Ce n’est pas parce que l’on a atteint les plus hauts niveaux d’une entreprise que l’on a raison sur tout. Dans le monde du travail, les désaccords sont légion et naturels. Faire partie de l’encadrement ne signifie pas forcément être en symbiose complète avec sa hiérarchie.
Vision stratégique, politique commerciale, management, etc. : les sujets de dissension entre un cadre et sa hiérarchie sont nombreux. Dans ce type de situation, il paraît toujours plus aisé de garder son désaccord au fond de soi, pour ne pas se mettre en porte-à-faux ou ne pas aller au conflit. Mais cette manière d’aborder les choses ne peut être viable sur le long terme. Premièrement, c’est oublier que la confrontation des idées et les regards différents de chacun font l’enrichissement d’une entreprise. Deuxièmement, il n’est jamais bon de garder enfoui ses divergences d’opinion au risque d’exploser un jour. Enfin, vos propres équipes et votre supérieur pourraient finalement vous reprocher de vous être tu. Un manager doit savoir faire preuve d’un minimum de courage ! “Manifester une opinion contraire est une réaction adulte dans le monde du travail”, souligne Hélène Jacob, auteur du livre C’est qui le chef ?, paru chez Vuibert.
De l’art de s’exprimer
Être courageux ne veut pas pour autant dire être kamikaze. Pour Hélène Jacob, la source du désaccord modifiera l’attitude à adopter. “La première chose à faire est de ne pas réagir à chaud, en s’emportant, il faut prendre du recul pour analyser la cause : problème de fond, c’est-à-dire que l’on a des approches différentes, ou de forme, plus lié au caractère, à la manière de discuter”. Il arrive en effet que l’on se retrouve en conflit sur un sujet alors que l’on pense plus ou moins la même chose. “Lorsque l’on n’apprécie pas une personne, que l’on a déjà été en conflit avec elle, on va avoir tendance à poursuivre ce cycle”.
Interrogez-vous pour savoir si ce désaccord apparent est réel. S’il s’agit véritablement d’un problème de fond, annoncez à votre supérieur que vous ne partagez pas son avis, en expliquant de manière posée et pragmatique vos raisons. “On peut entre personnes intelligentes se mettre d’accord, trouver un compromis”, ajoute Hélène Jacob.
Une question de philosophie
Mais il arrive parfois que les divergences soient récurrentes. Faut-il alors quitter l’entreprise ? Cette fois, tout dépend de la taille de la structure : “Si vous êtes dans une PME avec un chef unique, cela peut traduire un problème de philosophie d’entreprise. Pour prendre les extrêmes, si l’on a soi-même des valeurs sociales et que l’on travaille avec un patron capitaliste qui ne pense qu’à l’argent, on va souffrir. Il vaut mieux se dire : ‘Mon bonheur est ailleurs’. Si l’on est dans une grande structure, avec plusieurs niveaux hiérarchiques, et que ce n’est pas une personne qui cristallise la philosophie de l’entreprise à elle toute seule, ce n’est pas forcément une solution de jeter l’éponge. Vous allez le vivre comme un échec. Vous pouvez soit tenter une médiation par le biais d’un collègue du même niveau que votre supérieur, ou bien, s’il a lui-même un chef, le court-circuiter et aller taper plus haut !” Une technique à n’utiliser bien évidemment qu’en dernier recours…