épargné et le temps gagné en matière d’obligations administratives. Les constructeurs de deux-roues s’engouffrent naturellement dans la brèche même si c’est un phénomène très récent. “Le marché est naissant”, poursuit Nathanaëlle Heinrich. “Il représente 15 % de nos ventes totales alors que nous sommes parmi les constructeurs les mieux implantés en entreprise. Pour l’instant, nos clients sont en très grande partie des TPE et PME, mais il y a désormais une demande de la part des grands comptes”. Face à cet appétit nouveau, les marques mettent en place des stratégies commerciales inspirées de l’automobile. La plupart offrent désormais des formules de location longue durée adaptées. Elles sont d’ailleurs élaborées avec des grands loueurs bien connus tels qu’Alphabet partenaire de BMW ou encore ALD qui s’est associé avec le constructeur le plus diffusé sur le marché français, Yamaha. Le marché obéit aux mêmes critères que dans l’automobile : les notions de coût total d’utilisation, de valeur résiduelle et de loi de roulage sont tout aussi déterminantes.
Un marché de niche
Si les deux-roues présentent des avantages indéniables par rapport à l’automobile, ils n’ont naturellement pas vocation à la remplacer. Ces véhicules n’offrent évidemment pas la même polyvalence sur les longs trajets et posent d’évidents problèmes de sécurité, les statistiques d’accidentologie étant nettement supérieures. C’est ce qui explique que les sociétés se tournent vers les produits les plus sécurisants dont l’offre s’élargit constamment. Les scooters à trois roues, réputés plus stables ou les modèles équipés de l’ABS sont les plus demandés. Les constructeurs essayent bien entendu de rassurer en proposant des solutions de formation à la conduite. L’autre point faible de ces engins concerne l’entretien, en général bien plus exigeant que sur les automobiles. C’est pourquoi les contrats de location intègrent d’office ce service afin de s’assurer une bonne valeur de revente. On l’aura compris, le deux-roues n’apporte pas une réponse universelle aux besoins des entreprises. Parmi les solutions de mobilité de plus en plus nombreuses qui s’offrent à elles, il s’agit cependant de l’une des plus séduisantes.