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Les salaires des cadres risquent d’être impactés par le Covid-19

Alors que le salaire des cadres restait stable l’année dernière, il ne devrait pas en être de même en 2020, sous l’effet de la crise du Covid-19. Selon une étude de l’Apec, la pandémie pourrait provoquer cette année une baisse de la rémunération des personnels d’encadrement.

“Le salaire médian des cadres s’est stabilisé à 50 000 euros en 2019 après une progression les années précédentes, mais la crise pourrait fragiliser cette dynamique”, observe l’Apec dans son “Baromètre de la rémunération des cadres”, publié ce mercredi 2 septembre 2020. Un constat qui contraste avec deux autres études publiées jusqu’ici sur le sujet.

Mi août, l’enquête Salary Budget Planning de Willis Towers Watson indiquait que les entreprises françaises prévoyaient de maintenir des enveloppes d’augmentations salariales en 2020, égales ou supérieures à 2,3 %. Quelques semaines plus tard, le baromètre Expectra montrait que les rémunérations des cadres poursuivaient leur progression malgré la crise. Avec un salaire médian s’établissant à 46 846 euros. Le directeur général du cabinet de recrutement mettait toutefois en garde contre le risque d’un “dynamisme en trompe l’œil”, les négociations salariales étudiées ayant eu lieu en début d’année, dans un contexte de plein emploi des cadres.

Si l’Apec reste tout aussi prudente dans ses prévisions, elle décèle de son côté les prémisses d’une baisse inédite de ce salaire médian en 2020.

“La crise économique a d’ores et déjà un impact visible sur l’emploi des cadres, mais elle aura aussi certainement un impact sur leurs rémunérations. Alors que l’on assistait depuis plusieurs années à une hausse constante des salaires des cadres, plusieurs phénomènes vont remettre en question cette dynamique : un ralentissement des progressions en NAO (négociations annuelles obligatoires), la chute des variables liés aux résultats, et le ralentissement prévisible de la mobilité externe”, explique ainsi Gilles Gateau, directeur général de l’Apec.

 

Les rémunérations variables, premières concernées

Selon l’étude de l’association, menée auprès de 16 000 cadres en mars 2020 et croisée avec les données de l’Insee, les rémunérations variables seront les premières touchées par le ralentissement économique généré par la pandémie de Covid-19. En 2019, 1 cadre sur 2 disposait d’une part variable dans sa rémunération, soit 10 points de plus qu’il y a 10 ans (prime sur objectif, commission sur le CA, etc.).

Deux populations sont particulièrement concernées par la baisse attendue des composantes variables de la rémunération : les commerciaux, dont près des trois quart des cadres en avaient bénéficié en 2019, et les salariés de grandes entreprises, qui profitent habituellement d’une forte épargne salariale.

“L’impact de la crise devrait se ressentir en particulier sur l’intéressement et la participation, dont les montants dépendent des résultats des entreprises. En 2019, un cadre sur 3 avait bénéficié de l’intéressement et de la participation”, observe ainsi l’Apec.

Selon l’organisme, l’épargne salariale devrait être “moindre” en 2020.

 

Les jeunes cadres seront les plus impactés

Selon l’étude, les moins de 30 ans seront les plus impactés. “Habituellement, dans une conjoncture favorable, les cadres en début de carrière sont les plus nombreux (1) à bénéficier d’une hausse de leur rémunération au sein de leur entreprise ou lors d’un changement d’employeur. Mais sous l’effet de la crise, les plus jeunes, qui sont aussi les plus mobiles, pourraient être moins nombreux à bénéficier d’une évolution salariale dans le cadre d’une mobilité externe”, analyse l’Apec. Dans ce contexte, la mobilité interne, en changeant de poste au sein d’une même entreprise, “pourrait être perçue comme une alternative, même si, dans ce cas, la hausse de la rémunération reste plus limitée que suite à un changement d’entreprise”, ajoute l’association.

Enfin, l’augmentation du nombre de cadres passant par une période de chômage pourrait aussi “affecter leurs rémunérations”, indique le baromètre.

Ainsi, “si le marché de l’emploi cadre était très dynamique jusqu’en 2019, avec un taux de chômage de 3,4 %, la crise de 2020 devrait entraîner son augmentation. Dans ce contexte, les cadres qui seraient au chômage pourraient rencontrer davantage de difficultés pour retrouver à la fois un emploi cadre et un niveau de salaire équivalent à leur emploi précédent”, conclut l’Apec.

 

(1) En 2019, 62 % des cadres de moins de 30 ans ont connu une augmentation (contre 38 % pour les + 50 ans) et 78 % de ceux ayant changé d’entreprise ont été augmentés (versus 54 %).

 

 

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