Selon une vaste étude de la Fabrique Spinoza, l’espace de travail est un “levier de QVT”, mais aussi de performance pour les collaborateurs et leur entreprise. Afin de créer des lieux “positifs” et “optimaux”, le think tank émet plusieurs pistes à suivre, notamment celle de “l’activity-based office”. Une proposition qui est déjà au cœur des réflexions en cette période de pandémie.
La crise du Covid-19 a poussé les entreprises à repenser leurs locaux et leur organisation. Mais plus généralement, le fait de réfléchir à l’agencement des espaces de travail est essentiel en matière de QVT. “Les espaces de travail sont plus que de la décoration. L’espace est à la fois dispositif, cadre, scène et intermédiation… L’espace impacte autant l’espèce que l’espèce impacte l’espace. Il est donc un véritable levier de Qualité de Vie au Travail”, constate ainsi la Fabrique Spinoza dans une étude, intitulée “Nouveaux espaces de travail et expérience collaborateur”.
Les espaces de travail jouent sur la performance de 94 % des salariés
Dans son enquête, le think-tank décrit le visage des nouveaux espaces de travail. D’abord, des bureaux traditionnels qui se sont transforment, pour des raisons d’attractivité des talents, de performances et d’épanouissement des collaborateurs, en flex-office ou en activity based-office. Ensuite, pour des raisons économiques (1) des espaces “alternatifs”, à cheval entre la maison et le travail : des tiers-lieux au coworking (bureaux partagés), ils permettent à “des personnes et des compétences qui n’ont pas forcément vocation à se croiser, de se rencontrer”.
Selon l’étude, 94 % des collaborateurs affirment que les espaces de travail ont un “impact” sur leur performance, 93 % des millenials ne veulent plus d’un bureau classique, et 55 % des Français ne souhaitent pas bénéficier d’un bureau individuel. Concernant le coworking, 71 % de ceux qui y travaillent ont déjà collaboré avec d’autres membres de leur espace.
Vers un environnement de travail à la carte, co-élaboré et modulaire ?
“La conception, la configuration et l’aménagement des nouveaux espaces de travail n’est plus une simple question esthétique, mais un outil de management et de stratégie, car ils peuvent permettre une expérience collaborateur plus heureuse et plus performante. L’espace est à la fois un dispositif de management, un cadre contrôlant et une scène où les acteurs du travail interagissent”, indique la Fabrique Spinoza.
Pour mettre en place un espace de travail “optimal”, favorisant la cohésion et l’engagement des collaborateurs, l’étude propose plusieurs pistes : un espace fonctionnel (comme l’activity-based office, un environnement de travail à la carte, que les salariés, par équipe, peuvent concevoir eux-mêmes, selon leurs besoins), modulaire (permettant une “adaptation du mobilier, y compris selon les moments de la journée”), respectueux de l’équilibre vie privée – vie professionnelle, interactif (avec des espaces dédiés aux échanges) et co-élaboré (“concerté plutôt qu’imposé”).
Pour concevoir un “espace de travail positif”, la Fabrique Spinoza propose enfin de suivre 7 principes : “accueillir et prendre soin du collaborateur ; instaurer un cadre de travail vertueux ; favoriser des liens humains positifs ; promouvoir un espace de travail digital vertueux ; adapter l’espace aux personnes et aux activités ; offrir un espace d’ouverture sur le monde, la planète et la vie personnelle ; et développer un espace de pouvoir partagé.”
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Environnements hybrides
Pour “permettre le soin du corps et de l’esprit” des collaborateurs, l’espace de travail “optimal” devrait notamment proposer une température idéale de 22 °C et du matériel ergonomique, mais aussi permettre une “reconnexion au vivant et aux sens” à travers des plantes ou des œuvres d’art, et “favoriser des liens humains positifs”.
Selon la Fabrique Spinoza, les entreprises ont enfin tout intérêt à s’ouvrir aux espaces “alternatifs” et à “hybrider” leur environnement. “Les frontières entre l’intérieur et l’extérieur de l’organisation s’effacent progressivement. Ainsi, Michel & Augustin ouvrent leurs portes à leurs clients-fans pour des soirées dégustation à leur siège ; Efficience accueille ses partenaires dans des bureaux partagés ; et les mutuelles veulent intégrer coworking et cafés associatifs dans leurs agences. Cette ouverture des espaces de travail sur le monde ouvre des opportunités économiques, et réimplante l’activité économique localement”, écrit le think tank.
“Il est urgent de se saisir du sujet des nouveaux espaces de travail, d’abord pour le bien-être des salariés, mais aussi pour tirer parti du formidable potentiel de performance pour les entreprises. Les ingrédients pour des espaces humanistes et optimisés sont clairement connus. Nous lançons donc un appel à toutes les organisations pour qu’elles transforment ou créent de meilleurs cadres de travail, plus proches des salariés. Les collaborateurs en ont véritablement besoin. Elles généreront ainsi épanouissement, confiance, sens, engagement et contribueront même ainsi à la redéfinition des territoires”, conclut Alexandre Jost, fondateur de La Fabrique Spinoza.
(1) Selon l’étude, le coworking et les espaces de travail “flexibles” représenteraient à lui seul 100 millions d’heures de déplacement économisées, 123 milliards d’euros de retombées économiques en France, et 13 % des emplois en 2030.