Entreprise

Mobilité urbaine : les 4 enjeux clés en 2023 pour les entreprises

Pour répondre aux défis environnementaux et aux attentes des salariés, la mobilité urbaine s’adapte et devient multimodale, plus diversifiée, plus propre et plus partagée. Les nouveaux enjeux obligent les entreprises à repenser leur stratégie.

Développer le forfait mobilité durables

Doucement, le Forfait Mobilités Durables (FMD) trouve sa place. Lancé en 2020 et facultatif, il aurait été déployé dans 38 % des entreprises privées à fin avril 2022, selon le baromètre de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Un chiffre encore faible mais prometteur puisqu’il marque une progression de 12 points en un an. Surtout, 40 % des employeurs envisagent de l’adopter dans le futur. Concrètement, le FMD vise à encourager les salariés à utiliser des modes de transport durables (vélos, trottinettes, scooters, autopartage…) pour leurs trajets domicile-travail, à travers le versement d’un forfait défiscalisé et exonéré de charges sociales. Libre aux employeurs de définir, avec les salariés, les modes de transport autorisés. Selon le même baromètre, 93 % des entreprises l’ont ouvert au vélo et 56 % au co-voiturage. Mais seulement 13 % acceptent la trottinette, perçue comme trop accidentogène.

Pour convaincre les entreprises, plusieurs leviers sont actionnés, à commencer par le relèvement du plafond du FMD qui peut grimper jusqu’à 700 € pour les entreprises privées et même 800 € en cas de cumul avec le remboursement d’un abonnement de transport collectif. Depuis décembre, un décret relève également le montant pour la fonction publique, à 300 €. Par ailleurs, il convient de rendre plus simple la mise en œuvre. Parmi les entreprises qui ont déployé le FMD, 65 % disent en effet avoir rencontré des difficultés (cumul des dispositifs, gestion RH…). Enfin, il est nécessaire de continuer à communiquer sur ses avantages : au-delà d’accompagner les changements dans le cadre d’une politique RSE, le forfait est un moyen pour l’entreprise de valoriser sa marque et d’attirer de nouveaux talents.

Trouver le bon titre !

Entré en vigueur le 1er janvier 2022 pour encourager les modes de transports alternatifs à la voiture individuelle thermique, le Titre Mobilité complète le FMD et s’inspire du célèbre Titre Restaurant. Cette solution, qui se présente sous la forme d’une carte prépayée virtuelle, permet aux employeurs de prendre en charge tout ou partie des frais de transports engagés par leurs salariés. Libre à l’employeur de fixer le montant alloué, d’y inclure les offres rattachées au FMD mais aussi d’autres dépenses comme les primes carburants ou l’achat d’un vélo électrique. Selon une enquête réalisée par l’application Freenow dédiée aux mobilités (VTC, vélos, trottinettes…), 60 % des candidat(e)s épluchent désormais les avantages offerts avant d’accepter un poste. Le Titre Mobilité est l’un de ces avantages et pourrait à moyen terme détrôner la voiture de société, d’autant qu’une partie de la génération Z – qui représentera 27 % des actifs en 2025 – n’a pas le permis de conduire.

Ces arguments ont poussé Freenow à lancer, le 1er février dernier, sa propre carte dédiée au paiement de services de mobilités, qu’ils soient accessibles ou non via son application. « Les entreprises peuvent ainsi garder le contrôle sur les budgets alloués, tout en offrant de nouvelles options aux salariés. Il s’agit d’un réel avantage pour attirer ou retenir les talents« , explique Benjamin Giovanni, responsable grands comptes Europe. Cette nouvelle solution s’ajoute à celles de nombreux autres acteurs. Edenred entend reproduire le succès de son Ticket Restaurant avec son Ticket Mobilité, à travers une carte unique qui permet de régler les dépenses alimentaires et de mobilités. Et une multitude de start-ups, spécialistes des nouvelles mobilités ou des RH, ont pris cette voie depuis quelques mois, comme Betterway, Worklife ou Swile qui a fait son succès en dématérialisant les titres-restaurants et chèques-vacances.

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Rendre l’offre plus accessible

C’est l’un des enjeux forts des prochaines années. Il se matérialise avec le  » MaaS « , pour Mobility as a Service. Il s’agit d’une plateforme regroupant diverses offres (transports publics, taxis, VTC, engins partagés…) sur une même application pour smartphone ; le couteau suisse de la mobilité en quelques sorte ! De quoi séduire les entreprises à la recherche de solutions globales pour mieux gérer les déplacements tout en améliorant la vie de leurs salariés. Ainsi, la SNCF ambitionne de devenir un acteur majeur à travers son application SNCF Connect. Mais les bugs à son lancement, début 2022, témoigne de la complexité technologique : pas facile d’agréger une offre fragmentée entre divers opérateurs, disparate d’une ville à l’autre. D’autres transporteurs, comme la RATP avec son application Bonjour RATP, sont dans les starting-blocks. Mais ces solutions se limitent souvent à une agglomération, parfois un pays. Uber et Freenow travaillent à proposer une offre mondiale qui répond notamment aux besoins des voyageurs d’affaires, à travers Uber for Business et Freenow For Business. Quitte à surprendre ! Ainsi, après les vélos et trottinettes, Uber a intégré l’an dernier les taxis à son application, en complément des VTC qui ont fait son succès. De son côté, Freenow avance à grande vitesse, avec une offre disponible dans dix pays européens et sept villes françaises. Après l’intégration à son application de plusieurs opérateurs (autopartage avec Sharenow et récemment Zity, vélos et trottinettes avec Dott, Tier et Voi, scooters avec Cooltra…), la plateforme a ajouté les taxis indépendants (à Paris) depuis quelques mois. Prochaine étape : l’intégration des transports publics. Disponible en Allemagne, cette option devrait être proposée en France courant 2023, avec la possibilité d’acheter des tickets ou de recharger un pass.

Partager pour mieux bouger

Le partage est une solution pour limiter l’engorgement des villes et réduire les émissions de CO2. Le vélo fait la course en tête. Selon une étude du spécialiste de la data Kantar, leur circulation dans les grandes villes du monde augmentera de 18 % d’ici à 2030. Au-delà, les regards se tournent vers les services de « free floating » (location et restitution d’un véhicule n’importe où dans la rue). Plusieurs leaders proposant vélos et trottinettes ont émergé en une poignée d’années, comme Dott, Lime ou Tier. Du côté des scooters, citons Cityscoot, Yego ou l’espagnol Cooltra débarqué à Paris en 2021. Les chiffres de la start-up Fluctuo, spécialisée dans le traitement des données de micromobilités en Europe, confirment l’engouement : +60 % pour les vélos partagés en 2022, +30 % pour les trottinettes et +10 à 15 % pour les scooters. « Mais cette croissance est liée en partie à l’augmentation du parc. En revanche, le nombre de trajets par engin plafonne« , analyse le PDG Julien Chamussy. De quoi faire craindre quelques nuages dans les prochains mois, à commencer par le débat sur la place des trottinettes. Bordeaux a réorganisé son offre avec deux opérateurs autorisés, Lyon a durci ses règles, Marseille s’énerve et les Parisiens ont voté contre les trottinettes en libre-service le 2 avril dernier. Autre difficulté : le coût de la gestion des batteries pourrait flamber avec la hausse des prix de l’électricité et mettre à mal un modèle fragile. « Certains opérateurs pourraient revoir leurs ambitions à la baisse et se focaliser sur la rentabilité plutôt que la croissance« , prédit Julien Chamussy. En parallèle, des concentrations ne sont pas à exclure ; tout comme pour l’autopartage, autre secteur économiquement incertain mais que les géants de l’automobile lorgnent avec gourmandise. Volkswagen s’est récemment emparé d’Europcar Mobility Group (et de sa marque d’autopartage Ubeeqo) et veut en faire un « fournisseur de mobilité leader ». De son côté, Stellantis (Peugeot, Fiat), déjà propriétaire de Free2Move, a racheté Sharenow, autre acteur majeur du marché. Et Renault parie sur Zity. La bataille de l’autopartage ne fait que commencer !

 

 

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