À l’issue de la Journée internationale des droits des femmes, Fatine Dallet, directrice division ingénieurs au sein de Michael Page fait le point sur la place des femmes cadres dans l’industrie et pointe quelques avancées. Même si le chemin est encore loin pour atteindre la parité, notamment sur des postes de management opérationnel.
Quels sont les nouveaux métiers dans lesquels on tend vers la parité ?
Il est difficile de parler de métiers dans lesquels on tend vers la parité mais plutôt de fonctions vers lesquelles les femmes osent s’orienter un peu plus. Je pense notamment aux activités de fabrication, d’exploitation et de maintenance dans l’industrie mécanique ou l’industrie lourde. Dans ces environnements, les équipes à encadrer sont majoritairement masculines. C’est une prise de risque de positionner une femme dans le management, mais pourtant elles sont de plus en plus nombreuses.
Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Elles osent davantage s’engager dans ce type de carrière. Dans les écoles d’ingénieurs ou formations équivalentes, la mixité dans les populations d’étudiants est de plus en plus importante. On dénombre environ 30 % de sortants femmes alors qu’il y a encore quelques années, on approchait difficilement les 20 %. En conséquence, sur le marché du travail, la population féminine dans ces secteurs est plus importante. Néanmoins, elles restent plus nombreuses à choisir les métiers liés à la R&D, dans les bureaux d’études ou la gestion de projets qu’à se confronter au terrain, par exemple en usine. Pour les entreprises aussi, l’exercice est plus difficile car encore une fois l’environnement industriel est très masculin.
Quels sont les profils de femmes qui s’engagent pourtant dans ces métiers ?
Le monde de la fabrication, de l’exploitation et de la maintenance industrielle est un milieu qui est perçu comme très masculin où il faut porter des équipements de sécurité, cela peut être difficile pour les femmes de se projeter. Celles qui s’orientent vers des postes de management opérationnel dans cet univers ont une personnalité bien affirmée et ont persisté dans leur choix. Dans les grandes groupes, des programmes sont mis en place pour encourager l’installation de femmes à des postes de management. Cela passe par la visite dans des écoles d’ingénieurs pour présenter les différents métiers et mettre en avant les bonnes expériences.
Aujourd’hui, est-ce vraiment courant pour vous de recevoir des candidates sur ces postes ?
Oui, cela devient naturel, ça n’est plus étonnant comme c’était le cas il y a encore moins de dix ans. Mais il reste encore des entreprises dans lesquelles les postes de responsable maintenance, par exemple, sont occupés à 100 % par des hommes. Et comme il y a moins de femmes sur le management opérationnel, elles sont aussi moins nombreuses à continuer à évoluer. On dénombre moins de 10 % de femmes sur des postes de direction d’usine ou de directions industrielles. Il faut encore du temps pour les rencontrer sur des postes de top management orientés terrain, mais elles n’hésitent plus à contrer les idées reçues. Des efforts sont fournis par les entreprises pour accompagner ces femmes dans leurs carrières.