La principauté du Liechtenstein est un pays auquel on ne pense pas de prime abord pour faire carrière. Pourtant, les cadres diplômés avec de l’expérience peuvent trouver du travail dans différents domaines notamment l’industrie ou la finance. S’y établir sera en revanche beaucoup plus difficile d’où le fait que de nombreux travailleurs résident dans les pays limitrophes.
Enclavé entre la Suisse et l’Autriche, la principauté du Liechtenstein est le 6e plus petit État du monde avec une superficie de seulement 160 kilomètres carrés. î, explique Markus Buergler, chef de la division du marché du travail au Bureau des affaires économiques du gouvernement du Liechtenstein. Un territoire étroit et montagneux connu pour être très accueillant avec les capitaux. En juin 2015, la Commission européenne a classé le Liechtenstein dans sa liste noire des paradis fiscaux même si le pays s’est engagé à mettre fin au secret bancaire d’ici 2017. Le ministère des Affaires Étrangères (MAE) note d’ailleurs : “En raison d’une fiscalité attractive, le pays compte aujourd’hui 4 097 entreprises pour 36 838 habitants, soit 1 entreprise pour 9 habitants” (1). Et il attire donc beaucoup de personnes en recherche d’emploi. “Au Liechtenstein on compte 36 000 travailleurs qui habitent ici ou qui sont des étrangers. Tous les jours, plus de 10 000 d’entre eux viennent de Suisse, 8 000 d’Autriche, et 600 d’Allemagne, précise Markus Buergler. Dans notre pays, on ne recense pas beaucoup de Français. Chaque jour, 80 travailleurs français viennent ici dont 46 depuis la Suisse, 28 depuis l’Autriche, 1 depuis l’Allemagne et 6 d’autres pays.”
Les ingénieurs et les auditeurs sont recherchés
Si le pays attire autant, c’est que les indicateurs sont au vert. Selon le MAE : “Le Liechtenstein jouit d’une situation économique remarquable : il possède notamment l’un des plus hauts PIB par habitant au monde (169 540 CHF, soit environ 161 272 euros) et l’un des taux de chômage les plus bas (2,3 %)” (2). Le chef de la division du marché du travail le confirme : “Il n’y a pas beaucoup de cadres qui cherchent un poste ici car il y a peu de chômage. Si on est diplômé et que l’on a de l’expérience on trouve un emploi.”
Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas la finance qui est le domaine d’emploi n°1 du pays. “L’économie est très tournée vers l’étranger. Le premier secteur d’activité est l’industrie manufacturière (près de 40 % du PNB) suivie du pôle de la finance grâce à une quinzaine de banques très stables et solides, spécialisées dans la banque privée et la gestion de fortunes. […] Étant donnée sa situation géographique, le Liechtenstein dispose avec le tourisme de sa troisième source de revenus. Enfin, l’agriculture traditionnelle de montagne s’est métamorphosée en un secteur moderne et prospère”(3).
Dans le détail, l’industrie du pays est performante notamment dans les domaines de la chimie, de la pharmacie, de l’informatique et de l’industrie dentaire (principal exportateur mondial de couronnes). “On recherche des ingénieurs pour travailler dans les entreprises spécialisées dans la construction et le bâtiment et des physiciens et chimistes pour le secteur dentaire, détaille Markus Buergler. Il y a ici de grandes entreprises emblématiques comme Hilti [une société qui produit et vend des outils destinés aux professionnels de la construction, ndlr] ou Swarovski qui fabrique des bijoux et objets en cristal. On trouve aussi des sociétés spécialisées dans l’alimentaire comme Hilcona ou Ospelt. Dans le dentaire, il y a aussi Ivoclare dentaire [l’entreprise vend des produits et systèmes pour les chirurgiens-dentistes et les prothésistes dentaires, ndlr].”
Coté finance, il ajoute que les profils de contrôleur de gestion, auditeur ou responsable conformité sont plébiscités au Liechtenstein. “Pour travailler dans la finance il faut être diplômé et avoir de l’expérience. Il faut aussi parler anglais”, précise-t-il encore. Enfin, dans les services, il explique que les experts de l’entreprise et de l’organisation sont recherchés.
Difficile de résider au Liechtenstein
Selon l’expert, les salaires sont plus ou moins les mêmes qu’en Suisse et le niveau de vie est similaire à ce dernier pays. Pour décrocher un emploi, il est aussi nécessaire de parler allemand, langue indispensable dans la vie quotidienne, même si dans les grandes entreprises internationales, la langue de Shakespeare est souvent majoritairement utilisée.
Il est également possible de trouver un emploi sur tout le territoire. “On travaille dans la finance plutôt à Vaduz mais dans l’industrie, c’est davantage à Schaan. On peut aussi exercer une activité à Triesen où se trouve la société Swarovski”, explique Markus Buergler. Au Liechtenstein, il précise que les Français n’ont pas besoin d’un permis de travail. “L’entreprise dans laquelle vous êtes dans le pays aura seulement besoin de vous déclarer. En revanche, il est beaucoup plus difficile d’y résider. Pour habiter au Liechtenstein, il faut être un manager de très haut niveau dans une grande entreprise du pays. C’est celle-ci qui déposera une demande aux autorités locales pour obtenir un permis de séjour. Il y a 33 % d’étrangers qui résident ici.” Autre solution pour y habiter, être marié avec une personne y résidant ou tenter sa chance à la loterie “Green Card” qui permet chaque année à environ 50 personnes, de nationalité d’un pays de la Communauté européenne et qui ont un travail au Liechtenstein, d’obtenir un permis de séjour. Il faut d’ailleurs noter que dans ce pays, la communauté française est de 90 personnes (4).
1 – Source : www.diplomatie.gouv.fr.
2 – Source : www.diplomatie.gouv.fr. Chiffres de 2012.
3 – Source : www.diplomatie.gouv.fr.
4 – Les 90 personnes sont celles de nationalité française qui habitent au Liechtenstein et qui sont inscrites auprès du consulat général à Zurich.