La Malaisie a besoin de recruter pour combler des pénuries dans certains secteurs. Mais le gouvernement souhaite privilégier l’emploi des autochtones. La clé est de savoir comment il faut se positionner, notamment en ne surévaluant pas ses prétentions salariales*.
Comme plusieurs autres pays d’Asie du Sud-Est, la Malaisie connaît une situation de quasi plein emploi. “Le taux de chômage est de 3 %, explique Elisabeth Laubel, PDG de All1KL, cabinet de recrutement et de placement situé dans le pays. Cette situation oblige la Malaisie à faire venir beaucoup d’ouvriers de faible qualification et un certain nombre d’étrangers qualifiés”, poursuit-elle. Mais attention, le gouvernement a une politique protectionniste. Ainsi s’y installer pour travailler est compliqué mais possible. Votre succès dépendra beaucoup de votre profil. “Obtenir un permis de travail est soumis à des conditions de compétences”, résume Mikael Setti, directeur général de Direct Malaisie (agence de tourisme et de consulting international pour les investisseurs étrangers) implanté en Malaisie. “Plus le profil du demandeur est technique ou lié au métier d’ingénieur, plus ses chances d’être accepté sont grandes. Dans tous les cas, il faut que la personne soit âgée de plus de 25 ans. L’entreprise concernée doit justifier son choix d’embaucher un étranger plutôt qu’un Malaisien. Mais les sociétés qui ont l’habitude de procéder à ce type de recrutement savent comment faire”, développe Elisabeth Laubel. De plus, il faut au minimum détenir un bac + 3 pour pouvoir obtenir un permis de travail. Les recruteurs sont aussi friands de profils internationaux. “L’idéal est d’avoir déjà eu une expérience à l’étranger car les entreprises considèrent que ces profils sont plus adaptables”, explique la PDG de All1KL.
Multiculturalisme
La Malaisie recherche donc des profils qualifiés. Parmi les domaines qui recrutent, Elisabeth Laubel cite le secteur industriel, les transports, les infrastructures ainsi que les services aux entreprises et les biens à la consommation. “Dans ce dernier domaine, la situation est un peu paradoxale. Car les entreprises ont deux types de politique. Soit elles considèrent que les étrangers sont les mieux placés pour vendre des produits importés ou elles préfèrent embaucher des locaux. Cela dépend des secteurs”, explique-t-elle. Mikael Setti ajoute le secteur du pétrole. En ce qui concerne la rémunération, les expatriés ne gagnent pas forcément mieux. “Pour certains métiers les salaires sont plus élevés et pour d’autres non. Il ne faut surtout pas chercher à comparer mais plutôt se renseigner sur la valeur de chaque fonction. Si le candidat se positionne trop au-dessus du marché, sa candidature ne sera pas retenue”, ajoute Elisabeth Laubel. Elle rappelle également qu’en Malaisie “30 à 50 % des postes sont directement ou indirectement liés au secteur pétrolier qui en général propose des salaires élevés, même s’il peut parfois y avoir des surprises”. En revanche, la finance est beaucoup moins porteuse pour les étrangers. “C’est l’un des secteurs où le niveau de qualification des locaux est très élevé. Il est donc moins dans une situation de pénurie”. À noter que la maîtrise de l’anglais est indispensable et le malaisien un plus. Au niveau du management, il faut avoir en tête que la Malaisie est un pays profondément multiethnique où se côtoient notamment des Malais ainsi que des autochtones d’origines chinoises et indiennes. La religion d’État est l’islam mais en raison du multiculturalisme, le bouddhisme ou encore l’hindouisme sont aussi pratiqués par les locaux. Il est important de bien comprendre cette réalité pour saisir la particularité du pays et gérer ces différences au travail.
De Kuala Lumpur à Bornéo
D’un point de vue géographique, Kuala Lumpur est sans surprise l’un des principaux viviers d’emplois, ainsi que la vallée de Klang, un très important bassin économique situé autour de la capitale. Plus au sud, la zone de Johor Bahru est en pleine croissance et bénéficie de sa proximité avec Singapour. Ici, les opportunités se situent principalement dans le secteur industriel. “Il y a du travail mais les familles sont souvent un peu réticentes car ce n’est pas la zone la mieux aménagée du pays. Il y a du potentiel, surtout que la population malaisienne est peu mobile”, reconnaît Elisabeth Laubel. L’île de Penang et Ipoh peuvent aussi offrir des opportunités. C’est aussi le cas à Kuantan ainsi qu’à Kota Kinabalu et Kuching sur l’Île de Bornéo. D’un point de vue qualité de vie, la capitale serait aussi plus agréable à vivre que la plupart de ses consœurs asiatiques. “Kuala Lampur n’est pas surpeuplée, il y a de la place, contrairement à une ville comme Bangkok par exemple”, explique Mikael Setti. “Les infrastructures sont très bien développées”, ajoute de son côté Elisabeth Laubel.
Chaud et très chaud
“Les personnes se mélangent très facilement, il n’est pas difficile de s’intégrer ou de louer un logement”, s’enthousiasme Mikael Setti en parlant du pays où il s’est définitivement installé à la fin de l’année 2010. Si Elisabeth Laubel loue aussi la qualité de vie, elle note des changements. “Le prix de l’immobilier a beaucoup augmenté ces dernières années. Il se situe à peu près au niveau d’une ville comme Lyon”. À cela elle ajoute un poste de dépenses non négligeable pour ceux qui souhaitent venir s’installer en famille. “Les entreprises sont de plus en plus réticentes à faire venir les familles avec enfants car les écoles commencent à avoir un prix rédhibitoire. Il faut compter entre 700 euros et 1 600 euros par mois par enfant en fonction des écoles et pour un établissement de bon niveau”. D’un point de vue météorologique, la Malaisie jouit d’un climat tropical, ce qui pour les expatriés français peut être un argument de plus en faveur de la qualité de vie. Mais certains se lassent de cette perpétuelle chaleur. Mikael Setti vit bien cette météo mais il en plaisante quand même. “En Malaisie, il y a deux saisons, hot et hotter.”
* Article publié dans le numéro d'avril 2015 de Courrier Cadres.