Selon le baromètre Expectra, les salaires des cadres n’en finissent pas de grimper. Un phénomène qui s’explique par le dynamisme de l’économie française en 2017, mais aussi par la “digitalisation” des entreprises. Les profils “numériques”, jugés rares, sont ainsi très recherchés, notamment dans des secteurs où l’on ne s’y attend pas, comme le BTP.
Les salaires des cadres augmentent pour la huitième année consécutive, mais il s’agit de la plus forte hausse depuis six ans. Selon le seizième baromètre Expectra, cabinet de recrutement spécialisé sur les “profils experts, agents de maîtrise et cadres”, la rémunération de ces derniers a crû de 2,7 % au premier semestre 2018, par rapport à la même période de l’année précédente. À titre de comparaison, en 2016 et 2017, les salaires n’avaient progressé que de 1,7 % en euros courants. En 2013, 2014 et 2015, les augmentations atteignaient respectivement 0,5 %, 0,9 % et 1,2 %.
D’après Expectra, qui a étudié 77 249 fiches de paie, le salaire médian des cadres s’établit (toutes filières confondues) à 44 720 euros en 2018. Pour Christophe Bougeard, directeur général du cabinet, “les effets du dynamisme soutenu de l’économie française en 2017 se font ressentir.” Ainsi, explique-t-il sur le site du groupe Randstad, dont son cabinet de recrutement est une filiale, “les cadres connaissent une situation de plein emploi et se retrouvent en position de force pour négocier.”
“La guerre des talents est déclarée”
Pour Christophe Bougeard, la “digitalisation” des entreprises, qui touche tous les secteurs, “renforce ce phénomène.” Ainsi, écrit-il, “les profils digitaux capables de maîtriser les outils numériques sont rares, ouvrant la voie à une surenchère des salaires.” Le DG d’Expectra n’hésite pas à parler, en ce qui concerne “certains profils”, d’une “guerre des talents, belle et bien déclarée”. Sur Twitter, François Béharel, CEO du groupe Randstad, confirme : “La pénurie des talents accélère la hausse des rémunérations des cadres en 2018”.
En ce qui concerne les cadres du digital, l’augmentation moyenne des salaires est de 2,7 % dans le secteur de l’informatique et des télécoms. Les spécialistes en architecture et sécurité des systèmes informatiques, très recherchés, voient leurs rémunérations grimper de 7,9 %. D’autres profils “très pointus” sont aussi fortement demandés, des développeurs d’applications et de logiciels aux spécialistes de “langages informatiques spécifiques”.
Des “chefs de projet marketing” convoités
Avec une hausse de +2,7 %, les salaires du secteur du commerce et du marketing progressent aussi “nettement, la tendance étant impulsée par la transformation numérique, de plus en plus prégnante sur ces métiers”. C’est le métier de “chef de projet webmarketing” qui connaît la plus forte hausse de salaire (+ 9,5 % contre + 5,5 % en 2017). “En effet, les entreprises peinent à recruter ce type de profil qui maîtrise les leviers du Web social et des outils digitaux pour accroître son niveau d’information, personnaliser l’expérience client et au final augmenter le volume de ventes”, peut-on lire dans l’étude.
En ce qui concerne la filière ingénierie et industrie, les salaires cadres ont augmenté de 2,6 % sur un an. “Cette dynamique est impulsée, entre autres, par l’intégration progressive des technologies de digitalisation des chaînes de production (industrie du futur ou industrie 4.0)”, explique encore Expectra.
Une “pénurie de profils”, aussi dans le BTP
Enfin, le BTP se démarque, avec la progression moyenne la plus élevée (+ 4,2 %) – “la plus forte évolution enregistrée sur les cinq dernières années”. Selon le cabinet, ces progressions de salaires s’expliquent par la croissance du secteur, mais aussi par sa digitalisation.
“Le recours de plus en plus fréquent aux engins de chantiers connectés nécessite des compétences spécifiques. Plus encore, les chantiers sont de plus en plus fréquemment modélisés numériquement pour optimiser les délais de construction. Sous l’impulsion du numérique, le secteur se complexifie et nécessite des compétences nouvelles et rares. Il existe une forte pénurie de certains profils”, conclut Expectra.