Où sont les cadres ? D’après le Baromètre de l’Apec du 3e trimestre 2022, les entreprises connaissent des difficultés de recrutement sans précédent. Et la situation ne devrait pas aller en s’améliorant…
Comment feront bientôt les entreprises si elles ne parviennent plus à recruter ? Car les chiffres font état d’une situation plutôt alarmante. D’après le Baromètre de l’Apec du 3e trimestre 2022, publié le lundi 29 août, 82 % des entreprises disent avoir rencontré des difficultés pour recruter des cadres au 2e trimestre 2022. C’est 13 points de plus qu’en début d’année. 84 % pensent que la situation perdurera au 3e trimestre. L’Apec fait état d’un « niveau encore jamais atteint » (avec + 30 points en comparaison à septembre 2020).
Les offres d’emplois publiées entre le 1er et le 2e trimestre sont en augmentation de 22 %. Au 3e trimestre, la tendance perdure avec + 20 % d’offres en juillet 2022 vs juillet 2021. L’Apec souligne par ailleurs que l’industrie est le secteur qui enregistre la plus forte hausse avec + 32 % d’offres à pourvoir, soit l’équivalent de 5000 postes.
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Recruter… Et après ?
Toutefois, l’Apec mentionne un léger fléchissement des intentions d’embauches de cadres, justifié notamment par un contexte de tensions générales suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En effet, 10 % des entreprises envisagent de recruter au moins un cadre au 3e trimestre, soit un recul de 3 points par rapport au 2e trimestre. Quant à celles qui ont concrétisé des embauches au 2e trimestre, elles expriment dans une large majorité (82 %) des difficultés après la prise de poste. Plus précisément, elles sont 38 % à juger les recrutements de cadres plus complexes. Aussi, pour Gilles Gateau, directeur général de l’Apec, même si ce contexte laisse présager une « menace sur le développement économique des entreprises », les entreprises doivent se saisir des solutions qui sont à leur portée :
« Il existe un vivier de compétences disponibles qui aspirent à travailler, par exemple parmi les seniors mais aussi chez les jeunes diplômés. Comprendre ces tensions, accompagner les entreprises à diversifier leurs critères de recrutement, réussir l’intégration des nouvelles recrues : ce sont des conditions sine qua non pour atteindre l’objectif du plein-emploi. »
Pourtant, pour les cadres interrogés en août 2022, le changement reste considéré comme une opportunité plutôt qu’un risque (pour 52 % d’entre eux). En effet, en France, la question du pouvoir d’achat est sur toutes les lèvres et les cadres ne font pas exception : ils sont 49 % à souhaiter augmenter leur rémunération. Aussi, avant l’été, 13 % des cadres envisageaient d’entreprendre des démarches actives pour changer d’entreprise. Espérons donc que l’éclaircie ne soit pas de courte durée et que l’inflation, liée à la préoccupation grandissante concernant les salaires, ne vienne pas complexifier une situation déjà épineuse pour les entreprises qui veulent recruter.