L’année dernière, Matthieu Lartot a appris que le sarcome, qui est une forme très rare de cancer, pour lequel il avait été traité à l’âge de 17 ans, récidivait dans une forme encore plus agressive. Il a décidé de rendre publics sa maladie, son opération, son amputation, puis sa rééducation : « Parler du cancer en 2024 me semblait normal, d’autres l’ont fait avant moi, il n’y a pas de honte à être malade. »
Ce qui l’a le plus aidé pour traverser cette épreuve ? « Le soutien de mes proches, insiste-t-il. Je dédis mon livre aux aidants, ils ont une place qui n’est pas facile, mais ô combien importante pour la reconstruction de chaque patient atteint d’un cancer. Le soutien du grand public m’a aussi aidé. J’ai également fait des rencontres extraordinaires au centre de rééducation, ces personnes ont été indispensables. C’est l’aventure humaine la plus riche que j’ai vécue. Nous formons une communauté de destins. Enfin, le fait d’exercer un métier passion a été un moteur. J’avais deux mois et demi pour réapprendre à marcher en vue de la Coupe du monde de rugby, les médecins étaient pessimistes quant au délais imparti. Je me suis entraîné comme un sportif de haut niveau pour être de retour à temps. »
Matthieu Lartot revient dans cet épisode son expérience de la maladie : « Mon premier cancer à l’adolescence a forgé mon caractère, il m’a fait avoir un regard sur la vie différent par rapport à quelqu’un de bien-portant. Ce genre d’épreuve vous fait prendre des directions qui n’étaient peut-être pas les vôtres au départ, mais qui vous changent en tant qu’individu. J’ai tendance à dire, c’est un peu un de mes mantras, que j’ai appris à relativiser toutes les situations. C’est ma philosophie de vie, que j’ai toujours en tête et qui m’aide à être résilient. Je réfute le terme de courage en ce qui concerne le cancer, quand on vous annonce la maladie et que cela vous tombe dessus, il y n’y a pas le choix. En revanche, la détermination et la résilience font partie de mon caractère. »
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Vous entendrez aussi dans cet épisode du podcast « Good Job » un extrait du TedX de Théo Curin, nageur handisport, athlète mais aussi mannequin qui a, lui, été amputé des jambes et des bras, ainsi qu’un passage du livre Nos résiliences d’Agnès-Martin Lugand qui raconte la vie d’Ava dont le mari, Xavier, est hospitalisé après un accident… « Je rends hommage à mon épouse qui a été admirable dans cette période, elle s’est retrouvée seule dans notre quotidien, avec nos enfants, confie Matthieu Lartot. Car il y a la place de l’aidant à côté du malade, mais il y a aussi tout le reste à accomplir : la vie à la maison, la scolarité des enfants… Il y a tout ça à mener de front, la charge mentale est décuplée. »
Ce n’est pas toujours évident de savoir quoi dire ou quoi faire face à un collègue touché par la maladie ou le handicap. Ses conseils ? « Ce n’est pas facile en effet de trouver les bons mots, au bon moment, estime-t-il. Surtout que quand la personne revient, elle n’est plus tout à fait la même. Je pense qu’il y a une forme de richesse à traverser ce genre d’épreuve, on a un sentiment d’urgence à accomplir des choses. Personnellement, j’ai repris en mi-temps thérapeutique, à 50 % les trois premiers mois, je suis aujourd’hui à 80 % et j’ai comme objectif d’être à 100 % pour les Jeux olympiques. Quand je rentre d’un week-end à commenter des matchs, avec des déplacements, j’ai besoin d’une journée pour recharger les batteries et repartir. Il ne faut pas négliger la fatigue engendrée pour quelqu’un à mobilité réduite car cela demande des efforts supplémentaires. »
Matthieu Lartot répond enfin à la question d’Anne Ghesquière, invitée de Good Job #22, venue nous parler de connaissance de soi et de métamamorphose.
Retrouvez tous les épisodes du podcast « Good Job ! » ici : https://courriercadres.cosavostra.com/podcasts/good-job/
Crédit photo : © Aléxis Réau