« S’engager dans la RSE », les entreprises ne sont pas contre, reste à savoir comment. D’autant que de nouvelles normes se font jour, suscitant à la fois leur intérêt et leur inquiétude. Elles ont ainsi plus que jamais besoin d’être accompagnées, d’où cette quatrième conférence du Cercle des entreprises engagées, consacrée, le 29 juin dernier, aux évolutions législatives et réglementaires pour une industrie verte, décarbonée et circulaire.
Alors que le projet de loi Industrie verte a été adopté en première lecture par le Sénat et va maintenant être examiné par l’Assemblée nationale, le Cercle des entreprises engagées (CDEE) a convié le 29 juin dernier un panel d’intervenants composé de professionnels précurseurs de la transition écologique dans leur filière, à commencer par Arnaud Leroy, ancien président de l’ADEME (Agence de la transition écologique), ex-député, directeur du développement durable, de la communication et des relations institutionnelles du groupe SPHERE, fabricant d’emballages ménagers. Participaient également à cette quatrième conférence du CDEE, Stéphanie Kerbarh, administratrice de sociétés, membre du conseil d’administration de l’Observatoire des Achats responsables (OBSAR), ex-députée et présidente du groupe d’études RSE, Yann de Feraudy, président de France Supply Chain et directeur général du groupe de cosmétiques Rocher, et enfin Nathalie Rey, directrice du Hub innovation Refactory de Renault Group. La soirée était animée, comme à l’accoutumée, par François-Michel Lambert, ancien député et fondateur de l’Institut national de l’économie circulaire (INEC).
Des normes qui inquiètent
Comme l’a souligné Yves de La Villeguérin, président du groupe Revue fiduciaire, en préambule des débats, selon une étude publiée fin 2022 par le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI) sur la transformation environnementale des ETI, près des trois quarts des dirigeants ont conscience que les enjeux environnementaux pourraient mettre en péril leur modèle d’affaires s’ils n’agissent pas et 57 % d’entre eux craignent que les normes viennent réduire ou encadrer leur activité. De fait, les textes se multiplient, tant au niveau national qu’européen (loi Climat et Résilience, directive européenne sur le reporting extra-financier ou CSRD…). Il faut aider les acteurs économiques à s’en emparer.
De son côté, Arnaud Leroy ne serait pas opposé à une « petite abstinence législative » : en effet, a-t-il expliqué, « les entreprises françaises sont d’ores et déjà soumises à un fort corpus réglementaire qui change très vite, est difficile à appréhender et requiert du temps pour s’y conformer. Sans compter que nombre de concurrents étrangers sont moins contraints par la loi. »
Un constat partagé par Stéphanie Kerbarh qui souligne une difficulté plus grande encore pour les petites structures à s’y retrouver dans ces superpositions de textes.
Le rôle clé des services Achats
Membre du conseil d’administration de l’Observatoire des Achats responsables, elle explique que la future loi industrie verte prévoit, entre autres, d’exclure des procédures de passation des marchés publics les entreprises qui ne rempliraient pas leurs obligations de publication de données extra-financières résultant de la transposition de la directive CSRD. « Il faut se préparer, dès à présent, à ces nouvelles exigences », estime-t-elle. L’OBSAR accompagne les entreprises et les acheteurs tant publics que privés dans leur démarche responsable via diverses ressources (vidéos, guides de bonnes pratiques…). Les services achats ont un rôle clé, aux yeux de l’experte, dans les performances RSE.
A lire aussi : Le comité RSE, un atout à ne pas négliger
« La supply chain aussi, d’autant que celle-ci représente 80 % du bilan carbone des entreprises, » a ajouté Yann de Feraudy, président de France Supply Chain. Et de préciser la nécessité d’adopter une démarche holistique, de bout en bout, du service achats, à la livraison, la destruction-consommation, voire jusqu’au recyclage. L’entreprise qu’il dirige évalue ainsi les risques sociaux, environnementaux, mais aussi ceux liés aux process dans les pays où sont situés ses fournisseurs, si besoin en menant des audits sur place, et décide le cas échéant de ne plus travailler avec ceux qui ne répondraient pas aux critères de son plan de vigilance.
Optimiser la circularité
C’est dans une semblable démarche globale que Renault Group s’est engagé à Flins, en confiant à Nathalie Rey les rênes du Hub Open Innovation de la Refactory, première usine européenne dédiée à l’économie circulaire de la mobilité. Objectif : reconvertir le site et les salariés en parallèle de l’arrêt progressif de la production de la Renault Zoe en développant de nouveaux projets qui génèrent de la valeur et de l’emploi ou encore qui aient un impact sur l’environnement. Prolonger la durée de vie des véhicules, favoriser le réemploi, le remanufacturing, le recyclage sont autant de pistes à l’étude avec, à terme, une mise en place à l’échelle industrielle.