Selon le dernier baromètre de perception de l’égalité des chances du Medef, l’âge et le sexe demeurent les principales craintes de discrimination des salariés. Mais l’origine sociale commence à devenir source d’inquiétudes.
Élaboré avec Kantar TNS, le 8e “Baromètre national de perception de l’égalité des chances” (1) du Medef offre un panorama complet des préoccupations des salariés en matière de discrimination en entreprise, ainsi que de leurs attentes.
“C’est aussi l’occasion de détecter et de mesurer des signaux faibles, annonciateurs de problématiques émergentes”, indique Armelle Carminati, présidente de la Commission “innovation sociale et managériale” de l’organisation patronale.
En 2018, les craintes de discrimination des salariés concernaient principalement le genre et l’âge. Cette année, les collaborateurs, qui sont 89 % à considérer l’égalité des chances au travail comme importante, placent parmi les chantiers prioritaires permettant d’y parvenir, l’égalité salariale (54 %), l’égalité entre les femmes et les hommes (53 %), l’âge (40 %) et le handicap (35 %). Mais ils pointent aussi du doigt de nouveaux sujets : la diversification des profils (31 %), l’origine sociale (27 %), le lieu d’habitation (13 %) et la situation de parent isolé (11 %).
L’origine sociale, nouveau signal faible
Concernant leurs craintes de discrimination les plus importantes en entreprise, l’âge reste au sommet du podium (28 %). Mais le sexe, qui était l’année dernière à la seconde place, est désormais supplantée par “l’apparence physique” (21 %), et tombe à la 3e place (19 %). L’origine sociale est 6e (13 %), derrière le niveau / type de diplôme (15 %) et l’état de santé / handicap (16 %). Le lieu d’habitation (8 %) et la situation de parent isolé (7 %) ferment la marche.
En outre, si par genre, les peurs de discrimination ne sont pas les mêmes – le sexe prédomine chez les femmes (30 %), suivi par l’âge (27 %), qui est la première préoccupation des hommes (27 %) -, l’apparence physique (16 % chez les hommes, 26 % chez les femmes) et l’origine sociale (16 % chez les hommes) font bien partie des craintes majeures des salariés.
L’étude se penche aussi sur les “caractéristiques potentiellement stigmatisantes” en entreprise, selon les collaborateurs, et la première est “une origine sociale modeste” (19 %), avant le fait d’être senior (18 %) ou jeune (15 %).
“Le sujet de la crainte du déclassement et du sentiment de vulnérabilité économique est encore un signal faible, mais il s’agira probablement d’un sujet au cœur des débats l’année prochaine”, analyse Armelle Carminati. Depuis 2018, en parallèle de son groupe de travail sur l’égalité femmes / hommes, le Medef a constitué une commission de travail portant sur “l’ascenseur social”, les “inégalités de trajectoire” et la mobilité sociale.
Selon une récente étude de l’Insee, en 2019, 28 % des hommes occupent une position sociale plus élevée que celle de leur père et 15 % une position inférieure, quand 40 % des femmes occupent une position sociale plus élevée que celle de leur mère et 12 % une position plus basse.
“Mais 78 % des français ont aussi le sentiment de faire face à un ascenseur social en panne, et d’être déclassés socialement”, observe Dominique Carlac’h, vice-présidente du Medef. La solution ? “Un recrutement différent de la part des employeurs, faisant la part belle aux soft skills et aux compétences comportementales”, indique-t-elle.
L’étape des comportements
Globalement, les salariés français sont 76 % a attendre de leur entreprise des actions en faveur de l’égalité des chances, et leurs organisations ont déjà mis en place des campagnes de sensibilisation / formation en interne (31 %), des accords d’entreprise (26 %), ainsi que des chartes / labels (21 %).
“Les sociétés mènent désormais des actions très pragmatiques, et les managers sont volontaires. Mais nous arrivons désormais à une nouvelle étape, un point d’inflexion : celui des comportements. Force est de constater que les organisations butent aujourd’hui face à des stéréotypes ancrés et une culture pesante, qui peut parfois pousser certains salariés à partir”, constate Armelle Carminati.
Ainsi, selon le baromètre, les “blagues lourdes” arrivent en tête des “perturbateurs d’ambiance” en entreprise, et les phrases sexistes continuent à être fréquentes.
Pour Dominique Carlac’h, l’enjeu sera notamment de faire de l’égalité des chances un “élément de la chaîne de valeur et de la stratégie de l’entreprise”. Selon elle, les entreprises qui “agissent, notamment en créant des “commissions égalité / diversité”, et qui communiquent sur ce qu’elles font” pour réduire les inégalités au travail et les discriminations ont toutes, “quelle que soit leur taille”, vu leur image “considérablement rehaussée”.
(1) L’étude a été menée par TNS Kantar pour le Medef du 5 au 15 juillet sur un échantillon de 1004 personnes, représentatif de la population française salariée du secteur privé .