Galvanisante si elle est réussie, une expérience managériale peut a contrario s’avérer dévastatrice si elle se solde par un échec ! Elle peut laisser de vraies séquelles et entraver le succès de nouveaux challenges professionnels. Comment y remédier ? Et si la formation professionnelle avait un rôle à jouer ? Par Anna Fortoul, responsable Executive MBA au sein de l’EM Normandie.
L’approche réflexive au cœur du MBA
Face à un échec managérial, les réactions sont souvent extrêmement divergentes : certains ignorent ces difficultés et attendent que “l’orage passe”, tandis que d’autres rompent avec leur passé et se reconvertissent. Pourtant, analyser ses actions, ses comportements peut être la clé des situations les plus complexes. Voilà pourquoi, certaines formations de haut niveau- pensons notamment aux MBA – sont maillées autour d’une approche dite réflexive. L’objectif est d’amener les professionnels en formation à revenir sur leurs expériences passées, à analyser leurs pratiques en portant leur attention sur eux et non sur le contexte afin de leur permettre de mieux se comprendre et accompagner leurs équipes. Et la démarche va encore plus loin qu’un état des lieux à un instant T : elle vise à installer les professionnels dans une dynamique permanente d’analyse critique afin qu’ils apprennent à ajuster leurs comportements et à asseoir naturellement leur rôle d’encadrement.
Une question de méthodes
Pour y parvenir, différentes méthodes pédagogiques se démarquent et, en premier lieu, celle basée sur l’intelligence collective. Le partage d’expériences entre les professionnels en formation, les intervenants et les équipes encadrantes permet de poser un nouveau regard sur son expérience professionnelle, de s’extraire de son ressenti personnel et de prendre de la hauteur sur les situations vécues. Cette confrontation – toujours constructive et bienveillante bien sûr – amène à se poser des questions fondamentales et à faire émerger des informations parfois oubliées pour les analyser et rendre certaines expériences et comportements intelligibles. Ce travail conduit à une meilleure appréciation des bonnes pratiques et des attitudes à adopter.
Briser les idées préconçues
Désapprendre pour apprendre est aussi un crédo de l’approche réflexive. Il permet de briser les idées préconçues, de sortir de son carcan pour s’enrichir de nouvelles connaissances. Par ailleurs, parce que faire un MBA nécessite un fort investissement personnel et une grande agilité pour jongler entre vie professionnelle, vie personnelle et formation, le participant se frotte en permanence à ses limites ; il est amené à prioriser ses choix, à donner du sens à ses actions et finit naturellement par mieux se connaître et étendre sa zone de confort.
Les participants doivent être les premiers moteurs
Les exemples attestant des vertus de l’approche réflexive ne manquent pas ! Citons ainsi celui d’un dirigeant d’une TPE, à l’époque totalement désœuvré, qui connaît aujourd’hui une expansion enviable grâce au changement radical de ses méthodes de management ou encore celui d’un dirigeant, en rupture de communication avec une partie de ses collaborateurs, parvenu à faire accepter des changements qu’il pensait impossibles auparavant. Toutes ces observations concourent à penser qu’adopter une telle démarche a un impact bénéfique durable, certains diront même irréversible, sur les pratiques de l’individu. Demeure cependant un point de vigilance : pour être efficace, cette méthode est à actionner avec précaution et à adapter à chaque personne. L’équipe encadrante joue ici un rôle clé ; elle se doit d’installer un climat de confiance pour favoriser l’exercice. Mais n’oublions pas toutefois que la formation ne peut qu’accompagner la démarche. Les participants doivent être les premiers moteurs dans cet apprentissage !
L’auteure
Anna Fortoul est responsable Executive MBA au sein de l’EM Normandie. (Crédit photo : Studio 101).
